La Haye – Les Pays-Bas ont appelé lundi leurs ressortissants en Turquie à la prudence dans un nouvel avis aux voyageurs publié après un week-end marqué par une crise diplomatique entre Ankara et La Haye.
« Il y a depuis le 11 mars des tensions diplomatiques entre la Turquie et les Pays-Bas », indique le ministère des Affaires étrangères dans un nouvel avis aux voyageurs sur son site internet : « restez vigilants et évitez les rassemblements et les endroits très fréquentés ».
Les Affaires étrangères ont également déconseillé de voyager près des frontières avec la Syrie et l’Irak, et répété que les voyageurs pouvaient s’enregistrer auprès de l’ambassade.
Samedi soir, les Pays-Bas avaient expulsé la ministre turque de la Famille Fatma Betül Sayan Kaya, qui s’était rendue à Rotterdam après que La Haye ait refusé d’autoriser une visite du chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu.
Environ un millier de manifestants s’étaient mobilisés devant le consulat de Rotterdam pour défendre la venue de la ministre et avaient été dispersés par la police néerlandaise dans le courant de la nuit, à l’aide de chiens, de chevaux et de canons à eau.
La participation de ministres turcs à des meetings visant à promouvoir auprès de la diaspora turque le vote « oui » lors du référendum du 16 avril sur le renforcement des pouvoirs de M. Erdogan a donné lieu ces dernières semaines à des passes d’armes entre Ankara et plusieurs capitales européennes.
Aux Pays-Bas, cette affaire intervient avant les élections législatives prévues mercredi, où le parti du député anti-islam Geert Wilders talonne le parti de Mark Rutte dans les derniers sondages.
L’escalade de la crise entre les deux pays continue : le président Erdogan a promis dimanche aux Pays-Bas de leur faire « payer le prix » de leur attitude, dénonçant un comportement rappelant selon lui « le nazisme et le fascisme ».
Dimanche matin, des manifestants turcs ont brièvement remplacé le drapeau néerlandais par un drapeau turc au consulat des Pays-Bas à Istanbul, bouclé la veille par Ankara.
Face à ces multiples déclarations, le Premier ministre néerlandais a lui aussi durci le ton. « Il est hors de question que des excuses soient faites, ce sont eux qui devraient faire des excuses pour ce qu’ils ont fait hier », a déclaré M. Rutte dimanche après-midi à l’AFP. « C’est une requête folle et totalement impossible », a-t-il ajouté.
(©AFP / 13 mars 2017 10h30)