La population africaine en Chine est plus ou moins composée de trois catégories de personnes : un petit nombre de diplomates, un nombre d’étudiants et une grande majorité de commerçants et entrepreneurs. C’est autant dire qu’en dehors des commerçants, entrepreneurs et fonctionnaires internationaux africains, la présence des étudiants africains en Chine n’a cessé d’accroitre. Les étudiants africains représentent aujourd’hui près de 14% du nombre total d’étudiants internationaux en Chine alors qu’ils étaient à peine 2% en 2003. En 2018, ils étaient plus de 80 000 étudiants africains dans l’Empire du Milieu, classant ainsi le pays d’Asie à la deuxième place des destinations privilégiées des étudiants d’Afrique, derrière la France.La diaspora africaine qui est présente dans le monde entier est le fruit de trois grandes vagues de migration. Dans ces trois grandes vagues de migration, nous avons entre autres celle historique, qui est liée notamment au processus de décolonisation dont l’Afrique a été victime, il y a aussi cette diaspora actuelle qui est motivée surtout par la situation socio-économique et politique des pays africains. Ainsi, nous avons la fameuse citation selon laquelle : « Quand il y avait autrefois des dispersions, il y a maintenant la diaspora » . Partant de cette illustre citation, il est évident que la notion de diaspora souligne la spécificité de certains phénomènes migratoires, contribuant ainsi à donner un sens à certains mouvements transnationaux. La question de savoir qu’est-ce qu’une diaspora peut tarauder dans les esprits. En effet, étymologiquement, le mot diaspora, qui signifie dispersion, provient du grec sporo (graine) et speira (spree). À l’origine, il était utilisé dans la tradition antique pour désigner la « dispersion des établissements helléniques autour de la mer Méditerranée » . Plus tard, dans la tradition biblique, il a été utilisé pour discuter de la dispersion du peuple juif. Par ailleurs, L’Union africaine a défini la diaspora comme « des personnes d’origine africaine vivant en dehors du continent, quelque soit leur citoyenneté et leur nationalité et qui souhaitent contribuer au développement du continent et à la construction de l’Union africaine ». L’Union africaine considère la diaspora africaine comme sa sixième région.
Par ailleurs, après l’ouverture de la Chine vers le monde extérieur rentrant dans le cadre des réformes initiées par l’énigmatique Deng Xiaoping en 1978, les vagues successives de migrants se sont déferlées sur la Chine. C’était majoritairement des Européens, de Nord-Américains, d’Océaniens et certaines nationalités des pays voisins, entre autres la Corée du Sud et le Japon. En effet, compte tenu des opportunités commerciales et d’affaires qui s’offraient après cette fameuse ouverture de la Chine, cet afflux migratoire était compréhensible. Ces hommes et femmes d’affaires en provenance des pays précédemment cités étaient plutôt en quête de ces opportunités commerciales que des candidats naturels à l’immigration économique au vrai sens du terme. Cependant, de nos jours, la donne migratoire a radicalement changé à cause notamment de la mondialisation croissante et le boom économique de l’empire du milieu. C’est ainsi l’immigration africaine croissante s’est ajouté aux flux migratoires habituels. Finalement, s’y est ajouté ce flux estudiantin au bénéfice de l’octroi des bourses aux étudiants étrangers par le gouvernement chinois et aussi l’importance et l’internationalisation du mandarin qui est devenu un élément clé de cette nouvelle Chine qui se mondialise et qui veut « mondialiser » sa culture. Cet intérêt au mandarin est aussi lié aux opportunités qui s’offrent après son apprentissage, notamment sur le plan de l’emploi et aussi la faciliter de mener son business sans barrière linguistique car la Chine est avant tout un monde de business.
En faisant un peu le cours d’histoire, nous dirons que les relations entre la Chine et l’Afrique ne datent pas d’aujourd’hui. La politique tiers-mondiste sous l’ère de l’énigmatique Mao Tse-tung a fait que les tendances migratoires ont découlé – dans un sens comme dans l’autre-. En effet, en 1956 la Chine a signé des accords bilatéraux avec des pays africains – Guinée, Égypte, Soudan, Maroc, Algérie –. Les relations commerciales, aux yeux des signataires de ces accords bilatéraux, étaient primordiales. Elles devaient avoir une priorité conséquente. Au début des années 1960, dix-neuf États nord- et sub-sahariens ont noué des relations officielles avec Pékin.
Parallèlement à l’envoi d’un nombre important d’experts par l’empire du milieu, quelques milliers d’étudiants et stagiaires africains prennent le chemin inverse pour se former dans les universités et centres d’apprentissage chinois. Si le gouvernement chinois encourage l’arrivée de ces étudiants en leur octroyant généreusement des bourses, il exclut fermement leur installation permanente ou simplement durable. À l’issue de leur formation ou de leur mission, ces étudiants africains sont instamment priés de quitter le pays hôte. Néanmoins, certains, en s’agrippant à la première opportunité d’emploi ou de business qui s’offre, parviennent à y rester pour mener leur nouvelle vie.
Les populations africaines qui vivent des conditions de vie très difficiles se voient obligées, sous l’effet des ambitions personnelles et collectives, à quitter leur pays d’origine pour d’autres « cieux meilleurs » ou d’autres eldorados réels ou imaginaires afin de pouvoir construire une fortune qui peut non seulement leurs être rentable, mais aussi à leurs familles et proches. La précarité de leur vie et celle de leur famille les poussent à s’éparpiller un peu partout dans le monde dans le souci e pouvoir trouver une manne pécuniaire qui peut leur permettre de changer leurs vies et celle de leurs communauté. Ce départ vers l’étranger à la recherche d’une vie meilleure peut avoir des impacts positifs financiers à différents niveaux : un impact positif économique sur la vie de ces diasporas, un impact positif économique sur la vie de leur communauté et éventuellement, un impact positif économique sur la croissance économique leurs pays d’origine.
Même si certains minimisent le montant de l’argent envoyé par la diaspora africaine, y comprise celle de la Chine, il est indéniable qu’il peut jouer un certain rôle dans la vie économique en Afrique. Particularité est faite à la diaspora africaine en Chine, commerçants, entrepreneurs et étudiants tous confondus, qui fait preuve de beaucoup d’envois de fonds vers l’Afrique chaque année. Ces fonds jouent un très grand rôle, de l’aide aux proches et aux connaissances dans leurs métiers informels, la participation à la construction de certaines infrastructures scolaires et routières dans des contrées, au financement des petites entreprises qui stimulent l’économie locale à travers des activités économies précises. Par ailleurs, les étudiants africains ont leurs partitions dans les deux cas en ce sens que beaucoup d’entre eux envoient aussi des fonds à leurs proches, parents et connaissances et aussi ils contribuent à promouvoir la culture africaine en Chine et vice versa.
L’auteur, Abdoulaye M’Begniga, doctorant en Chine
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