La santé au Mali en 2012 De grands défis restent à relever

Le Dr Lassana Fofana, Président du Conseil National de l’Ordre des Médecins du Mali, qui s’exprimait au nom des Ordres professionnels de la Santé, n’a pas manqué de pointer du doigt certaines carences. Ainsi, selon lui, «l’évolution fulgurante de la vie sanitaire dans notre pays, avec son corollaire de croissance du nombre de praticiens depuis la libéralisation de la profession, a mis les différents Ordres et plusieurs de vos services de contrôle et de réglementation face à des équations complexes. Il en va ainsi de l’exercice illégal des professions sanitaires; – de la prolifération sauvage des structures privées de santé, particulièrement dans le     District de Bamako et dans les capitales régionales; – de la vente illicite et illégale des médicaments ou d’autres produits sanitaires; – du non respect des prescriptions déontologiques par plusieurs de nos confrères; – des  insuffisances du partenariat public-privé; – des absences répétées de certains praticiens des services publics aux périodes légalement prescrites, pour des prestations dans le secteur privé; – de l’insuffisance et de l’inégale répartition des ressources humaines qualifiées et de l’incontournable question de l’insertion des jeunes diplômés en quête de leur premier emploi».

Ce constat pertinent ne doit pas oblitérer les progrès enregistrés par le Mali dans le domaine de l’accès aux soins de qualité et d’amélioration de l’offre de services, mais il met plus que jamais l’accent sur l’un des obstacles majeurs aux avancées dans de nombreux domaines dans notre pays : la non application stricte des textes en vigueur et l’impunité qui en résulte. Le Pr Mamadou Souncalo Traoré, Secrétaire Général du ministère de la Santé, dans son discours-bilan sur l’année 2011, l’a aussi souligné: les défis majeurs sont «la disponibilité de ressources humaines qualifiées, notamment dans tous les CSCOM et dans les zones défavorisées; la mise en œuvre effective du document de Politique de Développement des Ressources Humaines de Santé (Plans de carrière, de motivation, de formation…) après son adoption par le gouvernement; l’amélioration de la  mobilisation des ressources financières; l’éradication de la poliomyélite et de la dracunculose; l’amélioration de la qualité des soins et de l’utilisation des services et le développement de la qualité des services».

Nonobstant ce qui précède, l’on peut se réjouir de certains acquis, à pérenniser, dans l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Ainsi, en matière d’extension de la couverture sanitaire, environ 60% de la population malienne vit désormais à moins de 5 km d’un CSCOM fonctionnel et 88% à moins de 15 km. Les infrastructures et équipements ont augmenté, avec, fait notable, la mise en service prochaine d’un centre de radiothérapie cancéreuse à l’Hôpital du Mali. C’est en matière de prévention et de lutte contre la maladie que les avancées les plus notables ont été enregistrées, avec l’introduction de nouveaux vaccins dans l’immunisation de routine, dont celui contre le pneumocoque ou celui conjugué contre la méningite à méningocoque A.

Dans la lutte contre le paludisme, l’effort se poursuit, ainsi que pour la prévention de la cécité et le traitement chirurgical de la cataracte mais l’épidémie de choléra qui a touché cinq régions de notre pays (Mopti, Tombouctou, Ségou, Kayes et Gao) montre que la vigilance reste de mise, ainsi que la sensibilisation sur les bonnes pratiques familiales d’hygiène et d’assainissement, ainsi qu’en matière de nutrition. Enfin, comme ceux atteints du VIH Sida, les patients souffrant de la tuberculose, la lèpre, les schistosomiases et géohelminthiases, l’onchocercose, la filariose lymphatique et la dracunculose, ainsi que de certains cancers, ont bénéficié d’une prise en charge gratuite des traitements. Dans le domaine de la santé de la Reproduction (SR), d’importantes campagnes ont été initiées, qu’il s’agisse de celle en faveur de la planification familiales (PF), celle pour la promotion de la maternité sans risques et la campagne «Tous et chacun», pour la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile.

C’est dire que, même si tout ne va pas encore pour le mieux dans le meilleur des mondes de la santé au Mali, il ne faut pas désespérer de ses acteurs, tant publics que privés, et de nos partenaires techniques et financiers. Il importe seulement que le travail soit mené avec engagement, professionnalisme, rigueur, équité et, surtout, probité et que chacun assume pleinement ses responsabilités et soit obligé de rendre des comptes. Ce sont là nos propres vœux au département de la Santé et à ses collaborateurs pour 2012 et toutes les années suivantes!

Ramata Diaouré

22 Septembre 06/02/2012