Il ne sera pas possible d’appliquer l’Accord d’Alger sans consensus national. C’est la substance de l’appel de l’opposant malien, Tiebilé Dramé, président du Parti pour la renaissance nationale (PARENA), à Soumeylou Boubeye Maïga, ancien ministre de la Défense, et à la Majorité présidentielle. La solution à la crise malienne qui s’aggrave chaque jour n’est ni à Bruxelles, ni à Washington, ni à Paris, ni à New-York. Elle est à Bamako. Elle réside dans des concertations nationales, a déclaré l’homme politique dans cet «Appel à Soumeylou et à la Majorité ».
L’accord pour la paix et la Réconciliation nationale a été signé entre le gouvernement malien et les groupes armés, la CMA et la Plateforme, le 15 mai et le 20 juin 2015. Plus de 14 mois, après cette signature à l’issue d’un long processus de négociation à Alger, impliquant la communauté internationale, la folie meurtrière continue au Mali, faisant plusieurs centaines de morts et de blessés. Il s’agit d’attaques contre les Forces armées maliennes, les casques bleus, des attentats, faisant des victimes civiles et militaires. « Quatorze mois après la signature de l’Accord, il n’y a malheureusement au Mali ni paix, ni réconciliation nationale. La situation générale du pays est beaucoup plus dégradée qu’elle ne l’a jamais été. Le sang coule au Mali comme jamais avant. Plusieurs centaines de Maliens et d’étrangers sont morts en douze mois », indique le président du Parena, et non moins ancien ministre des Affaires étrangères du Mali.
Bien avant la signature de l’Accord d’Alger, le PARENA et d’autres partis de l’opposition avaient invité le Président IBK à réunir « des concertations nationales inter-maliennes en vue d’une appropriation nationale du processus de paix, maximiser les chances du pays et mobiliser tout le peuple pour restaurer la paix et la stabilité sur le territoire », rappelle Tiebilé Dramé. Le président et le Gouvernement sont restés sourds à ces appels. Les partis de la majorité les ont suivis dans cet aveuglement qui a coûté trop cher au pays, commente le président du Parena. Selon Tiebilé Dramé, « il n’est pas trop tard pour se ressaisir, pour sauver le Mali », mais, « il est urgent d’ouvrir les yeux. Le pays risque de couler », avise-t-il à travers cet «Appel à Soumeylou et à la Majorité ».
« Devant la détérioration continue de la situation générale du pays, devant la multiplication des attaques sanglantes contre nos soldats et leurs camarades étrangers, devant la recrudescence des affrontements intercommunautaires et des assassinats ciblés, devant la situation dangereuse dans la région de Mopti, devant les tensions qui s’accumulent dans la région de Tombouctou, devant l’impasse du processus de paix consécutive au soulèvement de Gao et à la nouvelle guerre de Kidal, aujourd’hui plus qu’hier, des concertations nationales sont indispensables pour sauver le pays, pour le stabiliser et le remettre sur les rails », certifie le président du Parena, Tiebilé Dramé.
Cet appel à la majorité présidentielle, fait suite à une sortie médiatique de Soumeylou Boubèye Maïga, un des principaux soutiens du président de la République, rejoint « les positions du PARENA et de l’opposition républicaine, à savoir que sans consensus national, il ne sera pas possible d’appliquer l’Accord d’Alger », selon Tiebilé Dramé. La nouvelle position de Soumeylou est un pas dans la bonne direction et d’autres devraient s’assumer et assumer leur devoir de génération, avant qu’ils ne soient « comptables du naufrage qui s’annonce », présage le président du Parena .
B. Daou