Trois mois pour sensibiliser les couples et les jeunes sur l’importance de la planification familiale à Kayes, Koulikoro, Sikasso, Mopti et Bamako
L’USAID à travers son projet «Keneya Jemu Kan» (KJK), en partenariat avec le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique a procédé le mardi 9 aout 2016 au lancement de la campagne de planification familiale dénommée « JIGISIGI ». C’était à l’Hôtel Salam sous la présidence du Dr. Salif Samaké, représentant le ministre en charge de la Santé. Cette campagne qui durera trois mois, couvre les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Mopti et le District de Bamako.
Faut-il le rappeler, Keneya Jemu Kan (KJK) est un projet de l’USAID avec une durée de 5 ans dont le lancement a été effectué en décembre 2014. Il vise à assurer la promotion et la communication pour la santé. Son but est de contribuer à l’amélioration durable en matière de Santé au Mali, grâce à l’utilisation accrue de services à fort impact et à l’adoption de comportements sains. Le projet comporte trois axes stratégiques à savoir la communication pour le changement de comportement, le renforcement des capacités institutionnelles et le marketing social. Le KJK intervient entre autres pour la planification familiale, la santé reproductive, maternelle, infantile, la lutte contre le paludisme, la prévention et le traitement du VIH-SIDA.
« JIGISIGI » pour réduire la mortalité maternelle
Cette campagne de communication et de promotion de la santé, appelée « JIGISIGI » a pour objectif de réduire la mortalité maternelle à travers l’amélioration de la demande des services de planification familiale. Elle se veut une plateforme qui utilise de nouvelles approches dans la réflexion sur les comportements et le changement social. Car, selon les statistiques, la prévalence contraceptive au Mali est l’une des plus faibles de l’Afrique subsaharienne, soit 9, 9%, tandis que la demande potentielle en planification est évaluée à 40% et les besoins non satisfaits sont de 26%. Comparé à la plupart des pays africains, le Mali accuse un certain retard. Selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS-5), seulement 10% de femmes en couples utilisent les méthodes contraceptives. Il y a aussi le faible intérêt des hommes pour la planification familiale, le soutien timide des familles dans l’utilisation des méthodes modernes de contraception qui constituent aujourd’hui des obstacles sérieux au recours à cette pratique. Comme quoi, beaucoup d’efforts restent à fournir par le gouvernement du Mali et ses partenaires pour relever les défis et obstacles liés à la planification familiale.
Pourtant, les méthodes modernes de planification sont connues des populations maliennes, à en croire Bijou Muhura, la directrice par intérim du Bureau Santé de l’USAID. «D’après l’étude de base menée par le projet Kenaya Jemu Kan en décembre 2015, 93% des femmes maliennes connaissent au moins une méthode de contraception familiale », a-t-elle déclaré.
Le taux de mortalité maternelle et infantile étant élevé au Mali, la planification est perçue par les spécialistes comme une des stratégies efficaces reconnues pour aider à réduire son taux élevé. «Mais le chemin est encore long pour étendre et maximiser les avantages de la planification familiale aux jeunes, aux couples et aux familles maliennes », a expliqué Bijou Muhura. Elle a en outre exhorté tous les acteurs à œuvrer davantage pour le progrès de la planification familiale et de la santé maternelle et néonatale. « Durant cette campagne, en plus des diffusions sur les radios de proximité et les télévisions, un accent particulier sera mis sur les activités communautaires qui seront amplifiées par la téléphonie mobile et l’utilisation des réseaux sociaux » a laissé entendre Madame Muhura.
Pour Dr. Salif Samaké, le représentant du ministre de la Santé, à partir de la planification familiale beaucoup d’autres objectifs peuvent être atteints en matière de santé. C’est ainsi qu’il s’est réjoui de la campagne Jigisigi, surtout qu’elle s’étend sur une longue période pour sensibiliser les populations à la base. Cela permettra de réaliser le changement de comportement attendu et qui est au cœur des préoccupations.
Thèmes de la campagne
Il importe de retenir que durant la campagne, plusieurs thèmes seront abordés par les acteurs sur le terrain. Il s’agit du repositionnement de la femme au sein de la famille dans la prise de décisions. Ici, elle sera impliquée dans la prise de décision de sa santé, celle de ses enfants et surtout du nouveau-né. Les acteurs seront amenés à persuader les familles sur les bienfaits des accouchements assistés et des autres services pour la santé de la reproduction et de la santé maternelle, y compris la planification familiale. Concernant les agents de santé, durant cette campagne, ils seront accompagnés à offrir des services de santé de la haute qualité aux femmes enceintes et autres utilisatrices.
Au terme, la campagne se donne comme résultats que la discussion s’établisse dans le couple, entre les membres de la famille sur les bienfaits de la planification familiale. Elle souhaite aussi accroitre le taux l’approbation et l’intention des maris et des belles-mères aux services de la consultation prénatale, CPN. La campagne souhaite également que les femmes soient responsabilisées par leurs maris dans les questions de santé pour amplifier leur auto-efficacité dans ce domaine.
Bien que la grossesse et l’accouchement soient des phénomènes naturels, de nombreuses grossesses posent de sérieux risques pour la santé des mères et de leurs enfants. La planification familiale qui contribue à la survie et à l’amélioration de la santé des femmes comporte beaucoup d’avantages. Elle permet à la mère de rester en santé, de retrouver ses forces et d’éviter les grossesses non désirées, précoces, multiples, trop rapprochées et tardives. La planification familiale favorise ainsi l’autonomie de la femme. Enfin, elle permet entre autres de réduire les dépenses de soins, aide les familles à satisfaire leurs besoins de base, de faire des économies.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com