Il existe plus de 7 000 cryptomonnaies dans le monde et seulement quelques dizaines en Afrique.
Et encore, très peu d’entre-elles sont réellement utilisées.
Parmi les projets les plus prometteurs, il y a celui de l’AFRO, une cryptomonnaie lancée en 2018 et qui reprend l’idée de l’artiste sénégalais Mansour Sy Kanakassy.
L’AFRO se veut une cryptomonnaie panafricaine et au service du développement.
Certains pays l’ont déjà adoptée pour des utilisations spécifiques
Ils sont une quinzaine d’économistes, d’hommes d’affaires, d’experts et d’artistes, et ils sont persuadés que l’Afrique est une terre d’avenir pour les cryptomonnaies.
En 2018, ils ont créé l’AFRO, géré aujourd’hui par une fondation.
L’idée est simple, alors que le continent compte plus de quarante monnaies différentes, une seule cryptomonnaie pourrait faciliter les échanges et surtout les rendre moins chers en supprimant les frais de change.
L’économiste
« Nous avons constaté qu’en Afrique, il y avait plusieurs monnaies nationales, et qu’il y avait des difficultés dans le commerce.
Vous avez un coût de change important et vous avez aussi des problèmes logistiques.
Pour contribuer à résoudre ces problèmes, on pourrait imaginer d’utiliser une seule monnaie en particulier, ce qui contribuerait à l’intégration en facilitant les échanges entre les pays », explique Daniel Ouedraogo l’un des fondateurs de l’AFRO.
Autre avantage, la diaspora africaine perdrait moins d’argent en utilisant l’AFRO dans ses transactions.
Car envoyer une cryptomonnaie à un correspondant en Afrique ne coûte rien contrairement aux services proposés par les sociétés de transfert d’argent.
Reste cependant à convaincre les gouvernements africains d’utiliser cette cryptomonnaie, et c’est ce que font les membres de la fondation depuis trois ans.
Avec par exemple un tout nouveau service proposé depuis la semaine dernière par la poste ivoirienne.
L’ambition d’être adopté par les États du continent
« Sur le site de la poste de Côte d’Ivoire, vous avez un onglet permettant d’envoyer des recommandés électroniques.
Et les preuves des échanges de courriers officiels, c’est-à-dire les preuves de l’émetteur du destinataire et du contenu des correspondances sont archivés dans le blockchain de l’AFRO.
Si bien que l’AFRO est utilisé non seulement comme moyens de paiement mais aussi comme répertoire de la preuve », détaille David Nataf, qui est lui aussi l’un des co-fondateur de l’AFRO.
La stratégie des initiateurs de l’AFRO consiste à proposer leurs services au coup par coup, pays par pays.
Mais l’ambition finale est beaucoup plus grande.
« On a l’ambition d’être adopté par les États du continent pour pouvoir constituer une monnaie unique.
Ce qui est important de préciser, c’est qu’au niveau de la gouvernance, nous sommes ouverts à une gouvernance partagée.
Les fondateurs de l’AFRO ne souhaitent pas se maintenir à la direction ou à la commande de la monnaie », poursuit David Nataf.
Pour arriver à devenir la cryptomonnaie unique africaine, l’AFRO doit devenir ce que l’on appelle un « stablecoin », une monnaie stable, c’est-à-dire, arrimée à une devise, pour limiter ses fluctuations et donc les risques de change.
Pour cela, la fondation AFRO est en train de mettre en place un fond de compensation.
Un processus long et complexe, mais qui commence à susciter l’intérêt de certaines banques centrales africaines.
Par : Olivier Rogez
RFI