Terre des Askia, berceau de Sonni Ali Ber le caractère insoumis de la cité séculairement rebelle a forgé celui entêtant de sa descendance, pourtant on en était informé. Cette jeunesse qui lit qui comprend qui explique et demande des comptes. Il fallait l’écouter.
Gao, il y a des scènes qui marquent, qui indignent et révoltent, celles d’hier s’inscrivent d’ores et déjà dans la pléiade des événements qui pouvaient être empêchés, si le bon sens et la bienveillance avaitent été au rendez-vous. Soit ! Nous nous en souviendrons.
Deux morts, de nombreux blessés : quelle tache pour notre jeune démocratie?
Demeure toute fois cette question centrale : qui a donné l’ordre de tirer ? Elle devra être répondue, la jeunesse malienne exige une réponse.
Dans un état démocratique une armée ouvre-t-elle le feu sur un peuple désarmé ? . Bavure militaire ou réelle volonté d’étouffer le cri d’une jeunesse en désir d’expression. La liberté de manifester un point de vue est un droit fondamental.
Dit-on que le Mali est un Etat de droit, de surcroît démocratique, l’armée ne peut cependant pas agir par fait de Prince. Dans une démocratie quand on agit on rend des comptes, surtout en temps de tensions, les décisions doivent être mûrement réfléchies, point par point. Alors, auprès de qui l’armée a pris son ordre ? Aux autorités locales ? Étaient-ce une initiative personnelle ? Les autorités locales devront impérativement répondre.
La poudrière Mali atteint son paroxysme d’anarchie, il faut agir et vite.
Ces hommes à qui l’on a confié les clefs du Mali pour cinq ans se doivent de maintenir la soupape close. Dirigeants de la majorité comme de l’opposition au risque de vous brûlez les mains, maintenez-la bien fermée. Brûlez-vous, s’il le faut mais ne laissez sous aucun prétexte cette marmite en constante ébullition depuis 2012 nous éclater en pleine figure. Ce n’est dans l’intérêt de personne, le Mali est notre maison, sa quiétude nous honore tous. Vous avez un devoir envers ce pays qui vous a tout donné, donc donnez à ses enfants la dignité tant escomptée. Toute autorité locale, Présidence de région ou de collectivité territoriale, est rattachée à un pays, l’exécutant local ne doit jouir en aucun cas d’indépendance totale, Instance intérimaire fusse-t-elle.
Au delà même de l’indignation que cela peut susciter, au regard de la rude lutte contre le narco-djihadisme (qui rétrécit toute perspective d’avenir pour notre jeunesse), le Mali ne peut se payer le luxe d’une guerre civile. Et toute situation ambiguë est une brèche ouverte pour le diable camouflé à l’intérieur. Ne nous trompons pas d’ennemie.
Des têtes doivent tomber (ceci n’est pas une référence à la guillotine), le peuple l’exige, la jeunesse malienne l’exige. Jeunesse du Mali en rang serré nous porterons cette affaire aux plus hautes instances, nul ne mérite de mourir d’avoir protesté. C’est indigne d’un pays.
Nous ne nous indignons pas en appelant le sang par le sang. Non. L’armée a montré son incapacité à réguler un mouvement une simple marche citoyenne. Simpliste serait la lecture qui octroierait l’entière responsabilité à une seule et même personne. Évidemment le peuple blessé dans sa chair cherche réponse auprès du chef de l’État. Un crime a été commis en terre malienne, la justice ne peut laisser impuni cet acte odieux. Le simpliste fera de l’événement d’hier un problème Nord-Sud. Nous n’avons pas grandi dans un climat de culture de la différence. Tous les enfants du Mali ont grandi dans les mêmes communautés multiculturelles. Notre chance, notre richesse.
Il n’y a qu’un seul Mali, le nôtre, nous formons le même peuple. Tel un seul homme nous nous relèverons, pour un Mali nouveau, en marche.
Jeune du Mali Toune, Hirmakoï Gao !
D.D.SACKO, pour Diasporaction (Diaspora malienne/France)