Monsieur le Président, c’est avec un réel plaisir que je vous adresse cette lettre pour vous dire comment l’image de l’Assemblée nationale ternie sous votre gouverne.
Monsieur le Président, depuis votre arrivée à la tête de l’institution parlementaire, la Maison du Peuple a perdu son lustre d’antan. Autrefois haut lieu des grands débats, Bagadadji est aujourd’hui le théâtre des débats de caniveau. Toute chose qui n’honore pas la représentation nationale. Pire Monsieur le Président, les séances plénières s’apparentent de plus en plus à des cours de récréation où on voit les députés s’amuser, causer ou téléphoner en salle comme des jeunes garçons. Autant nous avons apprécié vos mesures prises pour maintenir le calme dans la salle de plénière, autant nous disons que vous-mêmes vous devriez faire des efforts pour améliorer la conduite des débats.
En réalité Monsieur le Président, vous n’arrivez pas à imposer votre leadership aux députés. Ce qui est préjudiciable à la hauteur des débats qui doivent avoir lieu au sein de l’Hémicycle. Cela met en cause également votre capacité à conduire les débats. C’est pourquoi on assiste incessamment à des prises de bec entre vous et des députés. Lesquels ne comprennent pas très souvent certaines de vos positions. Ce qui fait que de plus en plus, les débats parlementaires ne font plus rêver. Les gens ne perdent plus leur temps à les suivre. En réalité, la qualité des débats de cette législature laisse à désirer.
On est très loin de l’époque où se tenaient à l’Assemblée nationale les grands débats avec des analyses pertinentes. La Place de la République, en tant que temple de la démocratie, doit être le reflet de la bonne santé de notre régime démocratique. Vous devez être le premier à donner l’exemple. Mais que n’a-t-on pas assisté ces derniers temps avec vous ? Vous vous êtes attaqués régulièrement à un symbole de notre démocratie: la presse. Pour quelles raisons ? C’est vous seuls qui pouvez répondre à cette question.
Alors que Dieu seul sait ce que la presse, notamment les membres du Réseau des journalistes parlementaires accomplissent pour vous au quotidien pour porter à la connaissance du peuple ce que vous faites en plénière et les différentes activités que l’Assemblée nationale organise. De tout temps, ce réseau a toujours collaboré en parfaite harmonie avec l’Assemblée nationale. Récemment, vous avez franchi le Rubicon en ordonnant l’arrestation d’un de ses membres. Heureusement que certains députés, qui voient loin que le bout de leur nez, ont empêché la prise de cette décision moyenâgeuse. Il faut comprendre que la presse n’est pas un adversaire mais plutôt un partenaire pour vous.
Monsieur le Président, vendredi dernier seulement, vous avez licencié 12 de vos collaborateurs. C’était la deuxième fois depuis votre arrivée que vous envoyez au chômage des soutiens de famille. Cela est inadmissible dans un pays où avoir un travail relève de la croix et la bannière.
C’était là Monsieur le Président quelques lignes pour vous dire bonjour. Espérant que vous allez attacher une attention particulière à ces maux, nous vous souhaiton une bonne journée. A bientôt !
Youssouf Diallo