Jeune Afrique- Iyad ag Ghali, leader d’Ansar Eddine, a choisi le média d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), al-Andalus, pour sa première apparition depuis 2012. La mise en scène est classique : drapeau salafiste et kalachnikov sont disposés de part et d’autre du Malien, qui se trouverait actuellement dans le nord du Mali, à la frontière algérienne.
Enturbanné, pas très à l’aise face à la caméra, il ouvre son monologue de vingt minutes par une forme d’aveu : « Nous avons sous-estimé la communication. » Son intervention doit corriger la « campagne de désinformation » dont Ansar Eddine ferait l’objet.
À travers cette vidéo, ce natif de Kidal, placé sous mandat d’arrêt international par Interpol en 2013, réaffirme fermement son appartenance à Aqmi. L’ancienne idole des séparatistes touareg, pour sa participation aux rébellions précédentes, avait pris part aux accords de paix de Tamanrasset en 1991, et d’Alger, en 2006. Cette vidéo, vraisemblablement tournée en juillet, durant le mois de ramadan, intervient alors que les groupes armés du Nord-Mali – et parmi eux d’anciens proches d’Iyag ag Ghali -, planchaient sur un accord de paix avec le gouvernement malien, à Alger. Est-ce une manière pour lui de sceller son « divorce » avec ses anciens alliés du HCUA ?
Dans la vidéo, publiée le 5 août sur Youtube, Iyad ag Ghali fait état des « exactions commises contre les Maliens » et affirme que le jihad est « une obligation légale ». Pour lui, les intentions françaises sont claires : « Spolier le Mali, un pays riche. » Quant aux siennes, elles restent les mêmes : « Mettre en place la loi de Dieu (la charia). »
Pour cela, l’ancien conseiller consulaire pour le Mali à Djeddah, en Arabie Saoudite, qui s’est aussi illustré comme négociateur dans les libérations d’otages, en appelle à l’unité contre les « occupants », et met en garde « les musulmans qui aident la France ». « Nous sommes toujours présents, et infligeons des pertes à l’ennemi », assène-t-il tandis que la vidéo projette des images de roquettes lancées dans le désert. Il rend enfin hommage aux combattants ailleurs dans le monde : Somalie, Centrafrique, Irak, Syrie… Son combat dépasse maintenant les frontières de l’Azawad.
Jeune Afrique- 2014-08-06 23:05:37