Dans «Mali-Mètre 12», les Maliens se sont aussi prononcés sur l’Accord pour la paix et la réconciliation du Mali (APR), issu du processus d’Algérie.
Et il y a beaucoup de paradoxes voire ce que certains intervenants à la cérémonie de présentation du rapport ont qualifié de «bizarreries».
Ainsi, près des deux tiers des Maliens (66,1 %) reconnaissent n’avoir «aucune connaissance» de l’APR. Et pourtant, un Malien sur deux estime que l’accord doit être relu et modifié.
Par contre, un Malien sur dix pense que l’accord ne doit pas être modifié, mais doit être appliqué comme tel.
Pour plus de sept de nos compatriotes sur dix, l’accord pour la paix et la réconciliation n’a pas avancé.
Toutefois, dans les régions de Sikasso, Mopti, Tombouctou, Taoudénit et Bamako, une personne sur cinq (20 %) pense que l’accord a assez avancé.
Et plus particulièrement dans la région Ménaka, quatre personnes sur cinq sont du même avis.
Pour le Haut-représentant du président de Transition pour la mise en œuvre de l’APR, M. Inhaye Ag Mohamed, bon ou mauvais, «c’est cet accord qui permet aujourd’hui à notre pays de conserver sa forme républicaine».
Sinon, a-t-il rappelé, «à Alger on nous avait amené des projets de sécession ou fédéralistes».
Et de l’avis de M. Inhaye Ag Mohamed, «la relecture de l’accord peut ouvrir la boîte aux pandores parce qu’il ne donne pas entièrement satisfaction aux autres parties aussi. Une relecture peut dont offrir à celles-ci aussi l’opportunité de remettre sur la table des négociations les points sur lesquels ils n’ont pas obtenu satisfaction».
Lors d’une conférence de presse organisée dimanche dernier pour célébrer le 6e anniversaire de la signature de l’APR (15 mai et 20 juin 2015 à Bamako), la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a apporté de l’eau à son moulin.
«Après six ans, nous constatons que l’Accord est dans ses aspects périphériques. Les aspects de fond n’ont jusque là pas été touchés… Nous tirons un bilan peu élogieux de la mise en œuvre de cet Accord», a déploré Sidi Ag Baye, membre de la CMA, en introduisant la conférence.
«On prend du temps pour négocier, pour faire la paix et pour signer des accords, mais on ne prend jamais du temps pour appliquer ces accords. Plusieurs accords ont été signés par le passé, mais n’ont jamais été appliqués. Nous avons peur que l’Accord d’Alger ne connaisse la même situation», a dénoncé Mohamed Ould Ramadane, porte-parole de la CMA et principal animateur de la conférence de presse du dimanche 20 juin 2021.
Le manque des moyens pour les autorités intérimaires installées dans les régions du nord, l’inachèvement du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), la non-implication des personnes déplacées dans la mise en œuvre de l’Accord et la non révision de la Constitution pour prendre en compte les revendications politiques de la CMA, dont la réorganisation des régions du nord, sont entre autres points indexés par les responsables de la CMA pour démontrer que la mise en œuvre de l’APR ne leur donne pas satisfaction.
L’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali a été signé le 20 juin 2015 entre le gouvernement et les principaux mouvements ou groupes armés du nord. La politique institutionnelle, la défense et la sécurité, les questions humanitaires et le développement, la justice et la réconciliation nationale sont les quatre piliers de l’APR.
Moussa Bolly