En débat sur Radio Klédu, le Président d’honneur et probable candidat de l’ADP-Maliba, s’est livré à une diatribe vexatoire contre ses adversaires de 2018, IBK et Soumaila Cissé et pense que leur absence de la scène politique, le premier après le coup d’Etat et le second après le rappel à Dieu, n’est que justice divine.
Alou Boubacar Diallo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a fait feu de tout bois en s’attaquant à ses devanciers et pense sans ambages qu’il est désormais le premier national et qu’aucun obstacle ne semble se dresser devant lui pouvant l’empêcher d’atteindre Koulouba à la prochaine présidentielle. Il se serait déjà autoproclamé président du Mali avant les élections.
A-t-il la boulimie du pouvoir ou est-il atteint d’immaturité politique ?
Pourrait-on prétendre gouverner un pays en crise multidimensionnelle comme le Mali sans un large rassemblement ?
N’est-il pas en train de se mettre à dos le RPM et l’URD ?
Le débat politique de la Radio Klédu est une excellente tribune permettant aux leaders de tous bords et de tous acabits de s’adresser à l’opinion publique.
Ce cadre idoine, qu’est le débat, devrait surtout servir de moyen aux hommes politiques de communiquer sur leur vision et programme de gouvernance, de convaincre les électeurs, afin qu’ils prennent fait et cause pour eux.
Mais celui du jeudi 8 avril 2021 dont l’invité était le Président d’honneur de l’ADP-Maliba, Alou Boubacar Diallo avait tout l’air d’un tribunal contre ses adversaires politiques de 2018, à savoir IBK réélu président et Soumaila Cissé son challenger arrivé deuxième.
Pour Alou Boubacar Diallo, le coup d’Etat qui a renversé le Président de la République, IBK et le décès brutal de Soumaila Cissé ne sont que justice divine, car c’est sa victoire qui lui aurait été retirée sinon c’est lui qui se serait fait élire Président de la République.
Pour ABD, si les résultats n’avaient pas été tripatouillés en faveur des deux premiers, il serait là en train de gouverner le Mali.
Donc, il a la ferme conviction qu’IBK et Soumaila Cissé n’étant plus sur la scène politique, il a un grand boulevard ouvert vers Koulouba, le palais présidentiel.
Les propos d’Alou Boubacar Diallo seraient ceux d’un néophyte en politique.
Et le hic est qu’il feint d’oublier qu’une élection présidentielle n’est jamais une arithmétique et elle ne se gagne pas également à l’aune du nombre de billets de banque distribués.
Parlant des résultats tripatouillés en sa défaveur, Alou B Diallo aurait dû apporter des preuves de la fraude avant d’affirmer.
Il devrait comprendre que les deux premiers, à savoir IBK et Soumaila Cissé, étaient les deux candidats issus des deux de trois plus grands partis politiques au Mali, à savoir le RPM et l’URD.
Comme en attestent d’ailleurs les résultats des élections législatives et communales.
La deuxième grande remarque serait que ce sont les deux premiers qui avaient été beaucoup plus présents sur le terrain politique durant les vingt dernières années et beaucoup plus actifs durant le mandat d’IBK.
Donc parler de tripatouillage, c’était bien possible, mais même sans tripatouillage, les deux premiers allaient se qualifier pour le second tour, certainement avec un autre ordre.
S’agissant de sa victoire à la prochaine présidentielle, si elle devrait se réaliser ce ne serait pas sur la base d’un calcul mathématique, mais d’un programme cohérent, prenant en compte les aspirations profondes du peuple malien.
Qu’il sache que ni le contexte encore moins les acteurs politiques de 2018, ne sont pas ceux de 2022 et que le coup d’Etat a non seulement mis le compteur politique à zéro, mais aussi a mis tous les candidats à la case départ et à égalité de chances.
Que Alou B Diallo comprenne qu’il est comptable du bilan d’IBK jusqu’à 70% ce qui serait une de ses faiblesses.
En plus de cela il aura en face de lui d’autres mastodontes de la scène politique malienne et des jeunes loups aux dents acérées.
Le débat du jeudi était une occasion de marquer des points en mettant l’accent sur son programme de gouvernement au lieu de consacrer le large de son temps à faire un lyrisme personnel.
Il a encore, une fois de plus, fait une sortie ratée. Et s’il, comme il le souhaite d’ailleurs, devrait être le prochain président du Mali, il aura du mal à gouverner, car il se mettra sur le dos tous les grands partis et ne semble pas être un grand rassembleur.
Le prochain Président de la République du Mali devra se considérer comme un Président de transition en rassemblant le plus largement possible
Youssouf Sissoko