C’était au CICB le 16 juin 2011 avec comme conférenciers l’inspecteur général de police Mahamadou Niakaté ; Zeïni Moulaye, ancien ministre ; Ibrahim Ag Youssouf, Dr Mariam Djibrilla Maïga, présidente du mouvement des femmes pour la paix et l’unité nationale ; le Nigérien Dr Moumouni Farma et comme modérateur Tiéblé Dramé.
En effet, le forum multi-acteurs sur la gouvernance au Mali est un processus hérité de la dynamique amorcée par le colloque international de Bamako. Il a été conçu comme un espace public de dialogue entre une diversité d’acteurs de la gouvernance au Mali pour échanger autour des problématiques cruciales de gouvernance du pays, et pour identifier les leviers d’action sur lesquels s’appuyer pour tendre vers une gouvernance légitimes et enracinée.
C’est ainsi que depuis son lancement en juin 2008 six(6) séances ont été organisées. Les multi-acteurs ont planché sur la Paix, Stabilité et Développement : Quelle gouvernance de la sécurité au mali ? Cinq thèmes ont été successivement exposés. Il s’agit de la situation de la sécurité en Afrique et au Mali par l’inspecteur général de police Mahamadou Niakaté ; la problématique sécuritaire et gouvernance démocratique de la sécurité au Mali par le Dr Zeïni Moulaye ; les mécanismes de prévention, de régulation et de résolution des conflits au Mali (cas des sociétés touaregs) par Youssouf Ag Ibrahim ; Genre, Paix, Sécurité et Stabilité au Mali par le Dr Mariam Djibrilla Maiga ; la Gestion des conflits en milieu touareg : expérience du Niger par Moumouni Farma du Niger. Le premier a évoqué la situation sécuritaire au Mali dans son ensemble en donnant la définition des concepts sécuritaires. Puis il a exposé la problématique de la sécurité dans ces dimensions nationale et régionale, sur les acteurs du secteur de la sécurité au Mali (physionomie, rôles et responsabilités), sur la politique nationale de sécurité intérieure et de protection civile. Le Dr Zeïni Moulaye, pour sa part, dira qu’investir dans la sécurité c’est investir dans le développement.
Yousouf Ag Ibrahim a soutenu que pour traiter les mécanismes de prévention et de gestions des conflits dans le Mali qui est une mosaïque d’entités socioculturelles présentant des similarités et des différences, il est indispensable d’avoir une connaissance intime de chacune d’elles. Le Dr Mariam Djibrilla Maiga, en définissant le rôle des organisations de la société civile dans la prévention et la gestion des conflits au Mali, a évoqué les facteurs de déstabilisation ou de stabilité. Elle a fait des recommandations s’articulant sur deux aspects à savoir : appuyer la dynamisation des initiatives de paix et de sécurité existante ; appuyer l’initiative de renforcement des capacités genre paix et sécurité.
Le Nigérien Moumouni Farma s’est appesanti sur les enseignements que l’on peut tirer de la démocratie, du développement du Niger et de la réconciliation nationale. Selon lui, sur ce dernier volet, il y a une controverse. L a réconciliation nationale a été prise en partie par quatre arguments : l’absence de conflit, la croyance commune, les relations sociales particulières, la Baraka. « La chance n’est le propre d’aucun pays, elle arrive comme elle s’en va », a dit Moumouni Farma du Niger. Selon lui, il y a une ampleur de travail à réaliser (paix, sécurité gouvernance). Le modérateur, Tiéblé Dramé avant de donner la parole à l’assistance a rappelé que les choses ont évolué dans notre espace.
Il est confronté à de nouvelles menaces qui ont pour nom : le trafic de drogues, Aqmi, les prises d’otages. Le problème du boeing air cocaïne aggravé par le conflit Ivoirien, la Lybie constituent de nouvelles menaces, a-t-il indiqué. Il n’a pas manqué de saluer l’implication du président Amadou Toumani Touré dans la gestion de la crise en 1990 qui, pour lui, fidèle à la tradition, a privilégié le dialogue. Cependant le modérateur a posé des questionnements : quelle gouvernance pour le Mali ? Quel rôle pour les députés ? les femmes ? les mécanismes traditionnels de conflits s’appliquent-ils pour résoudre les problèmes ? Les femmes maliennes sont-elles confrontées aux mêmes problèmes comme les autres femmes en Afrique comme la RDC, le Burundi ? Les différents intervenants n’ont pas manqué de donner leurs points de vue sur la question. L’ancien premier ministre Modibo Keita dira que la paix doit inspirer tout homme. Selon lui, si la preuve est établie qu’il y a conflit, il faut l’accompagner par les moyens : des hommes capables avec des moyens nécessaires.
L’ambassadeur de la France au Mali dira qu’il y a quatre facteurs d’insécurité : la précarité (un facteur social) ; quand l’individu a le sentiment d’être en insécurité ; quand l’individu se sent victime d’injustice, de corruption ; l’impunité c’est-à-dire quand la justice ne punit pas. « Quand il n y a pas d’Etat fort, un Etat intègre, il n y a pas de sécurité », a dit l’ambassadeur de la France. L e député Ibrahim Ag Youssouf a abordé dans le même sens que l’ambassadeur de la France qu’il a invité à maintenir la position de son pays par rapport au Mali. Selon lui, les communautés touaregs sont un corps mais que le gouvernement divise. Il a dénoncé l’impunité, la corruption, l’injustice, le trafic de drogue. Le manque d’intégrité crée un malaise social, a-t-il ajouté. Il n’a pas manqué d’évoquer le cas de marché octroyé à Tarkint actuellement. Après d’autres interventions comme celles du coordinateur du projet Ousmane SY, des ateliers ont été constitués.
Fakara Fainké
Le Républicain 17/06/2011