Le commandant Aminata Diabaté« Le comportement des Forces armées et de sécurité du Mali fait école »

Le responsable de la section Droits humains à l’état-major général des armées, le commandant Aminata Diabaté nous parle en toute modestie des missions et ambitions de sa section.

Lisez !

L’Indicateur du Renouveau : En tant que responsable de la section droits humains à l’état-major général des armées, quelles sont les missions de votre structure ?

Le commandant Aminata Diabaté : La section dont je suis en  charge est logée dans la Division Opération Maintien de Paix Droit International Humanitaire. Elle est chargée de la vulgarisation du droit international humanitaire, la diffusion des normes juridiques nationales et internationales relatives aux droits de la personne, l’interrelation entre les Forces armées et de sécurité et les populations civiles, la sensibilisation et la formation des militaires sur les droits et la protection des femmes et des enfants pendant les conflits armés. Ce sont là entre autres nos missions.

L’Indicateur du Renouveau : Parlez nous de la genèse de votre structure au sein de l’état major général des armées.

Le commandant Aminata Diabaté : Depuis 1995, l’état-major général des armées a intégré dans son mécanisme de formation le concept de droit international humanitaire en général en mettant un accent particulier sur le droit et la protection des femmes et des enfants pendant les conflits armés. Des efforts ont été consentis par les autorités militaires maliennes pour promouvoir ce concept du droit des conflits armés à l’endroit de toutes les catégories de personnel militaire. La section Droit  International Humanitaire a beaucoup contribué à la vulgarisation de ce concept.

L’Indicateur du Renouveau : Comment êtes-vous parvenu à de si bons résultats ?

Le commandant Aminata Diabaté : De 2003 à 2011, la section a organisé plusieurs séances de formation dans toutes les régions militaires et administratives du Mali. Passionnée des questions de droits humains en général et ceux concernant les femmes et les enfants en particulier, j’ai eu l’opportunité de progresser dans cette  branche et d’être associée à plusieurs programmes de vulgarisation sur les instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs au respect des droits humains par les éléments des Forces armées et de sécurité. Il faut saluer le courage de certains  acteurs ayant joué  un rôle très important dans la mise en œuvre de ce concept il s’agit entre autres : du Colonel Zoumana Kouyaté, Colonel Guindo et le Colonel Drahamane DIARRA.  

L’Indicateur du Renouveau : Quelles sont les activités menées par l’état-major des armées en rapport avec les organismes civils ?

Le commandant Aminata Diabaté : l’environnement des conflits modernes est complexe et demande une gestion multidimensionnelle et multidisciplinaire. C’est ainsi que le soldat cohabite et développe une synergie avec les organismes civils pour une meilleure gestion de ces crises. C’est dans ce cadre que des sessions de formation et de sensibilisation ont été organisées à l’intention du personnel militaire, toutes catégories confondues, et dans toutes les garnisons du Mali grâce à l’appui financier et technique des partenaires tels l’Unicef, Save The Childe/Suède et le CICR. Il faut rappeler que l’UNICEF a été d’un apport extraordinaire dans nos activités de formation et de sensibilisation en droit et protection des femmes et des enfants pendant les conflits armés. C’est le lieu de remercier tous ces partenaires pour leur appui constant durant l’exécution de notre programme.

L’Indicateur du Renouveau : Pourquoi les Forces armées et de sécurité tiennent tant au respect des droits de la personne ?

Le commandant Aminata Diabaté : Vous savez le Mali a ratifié les 4 conventions de Genève de 1949 sur le droit humanitaire, ainsi que de nombreux autres conventions et protocoles additionnels relatifs  aux droits humains. Il s’agit notamment de la Convention contre la torture, la Convention contre les pires formes de travail des enfants, la Convention des droits de l’enfant, le Protocole facultatif relative aux droits de l’enfant  en situation de conflit armé, etc.

De plus, le contexte actuel de la démocratie au Mali engage les autorités militaires à respecter et à faire respecter les engagements internationaux contractés par le Mali. Tout cela se décline dans le serment prêté par les officiers maliens. Les Forces armées et de sécurité se retrouvent investies d’une tâche délicate : veiller au respect des lois, règlements et décisions publiques en ayant constamment à l’esprit la non violation des droits humains. Depuis un certain nombre d’années, les autorités militaires sont résolument engagées dans cette voie.

L’Indicateur du Renouveau : Quelle appréciation faites-vous des atrocités dénoncées récemment au Nord Mali sur des femmes et des enfants ?

Le commandant Aminata Diabaté : Je déplore et condamne les nombreux cas de viols commis sur des femmes et des jeunes filles ; ainsi que toutes les autres formes d’atrocités perpétrées ces temps-ci au Nord du Mali. La guerre détruit le tissu social, politique et économique  de la société. Imaginez que vous perdez subitement un compagnon, un parent, un époux, une épouse et/ou un enfant, ou encore que vous soyez arraché brusquement à votre foyer, ou perdre votre gagne-pain, etc. La séparation involontaire et brusque d’avec les proches a valeur de dislocation de la cellule familiale.  Il n’est jamais facile de tout recommencer à zéro. Je pense que nous devons être sensibles en regardant ces populations innocentes qui traversent à pied des déserts arides ou risquent leurs vies pour atteindre un autre pays, dans l’espoir de trouver une vie meilleure, à l’abri de la violence et de la peur. Pour certains d’entre eux, le problème n’est pas d’être obligés de se déplacer. C’est l’impossibilité de se déplacer. D’autres parmi eux sont obligés de chercher refuge dans un pays étranger sans savoir s’ils reviendront encore chez eux.

En tant que femme, maman, épouse et sœur, je suis profondément touchée par cette situation. J’en suis d’autant plus interpellée que je fais partie des défenseurs de cette notion de droit. Je profite pour inviter vous de la presse et des médias ainsi que tous les communicants et les bonnes volontés à vous investir davantage pour l’éradication de ces fléaux.

L’Indicateur du Renouveau : Quels sont vos commentaires sur le comportement exemplaire des forces armées et de sécurité lors des présents conflits au nord du Mali ?

Le commandant Aminata Diabaté : Je crois que notre pays n’avait  jamais connu une telle atrocité. Je me félicite du comportement honorable adopté par nos hommes qui n’ont ni été cités dans des cas viols ni d’autres violations des droits de la personne en cette période de conflit dans le Nord Mali.

L’Indicateur du Renouveau : Qu’est-ce qui justifie la forte présence des forces armées et de sécurité sur des terrains humanitaires ?
Le commandant Aminata Diabaté : Comme vous le constatez, les Forces armées et sécurité sont présentes sur des terrains humanitaires pour faire découvrir une autre dimension du soldat autre que celle de l’utilisation des armes. En plus de la défense de l’intégrité du territoire national, qui est notre mission primordiale, le soldat doit une assistance aussi bien sécuritaire qu’humanitaire à sa population.

L’Indicateur du Renouveau : Votre mot de la fin…

Le commandant Aminata Diabaté : J’invite mes compagnons d’armes à rester derrière le drapeau tout en assurant la défense de l’intégrité territoriale et à respecter les droits des conflits armés, en particulier ceux des femmes et des enfants pendant les conflits armés. Quelle que soit la mission, les militaires entretiennent toujours des contacts avec les populations civiles. Ils jouent par conséquent un rôle fondamental et ont une image importante à promouvoir, celle de soldats citoyens, de soldats   modèles protecteurs des groupes vulnérables.

Propos recueillis par

Markatié Daou

Le Commandant Aminata Diabaté :

Cette femme officier qui compte

La hiérarchie aura certainement compris qu’il faut compter avec cette femme officier, qui n’a que pour plaisir le travail bien fait, pour apporter tout son soutien à sa mission de vulgarisation des conventions relatives au respect des droits humains et autres protocoles additionnels. Consciente de la justesse de la mission à elle assignée, Commandant Aminata Diabaté ne ménage aucun effort  pour atteindre les résultats escomptés.

 

L’ Indicateur Du Renouveau 25/04/2012