Contaminé et désormais dominé par les Abeilles, le FDR est devenu boulimique, au point que, dans ce contexte difficile, il s’est montré incapable de faire preuve de pragmatisme et s’est lancé dans des critiques improductives. C’est ainsi qu’il a jugé le gouvernement de Cheick Modibo Diarra «marqué du sceau de l’immobilisme, de l’improvisation et du pilotage à vue», en oubliant superbement que le pays est à terre, avec l’occupation du nord du Mali et les relations difficiles avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux, qui permettraient d’obtenir une aide budgétaire et de procurer de précieux emplois à des milliers de Maliens, déjà en chômage technique.
Siaka Diakité, Tiébilé Dramé, Me Tapo ou Iba N’Diaye (les principaux animateurs du FDR) Premier ministre, il n’est pas sûr que, dans le contexte actuel, il puisse mieux faire que Cheick Modibo Diarra. Avec une armée démoralisée et sous-équipée, même Obama tout seul ne pourrait rien faire au Mali.
Ce qui est souhaitable aujourd’hui, c’est la formation du gouvernement d’union nationale, pour renforcer la légitimité de l’Exécutif, l’organisation d’un Forum national et l’envoi d’une requête, sur une base consensuelle, à l’ONU pour l’envoi de troupes étrangères au Mali en soutien à l’armée nationale, en vue de la libération du Nord du pays.
C’est ce à quoi les familles fondatrices de Bamako se sont attelées, le dimanche 22 juillet, au cours d’une rencontre qui a réuni les principaux regroupements (CSM, FDR, COPAM, IBK Mali 2012, ADPS, Mali Ko) et la société civile, notamment le Haut Conseil Islamique. Tous ont donné leur accord à cette initiative. Les Niaré, les Touré et les Dravé ont même décidé d’aller voir le chef du gouvernement, afin que soit fixée une date pour les concertations. Quarante-huit heures après, le FDR s’est démarqué de cette démarche, sans au préalable en informer ni ses initiateurs ni les autres acteurs politiques. C’est par presse interposée qu’il a remis en cause la dynamique enclenchée, en demandant le départ du PM, accusé au passage de tous les maux.
C’est vraiment une grande duplicité. Ce n’est pas étonnant lorsque l’on sait que c’est le 1er Vice- président de l’ADEMA, Ibrahima N’Diaye, qui tire les ficelles au sein du FDR. Les Abeilles, à travers ce personnage, nous ont habitués à la traîtrise. Allez donc demander à Soumaïla Cissé, de l’URD, et même à l’allié le plus sûr du parti de l’Abeille, Tiébilé Dramé, à qui la grande porte de la Ruche a été récemment fermée.
Peut-on bâtir quelque chose de sérieux avec des gens qui tirent le PM à hue et à dia? Tandis que le FDR réclame son départ, la Convergence pour Sauver le Mali
(CSM), dirigée par Me Mountaga Tall, défend son maintien, au nom de la dynamique consensuelle.
Nous l’avons écrit dans notre précédent éditorial, Dioncounda Traoré doit éviter le piège d’autres troubles, en se mettant au dessus de la mêlée. Il n’est plus le Président de l’ADEMA, mais celui du Mali. Il doit même officialiser sa démission du parti de l’Abeille et se mettre, aujourd’hui plus qu’hier, au service de la Nation.
Chahana Takiou
22 Septembre
(30 Juillet 2012)