Lancement du Rapport «Portions Inégales» au Mali: Save The Children introduit le concept «d’exclusion» dans le débat sur la nutrition

Le Rapport international «Portions Inégales» de l’ONG internationale Save The Children a été lancé officiellement au Mali le jeudi 25 août 2016, sous la présidence du Conseiller Technique Dr Sékou Oumar Dembélé, représentant le Ministre de la Santé de l’Hygiène Publique, en présence du Directeur Pays par intérim de Save The Children, Kevin Novotny, de la Présidente du Parlement National des Enfants, Fadimata I. A. Sangaré et des représentants de l’OMS, de l’UNICEF et d’autres PTF.

Ce Rapport attirer l’attention de tous les acteurs du domaine de la nutrition sur le «concept d’exclusion» et promeut une réorientation des financements des donateurs pour une plus grande efficacité et plus d’impacts positifs en matière de lutte contre la mauvaise nutrition, car selon l’OMS il existe à ce jour 50 millions d’enfants trop maigres tandis que plus d’1,9 milliard d’adultes sont en surpoids ou obèses.
Le « concept d’exclusion » est né du constat que nombre d’enfants sont oubliés et privés d’une nutrition adéquate à cause de ce qu’ils sont et d’où ils vivent, quand ils ne sont pas simplement victimes de discrimination en raison de leur origine ethnique ou d’un handicap.
Élaboré à partir de données recueillies dans 115 pays, dont le Mali, «Portions inégales» a amené Save The Children à lancer cette nouvelle campagne pour que chaque enfant, sans exception, survive et s’épanouisse, en référence à son projet «Aucun Enfant Oublié».

Il ressort en effet du rapport que 129 millions d’enfants souffriront de retard de croissance d’ici 2030 et que 90% des enfants de moins de 5 ans ont un retard de croissance qui affecte même le taux de scolarisation et de réussite scolaire. Au Mali, 38,5% des enfants souffrent d’un retard de croissance, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la région la plus exposée étant paradoxalement celle de Sikasso.

«Et, même dans 100 ans, à moins d’un changement de cap spectaculaire, il restera des millions d’enfants malnutris dans le monde», expliquera Saleck Ould Dah, Chargé de plaidoyer à Save the Children Mali, en présentant brièvement le contenu du rapport, associé au Dr Djibril Bagayoko du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, qui a traité de la multisectorialité de la nutrition.

En effet, sa prise en compte ne relève pas que du seul département de la Santé. Sont également impliqués ceux en charge de l’Economie, de l’Education, des Politiques Sociales, du Développement Rural, de l’Action Humanitaire, de l’Eau, de l’Assainissement, des Affaires Etrangères, des Finances, de la Communication et, bien sûr, de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille.

En outre, Dr Bagayoko rappellera que sécurité alimentaire ne rime pas avec sécurité nutritionnelle, les problèmes d’accessibilité et les pesanteurs socioculturelles en matière d’alimentation devant impérativement être pris en compte. Dans notre pays, il relèvera que 45% des décès d’enfants de moins de 5 ans sont à mettre en lien avec la malnutrition.
La dissémination du rapport «Portions inégales» auprès des médias a pour objectif d’attirer leur attention sur la nécessité pour les acteurs de s’assurer que les objectifs en matière de nutrition, les politiques, les plans et les ressources sont concentrés sur les groupes d’enfants les plus exclus, afin de répondre à l’objectif de développement durable 2 (ODD2).

Dans le résumé du document, on peut lire «Une bonne nutrition – une alimentation saine, équilibrée et adéquate – est une question de vie ou de mort. C’est aussi la différence entre survivre ou s’épanouir. Elle est primordiale pour le bon fonctionnement du système immunitaire, afin de se protéger contre les maladies tout au long de la vie. Et elle est essentielle au développement inclusif et durable d’un pays.
… Save the Children a lancé une nouvelle campagne pour faire en sorte que chaque enfant, sans exception, survive et s’épanouisse. Nous travaillerons directement avec les enfants exclus, nous trouverons des solutions innovantes et nous mettrons en œuvre des programmes de haut calibre. Nous plaiderons en faveur de l’accroissement des ressources en matière de nutrition. Nous remettrons en cause les lois, les normes et les politiques qui ont permis à la malnutrition et à la discrimination de persister. Et nous ferons campagne aux côtés et en faveur des enfants du monde oubliés.

… Le monde a fait des progrès remarquables en matière de lutte contre la dénutrition. Le nombre d’enfants présentant un retard de croissance a diminué de plus d’un tiers depuis 1990. Mais les progrès n’ont pas été assez rapides. Chaque année, 3,1 millions d’enfants meurent de dénutrition. La malnutrition est une urgence mondiale quotidienne. Aujourd’hui dans le monde, près d’un quart de tous les moins de cinq ans – soit 159 millions d’enfants – présentent un retard de croissance. Sans
l’accès aux éléments nutritifs dont ils ont besoin, en raison d’un manque de nourriture, d’une mauvaise santé ou d’environnements insalubres, ces enfants ne se développent pas autant qu’ils le pourraient.
…. Le monde s’est engagé à réduire les retards de croissance de 40 % d’ici à 2025 et à éliminer la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030. Mais, si nous continuons sur notre lancée, cet objectif sera tout simplement irréalisable. À moins de changer radicalement de cap, la malnutrition perdurera».
Save The Children a formulé dans le document cinq recommandations majeures à l’intention des gouvernements. Il s’agira pour eux, avec l’appui de tous leurs partenaires, d’entreprendre une analyse contextuelle multisectorielle dans le domaine nutritionnel, de fixer des objectifs nationaux sur la nutrition, de mettre en place des politiques et des plans appropriés pour atteindre ces objectifs pour tous les groupes de la société, de travailler avec les secteurs et parties prenantes concernés et, enfin, de veiller à ce que des financement appropriées soient en place.
Le CT Dembélé, en lançant officiellement «Portions inégales» dans notre pays, a assuré l’assistance que la lutte contre la malnutrition était l’un des soucis majeurs de son ministère. Pour sa part, Fadimata I. A. Sangaré, la Présidente du Parlement des Enfants, dans son message de plaidoyer, s’est engagée auprès du gouvernement à relever le défi de la lutte contre la malnutrition, afin que chaque enfant du Mali soit traité de façon égale, sans aucune forme d’exclusion ou de discrimination.
Ramata Diaouré