Républicain : On constate une multiplication des patrouilles à Bamako. Quelles en sont les raisons principales ?
Lassina Sanogo : Les raisons d’intensification des patrouilles c’est l’insécurité. Vous s’avez que les patrouilles se font à tout moment mais actuellement on constate une montée en puissance du phénomène de la criminalité et la prolifération des armes légères à Bamako. Quand il y a une grande circulation des armes entre les mains des individus, nous devons changer nos habitudes. Ces patrouilles ont pour objectif de prévenir la criminalité à travers la dissuasion de la commission d’actes criminels d’une part et de rassurer les populations et les sécuriser. C’est pourquoi, face à cette situation, nous organisons tous les jours les opérations de patrouilles. Et ces patrouilles sont de deux ordres notamment les patrouilles sectorielles et les patrouilles de grandes envergures. Pour les patrouilles sectorielles, elles sont composées des équipes restreintes organisées dans chaque secteur d’intervention par les différents commissariats. Quant aux patrouilles de grandes envergures, elles comprennent toutes les forces de l’ordre et de sécurité (la police la gendarmerie et la garde nationale). Chaque jour les commissariats reçoivent des unités de renfort qui sont le Groupement mobile de sécurité (GMS) pour la Police, le Groupement de maintien d’ordre (GMO) de la Garde nationale et le Groupement d’intervention (GIM) de la gendarmerie pour opérer ensemble.
Républicain : En dehors de Bamako, d’autres localités sont – elles concernées ?
Lassina Sanogo : Les instructions sont nationales. A l’instar de la ville de Bamako, toutes les régions sont concernées par les patrouilles actuellement. Compte tenu de l’occupation des régions du Nord par les mouvements rebelles, l’insécurité s’installe partout à travers le pays. Face à cette situation, les plus hautes autorités ont demandé le déploiement des équipes de patrouilles dans toutes les régions de notre pays.
Républicain : Quelles sont les modalités de ces patrouilles ?
Lassina Sanogo : Dans le cadre de la lutte contre la criminalité, nous avons plusieurs méthodes. Il s’agit, entre autres, des opérations de ratissage, les descentes de police et les rondes. Nous procédons à des opérations de ratissage lorsqu’il y a la commission de plusieurs grands actes de criminalité dans un secteur donné. Ces opérations ont pour but de nettoyer tout le secteur concerné. Pour les descentes de police, il s’agit de démanteler un réseau. Nous faisons ces genres d’opérations lorsqu’on a des renseignements précis sur la localisation des bandits dans un secteur. Alors nous encerclons les lieux et nous procédons à des fouilles et des perquisitions de vols. Quant aux rondes, ces opérations sont à l’initiative des différents commissariats de police. Les opérations de rondes sont différentes de la grande patrouille. Elles s’effectuent avec des équipes légères qui tournent au début de la nuit aux environs de 19 heures pour se terminer à 00 Heure. Elles ont pour but de dissuader les bandits qui opèrent très tôt nuitamment.
Le Républicain : Y a-t-il des heures précises pour ces patrouilles ?
Lassina Sanogo : Il n’existe pas d’heure précise pour la patrouille si non ça sera de la routine. Il ya des itinéraires. C’est du jour comme la nuit car si les malfrats savent que vous sortez chaque jour à telle heure, ils vont aménager leur calendrier en fonction du programme des patrouilles.
Le Républicain : Les populations se plaignent beaucoup des agents de patrouilles sur le terrain, d’autres les accusent de racket. Quels messages avez-vous à l’intention des populations ainsi qu’à vos agents ?
Lassina Sanogo : Les patrouilles sont faites pour sécuriser les populations. Mais au cours de ces patrouilles on fait des contrôles lorsqu’on rencontre des individus à des endroits suspectés. A ce propos, il existe deux types de contrôle à savoir : le contrôle des personnes et le contrôle des engins (les motocyclistes et les véhicules). On fouille les personnes et les engins à deux roues pour savoir s’ils ne sont pas en possession d’armes à feu. Pour les véhicules, il s’agit de faire des fouilles systématiques pour combattre la filtration des armes en cette période de trouble généralisé avec la situation de l’occupation des régions du Nord. L’objectif est de combattre l’insécurité sous toutes ses formes. Vous savez qu’il n’est pas facile de distinguer toujours un malfrat d’un citoyen honnête. Donc tout citoyen honnête est interpellé à se soumettre à ces contrôles. Quant aux agents de la police, on leur demande d’être courtois avec les populations. On peut être ferme dans le contrôle tout en coopérant avec les populations. J’avoue qu’il y a toujours de mauvaises graines dans tout rassemblement qui ternissent l’image du groupe mais ces cas sont rares.
Le Républicain : Quels sont les risques auxquels sont exposées les populations actuellement sur le plan sécuritaire ?
Lassina Sanogo : Les risques de l’insécurité sont énormes lorsque la criminalité atteint un certain degré. Ils peuvent porter sur l’intégrité physique des personnes et leurs biens. Les malfrats sont en possession d’armes de tous genres actuellement : armes blanches, fusils de fabrication artisanale, et même des armes industrielles, comme les PA (pistolets automatiques) et les PM (pistolets mitrailleurs). Ils n’hésitent pas à tirer à bout portant sur les usagers si vous résistez à leur demande de retrait des biens.
Le Républicain : Votre mot de la fin ?
Lassina Sanogo : Nous demandons la franche collaboration de la population car les bandits de grand chemin cohabitent avec les populations. Auparavant on allait chercher les bandits dans les grottes mais ils vivent maintenant avec la population. Sans le concours de la population, la tâche des forces de sécurité sera extrêmement difficile. Si vous doutez de la crédibilité de quelqu’un dans votre entourage, il faut immédiatement informer les agents de la sécurité. Mais malheureusement on constate que les gents attendent à ce que les malfrats commettent des actes pour pouvoir les dénoncer.
Pour faire des dénonciations, vous pouvez appeler au numéro de la police secours au 17 ou encore au 80 00 11 15. Pour la gendarmerie au 80 00 11 14. Il faut retenir que ces deux derniers numéros de la Sotelma-malitel sont gratuits.
Propos recueillis par Moussa Dagnouko
L’Indicateur du Renouveau