Vienne – La crise au Venezuela entraîne une fonte de la production de pétrole de ce membre fondateur de l’Opep, ce qui aide ce cartel dans sa lutte pour réduire l’offre sur le marché mondial.
Signe de l’instabilité qui secoue actuellement le Venezuela, le général Manuel Quevedo, fraîchement nommé ministre du Pétrole à la tête de la compagnie pétrolière PDVSA, va rejoindre ses confrères des pays de l’Opep et de leurs partenaires, jeudi à Vienne.
Il a été nommé dimanche par le président Nicolas Maduro pour faire face à la crise qui paralyse le Venezuela, mais qui profite à l’Opep.
Alors que des pays producteurs se sont engagés fin 2016 à limiter leur production pour permettre au marché de retrouver l’équilibre, la production vénézuélienne aurait chuté à son plus bas en près de trente ans, selon des analystes interrogés par l’agence Bloomberg.
– Fonte des investissements –
« Au début de l’année, les marchés s’inquiétaient du risque que le Venezuela ne respecte pas les limitations de production mises en place par l’Opep. En réalité, le pays produit en deçà de son objectif, et ne montre aucun signe de pouvoir retourner la situation à court terme, ou même avant fin 2018 », a expliqué à l’AFP Richard Mallinson, analyste géopolitique chez Energy Aspects.
Le Venezuela et sa compagnie nationale PDVSA croulent sous des dettes énormes, alors même que le gouvernement du président socialiste Nicolas Maduro fait face à une grave crise politique.
Au moment où les champs pétroliers les plus anciens, qui commencent à tarir, devraient être remplacés, le Venezuela n’a plus les moyens financiers de renouveler sa production.
« PDVSA ne peut plus se permettre d’importer les matériaux nécessaires pour gérer la baisse de sa production, et en même temps, il ne peut plus importer de pétrole, une autre facette du manque d’investissement », a résumé pour l’AFP Joel Hancock, analyste spécialiste du pétrole chez Natixis.
Si le pays possède les réserves les plus importantes de brut au monde, il s’agit d’un pétrole très lourd, qui doit être mélangé à des pétroles importés plus légers pour pouvoir être vendu sur le marché mondial.
Résultat, le Venezuela se retrouve involontairement l’un des meilleurs élèves de l’Opep. En octobre, sa production était de 1,94 million de barils par jour, soit une baisse de 160.000 barils par jour par rapport au même mois de l’année précédente, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Le Venezuela respecterait ainsi son objectif à 165%, contre 92% pour l’ensemble des pays de l’Opep participant à l’accord.
– Tensions avec les Etats-Unis –
La baisse de la production du Venezuela « a particulièrement profité à l’Opep car cette production allait vers la côte des Etats-Unis du golfe du Mexique, qui est un repère important pour les marchés », a relevé Richard Mallinson.
L’objectif officiel de l’Opep est de diminuer le niveau des réserves de brut des pays de l’OCDE, et le Département américain de l’Energie publie chaque semaine des données sur ses stocks, un des baromètres les plus suivis par les marchés.
Les investisseurs craignent également que PDVSA n’achève de s’écrouler. Le groupe pourrait faire défaut sur sa dette ou la Maison Blanche pourrait décider d’asséner un coup fatal au gouvernement de Nicolas Maduro en mettant en place un embargo sur le pétrole vénézuélien.
Alors que l’Opep et ses partenaires pourraient renouveler leur accord jeudi jusqu’à fin 2018, la situation vénézuélienne pourrait pousser le cartel à la prudence.
« Il faut voir les problèmes qu’il y a au Venezuela, à quel point la situation peut-elle se dégrader ? C’est dur à dire, tout d’un coup, il se pourrait que réduire la production (mondiale) soit inutile, et qu’au contraire, il faille augmenter la cadence », a jugé Bjarne Schieldrop, analyste matières premières chez SEB, interrogé par l’AFP.
(©AFP / 28 novembre 2017 11h36)