« L’aide bilatérale du Canada au Mali a commencé en 1961, un an après que le pays eut accédé à l’indépendance, avec une contribution de 6 000 $. Au cours des années 1960, le flux d’aide bilatérale a augmenté, mais est resté très modeste, avec une moyenne de 51 555 $ par année. C’est à la suite de la grande famine causée par la sécheresse de 1973-1974 que l’aide bilatérale a fait un bond, se chiffrant pour cet exercice-là à 3 165 000 $. Remontant aux années 1970 où elle se limitait à un très petit nombre d’offres de bourses d’études (2 à 3 professeurs) et l’assistance de quelques coopérants à l’enseignement secondaire ». La coopération entre le Canada et le Mali n’a cessé depuis lors de se développer avec notamment l’ouverture en 1974 d’un Bureau de l’Ambassade du Canada à Bamako et surtout la signature le 21 Juin 1984 du premier Accord Général de Coopération au Développement. Dans le cadre du projet bilatéral Appui à la réforme de la justice, l’ACDI offre un soutien technique et financier au Comité de pilotage du Programme de la réforme des 22 justices (PRODEJ) du gouvernement malien, dans le but de permettre la formulation d’une stratégie de réforme de la justice à moyen et à long terme. Un forum national sur la question a eu lieu à Bamako du 30 mars au 3 avril 1999, représentant le point culminant d’un processus de consultations publiques à l’échelle du pays. L’ACDI a fourni un appui soutenu au comité organisateur du forum. Un fonctionnaire du ministère de la Justice du Canada y a participé comme chef de la délégation canadienne, accompagné d’un collègue ainsi que d’un juge de la Cour d’appel du Québec. Le forum a donné lieu à deux événements auxquels ont participé des Canadiens. D’abord, en juin 1999, une délégation du ministère de la Justice du Mali, incluant le ministre, s’est rendue au Canada afin de constater sur place le fonctionnement de l’appareil judiciaire canadien.
Cependant, le mécanisme de concertation de la coopération entre les deux pays s’effectue dans le cadre de consultations bilatérales périodiques (tous les 2 ou 3 ans). Et le Mali reste un des six pays africain de concentration de l’aide canadienne à travers surtout son programme bilatéral quinquennal qui prend en charge des problèmes précis comme l’environnement, le désenclavement, le développement économique , la lutte contre la pauvreté ,la bonne gouvernance etc. Par ailleurs, le canal des programmes spéciaux est très actif. A cet égard, le Canada intervient aux niveaux du :
Prodej (Programme Décennal de Développement de la Justice):
Il compte entre autres objectifs le renforcement de l’encrage de l’Etat de droit, notamment le respect et la promotion des droits de la personne humaine par le pouvoir judiciaire. L’appui canadien vise à restaurer la confiance des citoyens à l’égard de leur système judiciaire et à lutter contre la criminalité et la corruption, condition nécessaire à la sécurisation des investissements privés.
Prodec (Programme Décennal de Développement de l’Education): Il a la charge de la refondation du système éducatif au Mali. Ce programme vise à atténuer le retard observé au niveau de l’éducation de base en se donnant comme objectif de faire passer le taux brut de scolarisation du premier cycle de l’école de 42% à 75% en 2007.
PRODESS (Programme Décennal de Développement Sanitaire et Social): Coordonnant l’ensemble des efforts nationaux, celui-ci vise à étendre la couverture sanitaire. Il devra en effet permettre à tout citoyen d’avoir accès à des services de santé de base dans un rayon de moins de 15 km de son lieu de résidence. Comme on peut le constater, si la coopération gouvernementale est excellente entre les deux pays, il n’en reste pas moins vrai que la coopération entre privés canadiens et privés maliens demeure très timide, largement en dessous des potentialités qu’elle offre. Le niveau des échanges commerciaux ne dépasse pas plus de 10 millions de dollars/ an.
Certes, quelques investisseurs canadiens (Ashton Mining/ Mink , Barrick Gold, CRC-Sogema, Iamgold, Nevsun) sont présents au Mali dans le secteur des mines où le pays est le 3ème producteur africain d’or avec 55 tonnes en 2007. Par ailleurs, le groupement franco-canadien Canac-Getma a été déclaré le 5 Mars 2003 adjucataire de la concession du chemin de fer Bamako-Dakar long de 1286 km pour un montant de 15 milliards FCFA. En dehors de ces deux grands secteurs, la coopération industrielle est presque inexistante alors que le Mali dispose Des atouts sérieux ; code d’investissement très incitatif, stabilité politique, faible coût de la main d’œuvre, ressources agricoles très abondantes et variées.
Grâce à une approche intégrée, le Canada est déterminé à appuyer le Mali dans ses efforts pour surmonter l’instabilité à laquelle il fait face depuis 2012 et bâtir un avenir meilleur pour tous les Maliens. En étroite collaboration avec le Mali et ses partenaires internationaux, le Canada contribue aux efforts pour mettre en place une paix durable, un développement durable et une prospérité au service de tous. Il est important d’investir spécifiquement au Mali, puisque l’instabilité du pays affecte négativement l’ensemble de la région du Sahel en augmentant les risques contre les investissements et les ressortissants canadiens et en rendant difficile la participation active des femmes dans le processus de paix – ce qui a comme effet d’exacerber l’inégalité entre les genres et les conflits.
Pour ce faire, le travail du Canada au Mali est axé sur les objectifs suivants :
- Accroître l’engagement diplomatique du Canada au Mali
- Améliorer la vie des Maliens, en particulier des femmes et des enfants, en réduisant la pauvreté et les inégalités au moyen de programmes de développement
- Fournir une aide humanitaire vitale à ceux qui en ont besoin
- Soutenir une croissance économique qui profite à tous grâce à la promotion du développement durable et à l’augmentation des investissements
- Soutenir la réforme du secteur de la sécurité, incluant la gestion des armes légères et de petit calibre
- Soutenir la paix et la réconciliation au Mali par l’appui à une gamme d’activités pour promouvoir la stabilité, l’inclusion et l’égalité des genres, lutter contre le terrorisme et encourager le dialogue entre le gouvernement et les groupes armés, et ce, afin d’établir une paix durable
- Prévenir l’extrémisme violent et participer à la protection des civils affectés par le confit
L’approche pangouvernementale du Canada repose sur plus de cinq décennies de coopération avec le Mali, où le Canada est reconnu comme un partenaire crédible et stratégique.
Assitan DIAKITE
Source: L’Alternance