Jean Yves-Le Drian évoque pour la première fois l’éventualité d’un retrait de l’armée française du Mali et menace les autorités de transition
Alors que le torchon brûle entre Bamako et Paris depuis que le régime de transition a décidé de tisser des liens étroits avec la Fédération de Russie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la France par la voix de son ministre des Affaires étrangères mentionne la possibilité d’un retrait de son armée de notre pays.
«Si les conditions de travail ne sont pas réunies pour qu’on puisse être en mesure d’agir au Mali, on continuera à combattre le terrorisme à côté, avec les autres pays du Sahel qui sont tout à fait demandeurs», a lancé le ministre français des Affaires étrangères dimanche dernier sur France 5. Cette déclaration majeure a été faite à la veille d’une Visio conférence du G5-Sahel devenu politiquement G3 avec la mise à l’écart du Mali et du Burkina Faso.
Le virevoltant ministre des Affaires étrangères français n’a pas manqué de menacer Bamako sur ce qu’il appelle «les conséquences d’un retrait de leurs troupes». Rappelons que plusieurs évènements ont durci les relations entre le gouvernement malien et la France. En mi-janvier, le gouvernement malien, non content des agissements de la France dans la lutte contre le terrorisme, a demandé la révision de l’accord de défense qui les lie. Le 31 janvier dernier, notre ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a décidé d’expulser l’ambassadeur de France au Mali à la suite de propos désobligeants de Jean-Yves Le Drian. Déjà, le 24 janvier 2022, le gouvernement malien avait demandé au Danemark de retirer ses troupes déployées au Mali dans le cadre de la Task force Takuba sans requérir leur consentement.
Cette escalade diplomatique entre les désormais ex-alliés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel a enfin connu son point culminant avec cette annonce tonitruant du Quai d’Orsay qui sera sans doute accueillie au Mali avec entrain. Et pour cause, depuis neuf ans que l’armée française opère au Mali, le terrorisme a gagné tout le pays jusqu’aux portes de la capitale (Bamako) alors qu’il était en 2013 seulement localisé dans une partie du septentrion. L’absence de résultats probants de Barkhane, de Takuba, d’Eucap-Sahel… a fini de convaincre les autorités maliennes sur la nécessité de chercher un partenaire plus efficace afin de libérer le pays.
C’est au même moment que la France a unilatéralement décidé de retirer les bases Barkhane de Kidal, Tessalit et Tombouctou. Le voyage du ministre français des Armées, Florence Parly, à Niamey le 2 février dernier alors que la crise diplomatique entre le Mali et la France bat son plein, n’a pas abouti à un communiqué officiel par rapport à un éventuel retrait de Barkhane dans ce pays voisin du Mali. Selon des sources bien introduites, les autorités nigériennes n’ont pas tendu une oreille attentive à Parly qui cherchait un plan B à un éventuel retrait du Mali.
Hachi Cissé