Demain [jeudi 16.02.23], des représentants de l’Etat fédéral et des communes se réunissent à Berlin pour parler de la politique d’accueil, en Allemagne, des migrants et demandeurs d’asile. Il s’agit de mieux répartir les coûts qui pèsent sur les collectivités en lien avec le logement de ces populations.
Arrivées dans les communes
Le maire de la ville de Bielefeld, Pit Clausen (SPD), se veut positif : sa ville, qui compte 340.000 administrés, peut supporter d’accueillir quelques milliers d’habitants en plus – 4.000 Ukrainiens fuyant la guerre sont arrivés l’année dernière.
La plupart sont logés chez des gens qu’ils connaissent – personne ne doit dormir dans des gymnases – et la quasi-totalité des enfants ont pu être scolarisés. « La situation réelle est meilleure que ce que les gens pensent », affirme l’élu.
Rien qu’au mois de janvier de cette année, environ 29.000 demandes d’asile ont été enregistrées en Allemagne. Les personnes concernées viennent principalement de Syrie, d’Afghanistan, de Turquie et d’Irak. En 2022, ce sont environ 218.000 nouveaux dossiers qui ont été déposés.
A ces demandes s’ajoutent plus d’un million de personnes venues d’Ukraine et qui jouissent de règles d’accueil plus souples, mais qui placent les collectivités locales devant les mêmes défis que les autres : qui va prendre en charge les frais d’hébergement et de nourriture de ces personnes sans revenus ?
Quand les limites sont atteintes
En Bavière, dans la ville de Miltenberg, Jens Marco Scherf, conseiller municipal écologiste, prévoit davantage de migrants que lors des arrivées massives de Syriens en 2015. Or, selon lui, la commune de 130.000 habitants a déjà atteint ses limites et n’a plus d’abri d’urgence à proposer.
Les proches des réfugiés ne peuvent pas toujours les accueillir car les logements sont trop petits et les loyers trop élevés pour déménager.
Les communes, mais aussi les Länder (Etats-régions), réclament à l’Etat fédéral de diminuer le nombre de personnes qui arrivent en Allemagne pour ne pas dépasser les capacités d’accueil, et ne pas avoir à réquisitionner des gymnases ou à faire exploser les effectifs dans les écoles.
Les collectivités veulent que le gouvernement prenne en charge l’intégralité des frais d’hébergement et de santé des personnes accueillies. Et l’Etat fédéral doit enfin mettre davantage de logements à disposition.
Ce que l’Etat fédéral dit
Le chancelier Olaf Scholz aux communes : « Nous ne vous laissons pas seules ». Le gouvernement fédéral avait promis une enveloppe de deux milliards d’euros supplémentaires pour subvenir aux besoins des Ukrainiens. En octobre dernier, cette somme a même été augmentée d’un milliard et demi, pour soulager les communes qui pourraient toucher encore de nouveaux fonds en 2023.
Le ministre des Finances affirme que l’Etat ne peut faire plus. Son homologue de l’Intérieur rappelle que 68.000 abris ont déjà été mis à disposition dans 330 immeubles appartenant à l’Etat fédéral.
Europe et contrôles
De son côté, l’Union européenne a décidé de durcir sa politique d’immigration. Les personnes qui ne répondent pas aux critères d’asile devront être expulsées plus systématiquement. Hormis les Ukrainiens dont le statut est particulier.
Le maire de Bielefeld, Pit Clausen, plaide, lui, pour une société plus ouverte. Il réclame que tous les demandeurs d’asile soient traités de la même façon que les réfugiés de guerre, avec le même accès aux systèmes de protection sociale, à l’éducation et aux possibilités d’intégration.
Avant les délibérations de l’Etat fédéral, des Länder et des communes sur l’accueil des réfugiés, l’organisation Pro Asyl réclame une suppression de l’obligation de résidence. Cette disposition force les demandeurs d’asile à résider dans une commune qu’ils ne choisissent pas, en fonction d’un système de répartition décidé au niveau des Länder.
Source: DW