La situation au nord est une aubaine. Le problème entre l’Afrique du nord et l’Afrique subsaharienne est qu’on ne se regarde pas, on ne s’écoute pas. Automatiquement on devient une arrière-cour pour les affaires. On appelle les multinationales pour exploiter l’Afrique subsaharienne. La Cedeao a sacrifié le Mali sur l’autel du libéralisme et de la démocratie ainsi que sur celui de la lutte contre le terrorisme.
Les maliens n’ont malheureusement rien compris. C’est ça mon gros problème aujourd’hui. Il y a une sorte de déni de ce qui s’est passé dans cette partie de l’Afrique. Parce qu’il y a vingt ans, on a vécu ce qui vient de se passer ici en Tunisie. Moussa Traoré est resté au pouvoir pendant 23 ans, comme Ben Ali. Ce sont les étudiants qui sont sortis et certains ont été massacrés; nous avons-nous aussi nos martyrs.
Pendant 20 ans on s’est trompé de défis. Personne ne s’est posé la question sur l’économie. Les démocrates révolutionnaires sont devenus milliardaires et libéraux. Mais la question du projet politique est une question cruciale. Chaque fois que l’on part aux élections, on mesurait la santé de notre démocratie par rapport au nombre d’associations ou de partis politiques et la liberté d’expression. Mais personne ne questionnait ou jugeait le système, parce que tout le monde compte en profiter.
Les soldats africains sont installés, malgré eux pour la plupart, dans la terrible posture de nouveaux tirailleurs sénégalais au service de l’ancienne puissance coloniale pour le contrôle des richesses de l’Afrique. L’avaient-ils compris, ils en seraient peu fiers et chercheraient certainement à mieux asseoir leur fraternité d’armes entre africains, à faire de la libération et de la sécurité du Mali leur propre et exclusive préoccupation, pour faire de cette occasion malheureuse un début heureux de libération de l’Afrique en souvenir réparateur des méchantes tueries du camp de Thiaroye au Sénégal.
Mais la Cedeao n’a rien compris. Question maintenant, il n’y a pas de ville libérée ? Toutes les villes libérées sont occupées et les populations libérées meurent de faim. La frontière algérienne est fermée, rien ne passe, rien ne vient du sud. Ces gens n’ont pas à manger et ils n’ont pas de recours, les « islamistes » sont dispersés, ils ne sont pas partis. Maintenant, la France veut être remplacée par quinze mille casques bleus; ce qui va coûter annuellement plus de 1milliards et cent millions d’euros.
Le budget que le Mali n’a jamais espèré avoir pour se développer, il va l’avoir maintenant au nom de la lutte contre le terrorisme. Mais rien ne revient au Mali, l’Etat malien est pauvre, les associations maliennes sont pauvres et tout cet argent qui circule au nom de la paix au Mali va dans la poche des seigneurs de guerre et de leur propre ONG. Pas de paix sans justice.
Madame Dramane Traoré a lancé un appel aux fanatiques qui sont retranchés dans les collines et montagnes de Teghar guar dont la plupart sont des jeunes et des combattants malgré eux. On peut sauver ces enfants là. On peut faire la paix. Comment négocier avec ceux qui disent notre loi ou rien du tout ? Comment sauver nos enfants égarés ? Comment sauver le Mali ? Ne pas faire la part belle aux fauteurs qui viennent de Lybie, de la Somalie ou d’Afghanistan.
Ashamas
www.diasporaction.com 2013-04-14 09:59:30