L’Indicateur du Renouveau : Comment voyez-vous les présentes négociations directes entre le Mali et les groupes armés à Ouagadougou ?
Ibrahim Mohamed Assaleh : Je suis ému de voir nos compatriotes en charge des affaires au Mali engager avec nous des pourparlers francs. Je vous rassure que nous serons francs et sincères. J’ai personnellement espoir que nous créerons demain un grand Mali qui donnera l’exemple aux autres pays de l’Afrique en matière de la bonne gouvernance pour que tous les fils du Mali soient maîtres de leurs destins où qu’ils soient.
IR : Est-ce qu’on peut s’attendre à la tenue de la présidentielle à Kidal le 28 juillet 2013 après la présence de l’Administration générale et l’armée ?
Ibrahim Mohamed Assaleh : Si nous respectons l’Intégrité territoriale du Mali, pourquoi ne pas respecter l’administration malienne sur l’ensemble du territoire national ? Il suffit qu’on s’entende sur les modalités de redéploiement de cette administration. L’armée ? Oui, pourquoi pas aussi ? Mais, ce n’est pas l’armée qui est en train de commettre les exactions partout depuis l’arrivée de l’Opération Serval. Ces unités doivent être dans les casernes en lieu et place les forces formées par l’Union Européenne.
Pour le Mali, nous sommes tombés du ciel. Non, nous ne sommes pas tombés du ciel. Nous sommes ceux qu’ils connaissent ceux avec lesquels ils ont travaillé des années et des années. Donc, je suis très optimiste pour la tenue des élections sur l’ensemble du territoire national du Mali. Tout dépendra de l’approche et de la méthodologie, de comment les uns et les autres voient les choses. Une fois qu’on se mette d’accord sur ça, pourquoi pas.
IR : Qu’avez-vous retenu des discours des médiateurs du Mali (Tiébilé Dramé) et de la Cédéao (Blaise Compaoré) ?
Ibrahim Mohamed Assaleh : tous ces discours étaient bons. Ils vont dans le même sens, particulièrement celui de Tiébilé Dramé. Je salue Tiébilé Dramé pour son courage. Le courage de cet homme que j’ai connu depuis très longtemps, qui se bat pour la paix depuis les premières heures de notre travail, depuis Paris jusqu’à Ouagadougou en passant par la Mauritanie pour essayer de recoller les morceaux. Dieu merci qu’il soit le médiateur du gouvernement malien, c’est une bonne chose parce qu’il connait bien le dossier. Je suis sûr et certain qu’ensemble nous relèverons le défi qui se pose à nous.
IR: On ne comprend pas que la délégation conjointe MNLA/HCA continue de parler de l’Azawad alors qu’il est question de l’intégrité du territoire malien.
Ibrahim Mohamed Assaleh : Ecoutez, Azawad c’est comme le Kénédougou, le Wassoulou. L’Azawad c’est une région comme les autres. Ne soyez pas agrippés, affolés par les appellations à caractère régional, sectoriel. Le plus important c’est que nous trouvions ensemble un chemin pour que sortions tous le Mali de cette guerre inutile. Inutile parce que si les dirigeants maliens et africains de façon générale écoutent leurs peuples. Il n’y aurait pas de guerre en Afrique. Donc, ne voyons pas simplement le cas du Mali. S’il y a des guerres partout en Afrique, c’est parce que les dirigeants n’écoutent pas leurs peuples. Une fois élus au pouvoir, nos dirigeants oublient le peuple et ses aspirations pour s’adonner à d’autres business.
IR : avez-vous espoir que ces négociations aboutiront à la signature d’un accord permettant la tenue des élections dans les conditions adéquates ?
Ibrahim Mohamed Assaleh : personnellement j’ai espoir que ces négociations aboutiront à un accord pour la tenue de l’élection présidentielle parce que le peuple malien a besoin de ça pour la stabilité du Nord au sud, de l’est à l’ouest. L’essentiel, c’est que les gens des différentes délégations se comprennent sur même les prononciations. Vous savez en Afrique même les prononciations posent problème. Par exemple, si je dis Azawad je ne dis pas Mali, on a du mal à me comprendre.
IR : Etes-vous Malien ?
Ibrahim Mohamed Assaleh : Je suis Malien du moment où je respecte l’intégrité territoriale du Mali. Je sui né au Mali, j’y ai grandi, j’y ai fait mes études, j’ai fais les institutions au Mali. Je suis fier d’être Malien. Mais de quel Mali ? Le Mali dont celui de Kayes, celui de Wassoulou, de Kidal, de Kénédougou, bref celui dont tout le monde est fier. Toutes les régions sont fières. C’est de ce Mali que je suis fier. Je ne suis pas fier du Mali qui élit des dirigeants qui oublient leur peuple ou qui est là pour massacrer les gens qui protestent. Je ne suis pas pour ce Mali. Il faut un Mali pacifique. Ilfaut un Mali où le pouvoir politique, économique, social, culturel est partagé sur l’ensemble des 1 240 000 km2 du territoire national. C’est de ce Mali qu’il s’agit. Il faut que les Maliens comprennent que les Azawadiens ne sont pas leurs ennemis. Il faut que le pouvoir au Mali change. Je suis très fier d’avoir des journalistes maliens en face. Il faut qu’il y ait une presse indépendante, libre pour tout le Mali. Quelque soit alpha, nous sommes condamnés à vivre ensemble. Ce que nous voulons pour l’Azawad, nous le voulons pour Kayes Sikasso, pour toutes les régions du Mali.
Propos recueillis à Ouagadougou par Markatié Daou