« Il faut saluer la manière conciliante dont le Président Condé a géré de l’attaque de sa résidence

Le Républicain : L’Afrique fait mal à voir aujourd’hui, Monsieur le Premier ministre…

Je ne crois pas qu’il faille être pessimiste. Sur le plan politique, il y a certes des soubresauts violents. Mais certains ne le sont pas : Guinée,  Côte d’Ivoire, Sénégal. Ils témoignent, au contraire, du réveil  de la démocratie. Sur le plan économique, l’Afrique se reprend. Elle a accusé mieux que d’autres la crise financière. Elle doit aller cependant plus vite à l’intégration, à la mise en commun des ressources et des énergies et à la conquête des marchés émergents, diversifier sa production et créer plus de valeur ajoutée en élaborant ses produits.

La Guinée, témoin les derniers événements, ne se porte pas bien…

De l’intérieur et de l’extérieur, la Guinée s’apprécie différemment. L’ethnisme ou le régionalisme ne sont pas les plaies de ce pays. D’ailleurs, la symbiose entre les groupes est évidente quand il s’agit de sauvegarder l’essentiel. Mieux,  les Guinéens sont devenus plus exigents, ils veulent des réussites. S’agissant des derniers événements, nous déplorons la mort d’homme. Mais il faut saluer la manière conciliante dont le président Condé a géré l’affaire. L’armée ne s’est pas attaquée aux populations. Au contraire, elle a prôné la pondération. Et cela pour moi est un bon test.

Vous êtes un connaisseur de l’Afrique du Nord, et les conséquences de la crise libyenne ?

Trois regrets : l’Ua n’a pas pu imposer sa voie, et c’est le point de vue de la ligue arabe qui a prévalu.  Ensuite, il y a le précédent créé en armant une partie de la population. Enfin, il faut déjà craindre  les conséquences économiques, sociologiques et sécuritaires de la crise, notamment dans les pays du Sahel. En particulier sur les migrants et par rapport à la circulation des armes dans un espace déjà crisogène.  Mais une leçon : l’intégration entre l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord doit être de meilleure qualité.

L’Egypte, la Tunisie…

La Tunisie était encensée pour ses progrès économiques et ses réalisations en infrastructures. Mais le développement sans les libertés ne suffit pas. L’Egypte est un immense pays pauvre avec des décalages étonnants entre les classes. Le conflit avec Israël justifiait un Etat fort. L’erreur fut de croire que ce système répressif devait perdurer dans un pays dont la population est d’une rare intelligence.

Premier ministre hier, retraité aujourd’hui, cela fait quoi ?

Dans mon cas, je n’ai pas cherché à être premier ministre. Je me suis considéré en mission tout le temps que j’étais là. Mon objectif était d’aider à gérer la sortie de la transition. Je suis resté en poste en dépit des appels successifs de mes amis qui voulaient que je jette l’éponge. Je n’ai pas pris un mois de salaire en quatorze mois. J’ai tenu à être audité avant de partir. Les Guinéens ont bien reçu mon discours de sortie. Et j’en ai été heureux.  Depuis, je travaille comme consultant au niveau de l’Afrique, notamment dans le domaine de l’énergie. J’encourage les projets à impact.

Ce ne devait pas être facile d’être le Pm de Dadis

Ce n’est facile d’être le premier ministre de personne.

Propos recueillis par Adam Thiam  et S.El Moctar Kounta

Le Républicain 22/07/2011