L’autorité de l’Etat : l’enjeu principal de l’élection présidentielle de 2012

 

 

 

Dans la même optique,  certains slogans, certains thèmes de campagne ne résisteront pas à cette vérité au Mali. En effet, contrairement aux prévisions de certains candidats, l’élection présidentielle ne se jouera ni sur la convergence, ni sur le changement, ni sur la rupture. Elle se jouera et se gagnera sur le thème de l’autorité de l’Etat. En effet, ce thème vient de faire une entrée fracassante dans le débat de la campagne présidentielle.

L’autorité de l’Etat, l’invitée surprise de la campagne- Depuis la mi-janvier, le Nord-Mali est le théâtre d’une guerre dont l’intensité meurtrière est, sans commune mesure, avec les précédents soulèvements touareg. En effet, malgré le catapultage, pour reprendre l’expression de Babacar Justin Ndiaye, d’une impressionnante armada dans la ville de Gao, l’armée malienne mal équipée, mal formée n’arrive pas à sécuriser l’immense territoire désertique, rocailleux, sablonneux et montagneux du Mali. Cette situation emporte deux conséquences. La première, c’est la guerre au Nord assombrit l’horizon électoral, à tout le moins hypothèque l’élection présidentielle du 29 avril 2012. La seconde, c’est que cette guerre risque d’ébranler les fondations de l’Etat malien. En effet, on risque d’assister à la désintégration du Mali. Pour éviter l’une et l’autre, il faut restaurer l’autorité de l’Etat. Pour cela, les candidats à l’élection présidentielle doivent préempter le thème de l’autorité de l’Etat. Car, en 2012, le Mali aura besoin, non pas d’un gestionnaire, d’un diplomate, mais d’un chef de guerre comme la Grande Bretagne avec Winston Churchil ou la France avec Charles de Gaulle lors de la deuxième guerre mondiale.

Le sang, les larmes et la sueur- Les candidats à l’élection présidentielle doivent avoir le verbe churchillien pour préparer les Maliens à « de la sueur, du sang et des larmes ». Car le respect de l’intégrité territoriale du Mali passe par ce sacrifice. A cette fin, les staff des candidats doivent lire et relire le discours de Winston Churchil prononcé le 13 mai 1940 à la Chambre des communes : « Je n’ai rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur (…) Nous faisons face à la plus terrible des épreuves. Nous avons devant nous mains longs mois de lutte et de souffrance. Vous demandez ce qu’est notre politique ? Je peux vous le dire : c’est faire la guerre, sur mer, sur terre et dans les airs, par tous les moyens, avec la puissance et avec la force qu’il plaira à Dieu de nous donner ; faire la guerre contre une tyrannie monstrueuse, sans égale dans le sinistre et lamentable catalogue du crime humain.

Voilà notre politique. Vous me demandez quel est notre but ? Je vous réponds d’un mot : la victoire, la victoire à tout prix, la victoire en dépit de toute terreur, aussi longue et difficile que puisse être la route, la victoire ; car sans victoire, il n’est point de salut. Prenez-en conscience : point de salut pour l’Empire britannique, point de salut pour tout ce que l’Empire britannique a toujours défendu, point de salut pour le désir et la force qui ont de tout temps poussé l’humanité, toujours plus avant, vers le progrès. Mais c’est plein d’espoir et d’enthousiasme que j’assume ma tâche car, je le sais, les hommes ne peuvent pas manquer à notre cause. En cet instant, je ressens le droit d’exiger le concours de tous et je proclame : « En avant donc, marchons tous ensemble, dans la force de notre unité ».

Dianguina Tounkara, docteur en droit, élève avocat au Barreau de Paris
diangui@hotmail.fr

DiasporAction 12/02/2012