Quel rôle joue la diaspora dans l’élévation du niveau de vie et le soutien à l’économie locale au Sénégal ?
Papa Birama Thiam : Initialement, l’engagement des diasporas était souvent limité aux aides alimentaires ou au financement de cérémonies familiales. La contribution était certes généreuse, mais parfois éparpillée et sans vision à long terme. Aujourd’hui, les projets sont mieux structurés et portent sur des domaines essentiels : éducation, formation, santé, allègement de la charge des femmes par l’accès à l’eau potable. Grâce à ces initiatives, la diaspora contribue concrètement à l’amélioration du capital humain au Sénégal.
Sur le plan économique, nous avons développé un programme évolutif « du social au productif ». Il s’agit d’inciter les associations de la diaspora à se transformer en sociétés d’investissement pour financer des projets générateurs d’emplois, comme les TPE-PME, coopératives agricoles ou établissements scolaires. Avec Corédia, une association regroupant en France 3 000 membres attachés à la ville de Diawara, nous expérimentons ce modèle. En rassemblant 1 000 adhérents cotisant 100 euros par mois sur dix mois, nous pouvons lever un million d’euros pour investir dans une exploitation agricole de 100 hectares, avec une usine de transformation et un système d’irrigation. Un tel projet pourrait générer 100 emplois
La diaspora sénégalaise transfère chaque année plus de 1 500 milliards de francs CFA (10,5 % du PIB) au Sénégal. Une banque dédiée à la diaspora est-elle nécessaire selon vous ?
Absolument. L’un des obstacles majeurs reste l’accès au crédit pour les investissements de la diaspora, souvent freinés par les banques qui perçoivent un risque dans la résidence étrangère des investisseurs. Nous avons tenté de mettre en place un fonds de garantie avec le Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (PAISD), mais cela n’a pas suffi à rassurer les banques. Une banque spécifiquement dédiée aux besoins de la diaspora pourrait combler ce manque et orienter les ressources vers des projets productifs pour le Sénégal.
Comment le PAISD participe-t-il concrètement aux projets menés par Corédia à Diawara ?
À Diawara, avec Corédia et le soutien de l’AFD, nous avons mené plusieurs projets essentiels, dont la construction d’un lycée et l’amélioration de l’accès à l’eau potable. Paradoxalement, bien que située près du fleuve Sénégal, cette ville n’avait un accès à l’eau potable que durant quelques heures en pleine nuit. Le PAISD accompagne la diaspora en structurant et en cofinançant les projets, en les aidant à gérer des appels d’offres et à travailler en transparence avec l’État et les autorités locales. Ce n’est pas une donation, mais un investissement pour que les communautés puissent gérer de manière autonome d’autres projets à long terme. La construction de ce lycée, qui accueillera des élèves des environs de Diawara, représente bien cet esprit de mutualisation et de renforcement des ca
Quels sont les objectifs de la prochaine phase (4) du PAISD en partenariat avec l’AFD ?
Nous souhaitons encourager l’implication de la diaspora dans l’accès aux loisirs inclusifs en finançant des infrastructures sportives de proximité. Alors que le Sénégal s’apprête à accueillir les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ 2026), il est crucial que les enfants des régions reculées puissent également pratiquer des activités sportives dans des conditions adéquates. L’objectif est de leur offrir de véritables infrastructures : terrains de basket, gazons synthétiques pour le foot, etc. C’est une manière de promouvoir l’égalité d’accès à l’éducation sportive.
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