L’Avis d’anciens leaders de l’Aeem et responsables / d’associations par rapport à la dissolution de

Dr Hama Diallo, ancien leader estudiantin: Je pense que c’est sa pensée. Il a eu des bonnes raisons de le dire. Mais personnellement, en tant qu’ancien leader de l’Aeem, je pense qu’il n’est pas nécessaire de supprimer l’Aeem. Parce que l’Aeem a joué un grand rôle dans l’avènement de la démocratie et en même temps, elle continue à jouer son rôle. Mais le seul problème est qu’il y a certaines personnes de mauvaise volonté qui son en train de rentrer en jeu pour créer des problèmes à l’Aeem, pour montrer une mauvaise image de l’Aeem. Récemment, dans la sensibilisation contre les accidents des voies publiques, elle a joué un rôle important. Et ce sont des actes constructifs qui peuvent faire avancer ce pays en matière d’éducation de l’ensemble des élèves et étudiants du Mali.

Dr Mohamed Ibrahim Mahmoud dit « Babi », ancien leader de l’Aeem

II est de son devoir en tant que citoyen malien de faire sa proposition qui était certes de dissoudre l’Aeem. Je respecte sa proposition même si je ne partage pas cette idée. Cette idée est venue à un moment où il y avait des turbulences au sein de l’espace universitaire. Donc pour lui, c’était vraiment d’en finir avec ce mouvement. Ce n’est pas la solution, parce que les mouvements de turbulences, de comportement, c’est les individus qui les partagent. Même si on dissout l’Aeem, peut-on  empêcher dans un contexte de démocratisation un regroupement d’étudiants ? Je crois plutôt qu’il faut combattre le comportement des individus, il faut sanctionner des individus qui ont de tels comportements, même si c’est des dirigeants de l’Aeem. L’Aeem dans ces statuts et règlements intérieurs interdit la violence scolaire et universitaire. L’Aeem dans le protocole d’accord pour une école apaisée et performante, qu’elle a signé, interdit aussi et s’engage même à dénoncer tous les actes de violence. Il faut plutôt amener les camarades étudiants à comprendre que la violence n’est plus une action d’expression. En clair, arriver à convaincre les meneurs, les acteurs que les actes de vandalisme sont des actes à éviter. Il faut  arriver à impulser l’action de la paix, de la quiétude au sein de l’espace universitaire  en conjuguant nos efforts. Et non en faisant de l’exclusion. En dissolvant l’Aeem, on ne peut pas empêcher les responsables de classes de se réunir, on ne peut pas empêcher les étudiants de créer une autre association et de s’exprimer de la même façon. Un étudiant a le droit de s’exprimer,  de s’organiser, de s’associer.

Harouna Barry, président d’honneur de l’Amsunem

Ce point de vue est anti-démocratique. A la limite, il est même anti-scientifique. Une organisation qui se créée démocratiquement découle de la volonté de la libre expression de ses membres ne saurait être dissoute. Je le disais en 95- 96 comme ça dans un journal de la place. « Le mouvement étudiant, c’est comme un serpent de mer. Vous coupez une tête, une autre tête va surgir et à l’infini ». Ce n’est pas à un dirigeant de l’Uneem qu’on peut poser la question de savoir s’il faut dissoudre l’Aeem. On ne saurait dissoudre l’Aeem, on ne doit pas la dissoudre, parce qu’on ne peut pas la dissoudre. L’Aeem est une organisation démocratique, il faut la démocratie en son sein, qu’elle résolve ses problèmes. Mais tous ceux qui disent qu’il faut dissoudre l’Aeem, alors qu’ils n’en sont pas membres, ont une position anti-démocratique, anti-scientifique. Parce que tous les mouvements étudiants   se sont toujours organisés et ont toujours eu des organisations autonomes. Il faut plutôt aider les jeunes à faire leur propre école, à comprendre qu’ils sont dans un contexte démocratique. Mais ne pas dissoudre l’Aeem, parce que ce n’est pas possible.  

Amadou Sali Cissé, ancien leader de l’Aeem

Ceux qui ont demandé  la dissolution de l’Aeem ignorent l’histoire de ce pays. Si on parle de cette démocratie aujourd’hui, l’Aeem a été pour une part entière de cette démocratie. Je pense que l’Aeem joue un rôle et continuera à jouer un rôle en ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie des élèves et étudiants du Mali. Je pense que c’est un instrument, c’est une force qui aujourd’hui doit être à côté des jeunes pour vraiment contrecarrer certaines décisions unilatérales des pouvoirs publics. Donc quand quelqu’un dit maintenant qu’il faut dissoudre l’Aeem, je vous renvoie à la personne parce qu’elle ignore l’histoire de ce pays et doit l’apprendre. Nous savons comment l’Aeem a été créée et nous nous battons pour sa consolidation et surtout pour qu’elle ait plus de force que jamais.

Hadama B. Fofana

Le Républicain 28/10/2011