Dans une déclaration rendue publique samedi dernier (28 mai 2022), des membres du Comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) dénoncent les manœuvres visant à transformer le mouvement en un instrument au service du Premier ministre de Transition, Dr Choguel Kokalla Maïga.
A l’occasion d’une conférence de presse animée à la Maison de la presse samedi dernier (28 mai 2022), des membres du M5-Rfp (environ une centaine) ont dénoncé des manœuvres diligentées par le Premier ministre de Transition pour s’approprier le mouvement à travers notamment une main mise sur le Comité stratégique. Dans leur déclaration, ils ont aussi dénoncé la volonté de réduire le Comité stratégique en une caisse de résonance au service du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga.
«Nous ne reconnaissons plus le Comité stratégique du M-Rfp dans sa démarche actuelle ! Nous restons profondément attachés à la vision du M5», a précisé Daba Diallo au nom des contestataires. Ces membres entendent agir pour éviter que le M5 et son Comité stratégique soient prisent en otage par le Premier ministre et ses partisans. «Nous ne permettrons à personne de s’approprier le M5-Rfp pour en faire un instrument personnel», ont-ils prévenu.
«Depuis plusieurs mois, nous constatons des dysfonctionnements au sein du Comité stratégique du M5 et ils s’aggravent de jour en jour. L’atmosphère n’est plus la même depuis que la Primature a été donnée au M5-Rfp», ont déploré ces membres de l’instance dirigeante du M5-Rfp.
Pour les contestataires, depuis la nomination de Choguel à la Primature, les décisions de l’instance sont remises en cause. Ainsi, la demande d’EMK (Espoir Mali Kura) de remplacer trois de ses représentants au Comité stratégique a été rejetée pendant que des membres du FSD (Front pour la Sauvegarde de la démocratie) a changé certains de ses représentants au comité. A leur avis, le refus de retirer la plainte du M5 contre le Conseil national de Transition (CNT), malgré l’octroi de la Primature au mouvement, est une manière de maintenir la pression sur les «Cinq Colonels».
«Malgré quelques succès sur le plan sécuritaire, le tableau n’est pas du tout reluisant sur d’autres fronts, notamment sur celui du front de la cohésion et de l’union», a déploré Adane Yattara, vice-présidente des mouvements, plateformes, associations, syndicats et ONG du M5-Rfp. Selon elle, les 17 mesures du M5 ont été tout simplement ignorées et le dossier des martyrs n’évolue pas. «Les scandales des logements sociaux et de la police ont fini par montrer que le bout du tunnel n’est pas pour demain», a-t-elle déploré.
«On ne peut pas combattre nos parents, nos amis, nos collègues qui étaient proches du régime d’IBK pour les mauvaises pratiques et ensuite accepter ces mêmes pratiques sous le règne de quelqu’un d’autre et de surcroît avec le M5-Rfp à la Primature. C’est inconcevable pour tout patriote conscient des idéaux fondamentaux de la lutte du M5-Rfp», a assuré l’un des participants à la conférence organisateurs de la conférence de presse de samedi dernier. C’est pourquoi Ousmane Doumbia, chef de la cellule de communication du M5-Rfp considéré comme le meneur de cette branche dissidente du mouvement, a réclamé la démission de Choguel de la présidence du Comité stratégique. Pour lui, le M5 est un mouvement de veille. «De ce fait, Choguel ne peut pas être juge et partie», a-t-il indiqué.
Pour ainsi contrecarrer toutes ces pratiques et permettre au M5-Rfp de revenir à ses idéaux afin de réussir la Transition, ces dissidents envisagent d’entamer des démarches auprès des forces vives de la nation afin de mobiliser ceux qui aspirent au vrai changement. Ils invitent déjà les camarades à se retrouver autour du bien commun qu’est le Mali.
Oumar Alpha