Le groupe malien Alliance Patriotique contre la Destruction du Mali (APDM) a pris acte de la décision du gouvernement Macron de suspendre unilatéralement sa coopération militaire avec l’armée malienne (FAMA) sans une justification valable le 03 juin 2021. De plus le gouvernement Macron a annoncé sans concertation avec les autorités maliennes, sa volonté de transformer le mandat de BARKHANE et le format des opérations anti-terroristes, ce qui implique le maintien de cette force sur le territoire malien sous une autre forme à travers une coalition internationale Européenne.
Ce revirement intervient après l’échec des opérations Serval, Barkhane et Takouba. Subitement dans un « volte face inédit » face à l’échec de sa stratégie de menace et son isolement diplomatique, le gouvernement français décide de supplier les autorités maliennes de la transition pour rétablir la coopération militaire entre les forces militaires françaises et l’armée malienne. Cet imbroglio diplomatique de la France a toujours caractérisé l’incohérence de la politique française en Afrique. Il ne repose pas sur des valeurs qui fondent les relations respectueuses et égalitaires entre les États souverains. C’est pourquoi plusieurs voix se sont levées pour critiquer la décision du président Emmanuel Macron C’est ainsi que dans un article publié le 22 juin 2021 sous la plume de Maxime Perrotin qui cite l’ancien ambassadeur de la France au Mali Nicolas Normand, celui-ci aurait déclaré pour justifier le revirement de Paris : « c’est le rétablissement de la normalité, il s’agissait d’une suspension ». Il insiste «sur la nécessité pour les deux pays de mettre fin à l’incertitude».
Rappelons que cette incertitude a été créée par l’incohérence de la politique française et elle ne disparaîtra pas dans un contexte de méfiance entretenue par cette coopération qui a atteint ses limites à l’absence de résultats concrets de sécurisation des populations maliennes et de rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire de la République du Mali. Malgré l’annonce d’une reprise unilatérale de la coopération par la France, ses forces sont toujours dans l’illégalité sur le sol malien puisque la décision prise par Macron de rompre cette même coopération en violation du traité de coopération, rend caduque les dispositions de l’accord. Nicolas Normand invoque de nouvelles conditions de coopération. En fait le Mali est un État souverain qui décide de sa propre politique et les autorités maliennes doivent assumer leur
responsabilité dans ce sens. Elles n’ont rien à clarifier comme nouvelles conditions de coopération bilatérale, les premiers accords étant altérés par un partenaire néocolonialiste et de mauvaise foi. Selon M. Normand, «l’une des conditions concerne : «le dialogue que souhaitait ouvrir Bamako avec certains groupes armés dont le chef Touareg Iyad Ag Ghali» D’après lui, il est hors de question pour Paris de négocier avec des groupes armés, mail il ne nous renseigne pas sur les négociations qui ont été menées en faveur de la France pour faire libérer des otages français dans le nord du sahel. Il ne nous dit pas pourquoi le MNLA, un mouvement armé contre Bamako a toujours été un allié de Paris jusqu’à proclamer l’indépendance de l’Azawad sur le territoire français. Ensuite M. Normand a évoqué le retrait du Mali des forces Barkhane, prétendant que « cela permettrait aux groupes djihadistes d’occuper le terrain et de remporter une victoire dans cette guerre » comme si la présence de huit(8 ans) d’opérations militaires de l’armée française au sahel, a pu empêcher les djihadistes et les groupes armés de remporter des victoires contre les forces de serval et Barkhane, mais surtout d’accroitre leurs influences opérationnelles et de semer la terreur. Dans les circonstances une question fondamentale est posée par plusieurs observateurs sur la crise du Mali, y compris M. Jean Luc Mélenchon. « Qui fournit les armes à ces groupes terroristes et qui les finance ? » Une enquête diligentée par le comité scientifique de l’observatoire économique et social(CES) du Burkina Faso aurait identifié une source compromettante de financement du terrorisme au sahel.
La décision du président Emmanuel Macron de suspendre unilatéralement la coopération militaire avec l’armée malienne, n’a pas laissé indifférent un spécialiste des opérations militaires, le colonel Jacques Hogard qui a participé à l’opération Turquoise en 1994. Cité par Maxime Perrotin, le colonel Hogard aurait qualifie la décision unilatérale d’Emmanuel Macron de suspendre la coopération militaire avec le Mali « d’irresponsable de faire ce genre d’annonce » Il poursuit sa critique selon laquelle, « le retrait des forces françaises du sahel, s’ajoute à des années d’erreurs stratégiques commises par Paris au sahel ». Le colonel Hogard persiste dans son argumentation pour dire que « s’arc bouter sur Iyad Ag Ghali et le mettre dans le même sac que les djihadistes de Daesh, là serait l’une des erreurs fondamentales de la France ». Selon lui, «Iyad n’est pas à la base du sentiment anti-français, ni pour la création d’un État islamique dans la région ». Il conclut son analyse sur la nouvelle stratégie de la France qu’il désapprouve en ces termes : « La décision de sous traiter la logistique des troupes françaises à l’OTAN n’est ni plus ni moins qu’une nouvelle illustration de l’abandon de souveraineté et de contrôle de nos propres opérations extérieures »
A l’issue de sa réunion tenue le 6 juillet 2021, le groupe APDM a pris connaissance du décret no. 2016-1565 du 21 novembre 2016 qui définit la base juridique du traité de coopération militaire conclu entre la France et le Mali. Ensuite le groupe APDM a examiné les conséquences juridiques et les implications de cette suspension du traité, se traduisant par une résiliation unilatérale. Nous sommes convaincus que c’est sur un coup de tête émotionnel que M. Macron a pris sa décision de suspension, croyant pouvoir vassaliser l’armée malienne en intimidant Assimi Goita comme il le faisait avec Ibrahim Boubacar Kéita et Bah Ndaw deux traitres à la nation malienne.
RAPPELANT que les deux parties ont signé le traité de coopération susmentionné, sans contrainte et sur la base de libre consentement,
RAPPELANT les objectifs de cette coopération, stipulés à l’article 2, de respecter les engagements internationaux,
RAPPELANT que l’article 26(4) prévoit que chaque partie peut dénoncer le dit traité par le biais d’une notification écrite,
RAPPELANT que tout désaccord ou différend est régi par une procédure qui stipule l’utilisation de la voie de consultation au sein d’un comité de suivi institué par l’article 6 du traité, ou d’explorer la voie diplomatique. Cette disposition semble avoir été ignorée par la partie française à cause de sa décision unilatérale.
RAPPELANT que cette décision du gouvernement français, rend caduque le dit traité et tout autre accord de coopération militaire avec le Mali, transformant le partenariat militaire en force d’occupation.
CONSIDÉRANT le non respect des clauses de ce traité au regard du droit international et les conséquences d’une atteinte grave à la souveraineté territoriale du Mali,
RAPPELANT que les forces BARKHANE ne peuvent plus se déployer ou entreprendre une quelconque opération militaire sur le sol malien, y compris leur déplacement en dehors d’une base juridique et du consentement de la partie malienne,
RAPPELANT que l’article 19(2) du traité consacre en matière de déplacement et circulation des forces françaises, l’obligation d’une demande d’autorisation, de survol et d’atterrissage de ses aéronefs sur le territoire malien dans le cadre des activités prévues à l’article 4 du dit traité conclu entre les deux parties.
RAPPELANT que l’une des conséquences de la décision française est l’altération du libre consentement de la partie malienne au traité de coopération,
RAPPELANT que le gouvernement français doit tirer les conséquences de sa propre décision de façon responsable et respectueuse
RÉAFFIRMANT que le maintien sur le sol malien des forces françaises est illégal et illégitime
RÉAFFIRMANT la rupture de la coopération militaire entre la France et le Mali et le non respect de la souveraineté territoriale du Mali,
Le groupe malien APDM exprime son désaveu de la politique française en matière de coopération miliaire avec le Mali, et exhorte les nouvelles autorités maliennes à assumer leur responsabilité dans les circonstances pour faire signifier courageusement à la partie française la position du peuple malien de retirer du territoire malien, les troupes françaises, sans d’autres concessions.
Fait le 07 juillet 2021
Le Groupe malien Alliance Patriotique contre la Destruction du Mali (APDM)
Source: www.diasporaction.fr