Le Mali, ce n’est un secret pour personne, est un pays pauvre. Ce qui fait que l’Etat n’arrive pas à faire totalement face aux multiples et divers problèmes sociaux auxquels le pays tout entier est confronté.
Au nombre de ces problèmes, nous citons la mendicité qui occupe une place essentielle, surtout en milieu urbain. Elle demeure une vieille pratique qui est à la fois un phénomène social, religieux et culturel.
A Bamako aujourd’hui, les mendiants envahissent en plus des lieux de culte, les centres commerciaux, les boulangeries, les stations, les gares routières, les marchés, les carrefours et autres places publiques. Ils ont aussi un lieu de rendez-vous hebdomadaire, les vendredis, devant la maison d’un homme d’affaires ou d’une personnalité charitable.
Selon le professeur Oumar Traoré de l’I.N.F.T.S lors d’une conférence de presse, la mendicité est très complexe, car pour beaucoup de gens, elle est une émanation de la religion musulmane et une tradition séculaire qu’il convient de respecter. Il a aussi révélé que la mendicité telle qu’elle se pratique actuellement ; prend plusieurs formes : A la mendicité des Talibés et des nécessiteux qui est du reste très ancienne, se sont ajoutées celle des mineurs et celle des jumeaux.
Il est difficile de ne pas dénoncer celle des femmes avec enfants et bébés dans les bras qui se postent aux carrefours des grandes villes et qui offrent un spectacle désolant en soumettant ces pauvres enfants aux rigueurs du froid, du soleil et de la forte chaleur.
Toujours selon le professeur Traoré, les causes fondamentales de la mendicité résident dans la pauvreté grandissante des populations, l’effritement des valeurs de solidarité et d’entre aide, l’exode rural des jeunes et des maitrescoraniques vers la ville, les pesanteurs socioculturelles et religieuses, l’absence d’un véritable programme de lutte contre la mendicité sous toutes ses formes.
Les conséquences, elles sont connues. Il s’agit de l’ignorance de la part des enfants des dangers qu’ils courent du fait de leur présence sur les voies publiques et du fait aussi de la consommation des produits avariés et des aliments toxiques qui leur sont donnés.
Que faire alors ? Faut-il interdire la mendicité ? Faut-il au contraire la réprimander sévèrement ou ouvrir des alternatives à ceux qui sont dans le besoin tout le temps ou occasionnellement ? Quelle est la part de responsabilité de l’Etat, des organisations des droits de l’homme,des associations et organisations caritatives,des élus du peuple par rapport à la protection de ces personnes qui souffrent dans leur chair et dans leur esprit ?
Prosper Ky.
La Révélation 07/02/2011