Une équation simple se pose : Qui pour succéder un jour à IBK à la présidence de la république du Mali. La bataille qui se mène pour le contrôle du parti RPM n’est qu’une étape dans cette guerre pour le pouvoir suprême. IBK souhaite faire de Karim Keita, son héritier et successeur politique. Bocari Tréta ne l’entend pas de cette oreille.
Si IBK et son clan ont l’appareil d’état avec eux comme atouts, Bocari Tréta qui n’est pas un gueux après avoir géré la CAMOPA (Cellule d’Appui Pour la Mise en Œuvre du Plan d’Action) et après avoir été plusieurs fois ministre a été et est l’homme-orchestre du RPM depuis sa création.
La politique est aussi un calcul
IBK fut jadis contraint de démissionner de la présidence ADEMA afin de pouvoir être candidat à la présidentielle et ainsi échapper à une primaire interne à L’ADEMA. Il a dans son aventure été suivi par Bocari Tréta alors secrétaire général de l’ADEMA. Tout le monde avait compris qu’en 2002, ATT allait gagner. Si Tréta n’était intéressé que par un poste de ministre, il serait resté à l’ADEMA, trahir comme beaucoup l’ont fait Soumaila Cissé, le candidat officiel. Treta serait dans ce cadre resté ministre au moins 5 ans. C’est suite à plusieurs trahisons que Soumaila Cissé est parti fonder son URD.
Tréta a décidé de suivre IBK. Il sait qu’il est cadet de neuf (9) ans de ce dernier et qu’après IBK ça serait lui.
Nous autres formés dans les universités Occidentales, avons le complexe, très souvent à juste titre, de mépriser les diplômés de l’URSS. Or, Tréta bien que docteur moscovite se relève être un fin tacticien. L’homme est fin politique. IBK qui se croit investi de droit divin a méprisé les cadres RPM en nommant à ses côtés d’arrivistes collaborateurs du genre Mamadou Bakary Sangaré, Maitre Kassoum Tapo, Ibrahim Traoré, son directeur de cabinet. IBK dit chaque fois qu’il ne doit rien au RPM.
Tréta, lui, affiche un soutien sans failles aux cadres du parti, ce qui a pour lui le mérite de capitaliser la sympathie de toutes les aigreurs et amertumes de tous ceux qui se sont sentis trahis.
Le contrôle du RPM
Ne nous racontez pas d’histoires, IBK ne souhaite nullement que son soutien de toujours, Tréta, prenne le pouvoir au RPM. En langage clair, IBK trouve Tréta de trop aujourd’hui.
Le fait que l’adversaire déclaré de Tréta, le ministre de l’Administration Abdoulaye I. Maiga bouge de la neuvième à la troisième place protocolaire au sein du gouvernement n’est pas anodin. Il s’agit après avoir fait débarquer son adversaire Tréta de le renforcer pour gagner la présidence du parti RPM. Rien de sorcier. Abdoulaye I. Maiga ne sera qu’un régent.
Élection du président du RPM
Tréta après son éviction du gouvernement est retourné se concentrer uniquement sur la gestion du parti. Certes, n’étant plus ministre, il ne peut nommer personne. Il lui sera même difficile d’entretenir certains hommes de médias réputés ses proches. Il connaît cependant tous les cadres et militants historiques du parti.
S’il gagne en dépit du soutien d’IBK à son adversaire, IBK perd la face.
S’il se présente(il se présentera) à l’élection du président du parti, il a de fortes chances de gagner. S’il gagne, c’est lui qui validera désormais toutes les investitures aux candidatures au sein du parti.
S’il perd l’élection, ce sera forcément avec la complicité d’IBK.
Tréta aura alors trois choix :
1- rester dans le parti, son bébé, tout en gardant la tête baissée et rabaissée.
2- créer sa propre formation politique
3- rejoindre l’adversaire, ayant de chance de battre le clan IBK.
Les forces de Tréta
Il sait écouter et discuter
Vous l’aurez remarqué durant tout le temps qu’a duré la question des engrais frelatés Tréta s’est tu. Il n’a personnellement répondu à personne. Il se ménage un avenir, donc pas question pour lui d’insulter l’avenir.
Il a la méthode et a pu faire comprendre à tous les cadres RPM en marge de reconnaissance que ceux sont eux les légitimes devant être promus. Il vend de l’espoir.
Ses faiblesses
Au fait, Tréta n’a pas un charisme particulier. Il ne draine pas les foules.
Les forces du ministre Abdoulaye I Maiga
Il a le soutien personnel d’IBK et de la famille d’abord.
Ses faiblesses
Il est au pouvoir donc il ne peut plus rester dans les promesses de monts et merveilles. Ses autres soutiens s’accommoderont mal en illusions.
En plus, il ne maîtrise pas assez les cadres et militants du parti.
Un troisième larron
Le problème est qu’IBK veut mettre le RPM sous la coupe d’une main experte mais sans ambitions présidentielles qui, le moment venu, sans crier gare, le remettra au fiston bien aimé. La difficulté réside là. Car, il est très difficile de trouver un régent sans ambitions. « L’appétit vient en mangeant » Dans cette guerre froide IBK-Tréta, un troisième larron pourrait se frayer un chemin.
Boubacar SOW, correspondant du journal Option en France