Dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, il y a eu la cérémonie de lancement officiel de Désarmement, Démobilisation et réinsertion (DDR) des groupes armés hier, mardi 06 novembre 2018 dans la septième région administrative du Mali (Gao). Environ 1600 combattants affiliés à la CMA, à la Plateforme et aux autres mouvements seront ciblés au cours de ce processus. Mais force est de reconnaitre que les parties (Gouvernement du Mali, Coordination des mouvements de l’azawad (CMA) et la Plateforme) avaient du mal à accorder leurs violons. Pour preuve, la cérémonie qui devrait se tenir à 8 heures n’a commencé qu’à 16 heures. Les tractations se poursuivaient entre les acteurs autour des questions de grade des groupes armés et le quota d’intégration de ces groupes armés au sein de l’armée de terre malienne.
Ladite cérémonie de lancement officiel de DDR qui s’est déroulée dans l’enceinte de la direction régionale de la police de Gao était présidée par le Ministre de la Cohésion Sociale, de la Paix et de la Réconciliation Nationale, Lassine BOUARE, en présence de la Représentante Spéciale Adjointe du Secrétaire Général de l’ONU, Coordonnatrice Résidente des Nations Unies et Coordonnatrice, Mme Mbaranga Gasarabwe, du président de la commission nationale de Désarmement, Démobilisation et réinsertion (DDR), Zahabi OULD SIDI MOHAMED, du gouverneur de Gao, Sidiki Samaké, du directeur de la division droit de l’Homme et de la protection civile de la Minusma (Mission intégrée multidimensionnelle des Nations Unies pour la stabilisation du Mali), des responsables de l’armée malienne, des responsables des groupes armés dont Sidi Brahim Sidatti et de nombreuses autres personnalités. Malgré cette cérémonie de lancement officiel de DDR des groupes armés hier dans l’après midi, beaucoup d’observateur restent sceptiques quant au démarrage réel du processus. Tout simplement parce que les parties (Gouvernement du Mali, Coordination des mouvements de l’azawad (CMA) et la Plateforme) ont du mal à accorder leurs violons. Les délégations qui ont quitté Bamako pour Gao afin d’assister à la cérémonie de lancement de DDR prévue pour 8 heures ont dû patienter jusqu’à 16 heures. Les tractations se poursuivaient entre les acteurs autour des questions de grade des groupes armés et le quota d’intégration de ces groupes armés au sein de l’armée de terre malienne. Le responsable DDR de la Minusma, Samba Tall a précisé que la question de grade a été réglée, mais dit-il, le « seul point qui reste en discussion, c’est le quota de ceux qui vont aller dans l’armée de terre ». A l’en croire, les parties se sont entendues sur le quota de 2000 combattants, une partie irait dans la fonction publique, le reste, ensuite, le retour des militaires anciens, 600 et 800 combattants, dans l’armée malienne. Il a fait savoir que le chiffre reste à être déterminer. Est-ce que vous pouvez nous confirmer ou infirmer que le DDR commencera effectivement demain ? « Je peux vous confirmer que le DDR accéléré commencera demain. L’objectif final de cet exercice, c’est l’intégration du Mécanisme opérationnel de Coordination (MOC). Parce que l’accord de paix prévoit que nul ne peut joindre les forces de défense et de sécurité malienne s’il n’est pas passé au préalable par le DDR », a-t-il conclu.
« C’est le début de la création d’une nouvelle armée »
Dans son discours, le président de la commission nationale de Désarmement, Démobilisation et réinsertion (DDR), Zahabi OULD SIDI MOHAMED a fait savoir que le processus de DDR qui comprend 12 étapes va durer plusieurs jours. Avant de signaler que tous les groupes armés cautionnent le processus de DDR. A sa suite, la Représentante Spéciale Adjointe du Secrétaire Général de l’ONU, Coordonnatrice Résidente des Nations Unies et Coordonnatrice, Mme Mbaranga Gasarabwe a rappelé que l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali met l’accent sur la stabilisation du pays, particulièrement au Nord afin d’assurer la sécurité des populations et des biens sur l’ensemble du territoire de la République du Mali. « L’Accord prévoit la réforme du Secteur de la Sécurité qui englobe le Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) et l’Intégration des combattants. En mars 2018, les trois parties signataires malienne ont présenté un chronogramme pour accélérer la mise en œuvre de ces prescriptions en matière de défense et de sécurité, relatives notamment au Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC), au DDR et à l’Intégration dans les Forces de Défense et de Sécurité », a-t-elle dit. Selon elle, cette cérémonie de lancement officiel de DDR est un moment historique. Elle a donc saisi l’occasion pour saluer la volonté de toutes les parties de lancer ce processus de DDR accéléré et d’intégration dans les Forces de Défense et Sécurité. « Cela a pris du temps. Vous avez fait face aux attaques et certains ont même perdu la vie. La confiance des acteurs et de la population envers le processus de paix ne fait qu’augmenter avec la réalisation de succès tels que celui-ci. La construction de la paix n’est pas un travail facile et vous avez effectué un grand pas en avant. C’est le début de la création d’une nouvelle armée. Le processus de DDR – Intégration accélérés que nous démarrons aujourd’hui, le 6 novembre 2018, pour une durée de 3 semaines a pour objectif de faire avancer le processus de DDR – Intégration en commençant par les combattants du MOC. Cela constituera une étape majeure dans la reconstitution et le redéploiement des Forces de Défense et de Sécurité sur l’ensemble du territoire de la république du Mali », a souligné la représentante de l’ONU. A l’en croire, environ 1600 combattants affiliés à la CMA, à la Plateforme et aux autres mouvements seront ciblés au cours de ce processus. A l’issue, dit-elle, chaque combattant aura le choix soit de devenir un civil, en optant pour la réinsertion socio-économique, soit d’entrer dans les forces de défense et de sécurité maliennes en choisissant l’intégration s’il répond aux critères déjà agréés par les signataires. Pour elle, la mise en œuvre du DDR et de l’Intégration accélérés aidera à renforcer la paix et la sécurité sur tout le territoire de la République du Mali et à améliorer la protection de la population par des institutions nationales solides et représentatives.
« Le processus reste confronté à des difficultés »
« Je tiens à féliciter les avancées notables faites par les Parties maliennes qui ont pu surmonter les obstacles pour permettre à toute citoyenne et citoyen malien de jouir de ses droits fondamentaux de la paix, de la dignité et de l’égalité des chances. Nous espérons du fond du cœur maintenir cette attitude positive de voir toutes les parties prenantes engagées, comme marque supplémentaire du renforcement de la confiance, afin de compléter les opérations de désarmement et de réintégration des combattants éligibles restants pour le bien de ce beau pays, et aussi afin de mettre en œuvre tous les piliers de l’Accord », a-t-elle dit. Enfin, elle a fait savoir que l’ONU, à travers la MINUSMA renouvelle son engagement à accompagner les Parties maliennes pour relever le défi de la lutte pour le respect des Droits de l’Homme et contre l’impunité. Quant au Ministre de la Cohésion Sociale, de la Paix et de la Réconciliation Nationale, Lassine Bouaré, il a précisé que depuis la signature de l’Accord pour la Paix issu du processus d’Alger, les acteurs sont à pied d’œuvre pour permettre au Mali de sortir de la crise multidimensionnelle qu’il traverse depuis les évènements douloureux de 2012.Au niveau des quatre principaux volets de l’Accord, dit-il, des actions concrètes ont êtes menées avec des résultats tangibles qui ont permis d’’instaurer la confiance entre les parties et la sauvegarde de l’unité et l’intégrité du territoire national.« Malgré ces avancées le processus reste confronté à des difficultés liées à la complexité de sa mise en œuvre ; toute chose qui n’entame en rien la détermination et la volonté du gouvernement à réussir, dans le cadre d’un dialogue fécond, la mise en œuvre de l’accord », a-t-il dit. Selon le ministre, à travers cette cérémonie de lancement officiel de DDR des mouvements armés, une étape importante vient d’être franchie. « La réussite de cette opération, à laquelle j’attache une importance particulière, nous permettra d’une part, de jeter les bases des patrouilles mixtes qui auront en charge la sécurisation des personnes et de leurs biens dans les régions Nord du pays confrontées à un banditisme récurrent et aussi de jeter, les bases de l’Armée reconstituée qui constitue une préoccupation majeure pour les plus hautes autorités du pays », a-t-il indiqué. A cet effet, le ministre en appelle à l’engagement sans réserve et au sens élevé de la responsabilité de toutes les parties prenantes à la mise en œuvre de l’accord, notamment les groupes armés, pour éviter tout clivage et constituer un front commun à l’avant-garde du combat pour la paix et la sécurité sur toute l’étendue du territoire national.
Aguibou Sogodogo, envoyé spécial à Gao