La messe semble pourtant dite. L’ambiance bon enfant des fins de séances sera pour un autre jour. Tout comme le futur gouvernement. Avec ou sans Modibo Sidibé à sa tête ? Difficile d’être catégorique là-dessus. Les Premiers ministres successifs d’Att sont presque tous partis sans vraiment s’y attendre. « Ils perçoivent les signaux qu’entre eux et le boss, il y a comme quelque chose de cassé », constate un connaisseur du président. « Mais celui-ci a toujours le bon mot et il sait cacher son jeu. Il ne vous dit pas à l’avance, il vous surprend à l’instant T », poursuit l’exégète. Ce fut le cas pour Mohamed Ag Hamani et son successeur Ousmane Issoufi Maiga. Idem pour Modibo Sidibé qui aurait bouclé sa quatrième année à la primature en septembre 2011. Il y a deux sons de cloches et ils contrastent gravement. « Le PM a été tout autant surpris que ses ministres. Il ne savait pas avant », jurent certains. « C’est inimaginable », s’offusquent d’autres pour lesquels Modibo Sidibé ne pouvait pas ne pas être au parfum. A moins que nous ne soyions « en pleine crise de régime », à leur avis.
Ce qui est, par contre, incontestable, c’est que des chefs de partis avaient été informés de la décision présidentielle de dissoudre le gouvernement, certains avant même la fin du conseil de ministres. Le premier cercle du président aura même eu le privilège d’avoir été « briefé » la veille. Il reste vrai que la procédure républicaine, à savoir obtenir d’abord la démission du Premier ministre a pu ne pas être observée. Personne n’avait non plus – à l’heure où cet article s’écrivait en tout cas- entendu le président accepter la démission du gouvernement et de son chef.
C’est bel et bien un limogeage donc. Et dans ces conditions même si ce n’est pas « entièrement à exclure », prévient toujours le même connaisseur d’Att, il « serait étonnant que le président renouvelle sa confiance au PM sortant et lui demande de lui proposer un nouveau gouvernement dans les heures à venir ». Modibo Sidibé sort-il alors pour tenter sa chance à la présidentielle de 2012 ? Il aura du mal à convaincre que ce n’est pas le cas. Le président aussi.
Adam Thiam
Le Républicain 31/03/2011