Que pensez-vous du débat actuel sur le choix d’un fichier électoral tiré du RACE ou du RAVEC ?
Pour un départ, le souhait de notre parti était d’avoir un fichier électoral biométrique qui nous mettrait à l’abri de toutes les fraudes, en permettant une bonne identification des électeurs. Mais, à l’évaluation du Ravec, nous nous sommes rendu compte qu’on courait le risque de ne pas avoir un fichier avant la date des élections. Aujourd’hui, le seul fichier disponible étant celui tiré du Race, nous avons estimé qu’il serait mieux de le corriger rapidement et d’en tirer un ficher consensuel qui puisse permettre au Mali d’avoir des élections apaisées. Ceci dit, il ne faut pas se focaliser sur le seul fichier électoral, même s’il reste un élément très important pour les élections. Il y a d’autres éléments qui rentrent en ligne de compte, notamment la formation des agents électoraux et le dispositif à mettre en place pour permettre aux citoyens d’accomplir leur devoir civique le jour du vote.
Quelle appréciation faites-vous des réformes constitutionnelle annoncées ?
Nous avons mené une grande réflexion sur les réformes depuis le rapport de la Commission Daba. Nous sommes très mal placés pour dire que la reforme n’est pas opportune. A l’époque, pour renforcer la démocratie malienne, nous avions estimé qu’il fallait réviser la constitution. Mais, étant donné le fait que le contenu du texte a évolué depuis le rapport de la Commission Daba, nous allons analyser, dès aujourd’hui, le projet de loi, afin que nos députés profitent du débat parlementaire en cours pour avoir des réponses claires à nos appréhensions. Mais, notre souhait était que tout le corps politique et social du pays puisse être associé au débat avant que le texte ne soit sur le bureau de l’Assemblée nationale, la constitution étant un contrat social. Cela n’a pas été possible et les discussions auront lieu dans les institutions.
Quelle est votre lecture du contexte politique et social actuel du pays ?
Le contexte politique et social du pays est très préoccupant. Nous sommes dans un contexte démocratique où les partis sont très affaiblis. Cela est très dangereux dans un pays comme le nôtre où la majorité de la population est constituée de jeunes qui ne s’intéressent pas à la politique. Nous avons un pays qui est inondé par l’argent de la drogue et les élections seront le lieu de blanchiment de cet argent. Aussi, il faut dire que la démocratie malienne ne permet pas la résolution des préoccupations des Maliens et cela pose problème. Par ailleurs, la sous-région est caractérisée par une instabilité et cela n’est pas rassurant pour notre pays. Il faut que l’ensemble de la classe politique malienne prenne conscience de tous ces dangers. L’engagement commun que nous avons eu pour le peuple malien est aujourd’hui en cause.
Quelle est votre analyse sur les différentes incursions de l’armée mauritanienne sur notre territoire ?
Nous sommes un parti engagé pour la cause de l’Afrique, mais nous avons un grand souci quant à l’intégrité de notre territoire. Même si les incursions de l’armée mauritanienne rentrent dans le cadre d’un intérêt commun, nous estimons que le Mali doit avoir la maîtrise de son territoire. Notre pays apparaît comme un lieu de confrontation et de refuge de tous les bandits. Cela est une forte interpellation et notre parti est dans une grande réflexion pour trouver des réponses à ce problème. Qu’à cela ne tienne, nous avons collectivement salué les initiatives de notre camarade Soumeylou Boubèye Maïga, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale sur la question. Nous lui renouvelons notre soutien.
Assane Koné
Le Républicain 14/07/2011