L’albinisme est une anomalie congénitale héréditaire caractérisée essentiellement par l’absence partielle ou totale de pigmentation de la peau, des cheveux et des yeux. Les personnes en souffrant sont malheureusement mal ou peu acceptées en Afrique et donc mises en marge de la société, dans le «meilleur des cas». En effet, elles sont hélas aussi parfois mutilées ou même carrément égorgées dans certains pays. Une véritable chasse aux sorcières contre laquelle se bat, jour après jour, l’une des plus grandes légendes de la musique africaine, Salif Kéita.
Être albinos en Afrique : une lutte quotidienne pour survivre
Dans certains pays comme la Tanzanie, le Kenya et le Burundi, naître albinos est une malédiction. Les albinos y constituent ainsi des cibles «de choix» dans la réalisation de rituels «magiques». Ces fausses croyances entraînent les pires horreurs : les albinos sont en effet régulièrement mutilés ou même carrément égorgés par des sorciers. Leurs membres et leur sang sont utilisés pour confectionner des prétendus porte-bonheur ou concocter des potions magiques censées apporter la réussite. Utiliser les parties intimes d’un albinos est par exemple censé apporter du pouvoir. En plus d’être victimes de discrimination, d’attaques et de mutilations, les albinos sont exposés à un risque accru de cancer de la peau et à des problèmes de vue. Leur existence prend ainsi la forme d’un véritable enfer sur le continent.
Un Noir dans la peau d’un Blanc
Albinos lui-même, Salif Keïta garde en lui les stigmates d’une enfance malheureuse remplie d’injures, d’humiliations, de frustrations et de mépris à cause de sa couleur. La mort de sa sœur d’un cancer de la peau et la naissance de sa fille, qui est aussi albinos, l’ont motivé à utiliser sa notoriété pour aider les victimes atteintes de cette maladie. Il se bat donc depuis une vingtaine d’années pour le respect, l’émancipation, l’insertion socio-professionnelle des albinos et pour la reconnaissance de leurs droits. À travers la Salif Keïta Global Foundation créée en 2005, le chanteur malien tente d’améliorer le quotidien des albinos dans le monde. Il prend en charge les albinos du Mali et de la sous-région en organisant des téléthons et en distribuant par exemple des tubes de crème solaire et du matériel scolaire aux enfants victimes de la maladie.
La Fondation paye également les frais de consultations ophtalmologiques et dermatologiques de certains malades atteints d’albinisme. «Comme tout être humain, les albinos ont besoin d’être aimés et considérés comme des personnes normales», a laissé entendre le chanteur malien. Son album, «La Différence», est dédié à toutes les victimes d’albinisme dans le monde.
Koumba MACALOU