Nous avons fait un bon et important pas en avant, s’est félicitée dans la soirée la chancelière conservatrice Angela Merkel, annonçant à la presse le compromis trouvé avec son allié bavarois Horst Seehofer et son vice-chancelier social-démocrate Sigmar Gabriel.
Après des semaines de dissensions, les trois dirigeants se sont entendus sur l’établissement de trois à cinq centres d’enregistrement dans le pays, réservés aux nouveaux arrivants qui ont de faibles perspectives d’installation en Allemagne, faute de venir de zones de guerre.
Tenus à une obligation de résidence dans le secteur, les intéressés verraient leur dossier réglé en trois semaines par ces structures – une semaine pour la décision, deux pour les recours en justice – avant un éventuel renvoi vers leur pays d’origine.
L’accélération des procédures est le maître-mot de la politique allemande sur les réfugiés depuis que la première puissance européenne est devenue, et de loin, la destination privilégiée des hommes, femmes et enfants fuyant la guerre ou la pauvreté.
Pour le seul mois d’octobre, 181.166 migrants comptant demander l’asile ont été enregistrés en Allemagne, un nouveau record portant le total depuis le début de l’année à 758.473, a annoncé jeudi le ministère de l’Intérieur.
Si les arrivées continuent à ce rythme au cours des deux derniers mois de 2015, les prévisions les plus récentes du gouvernement, évoquant 800.000 à un million de migrants sur l’année, seront dépassées.
Loin de prévoir un ralentissement, la Commission européenne a d’ailleurs estimé jeudi que trois millions de personnes rejoindraient l’UE d’ici 2017, avec un impact faible mais positif sur la reprise économique.
Le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a refusé de donner une nouvelle prévision, pour ne pas donner l’impression d’une invitation supplémentaire à venir en Allemagne, alors que Mme Merkel est de plus en plus critiquée dans son pays pour sa politique de la porte ouverte aux réfugiés.
Dans le détail, 88.640 personnes disant venir de Syrie sont entrées en Allemagne en octobre, portant le total depuis janvier à 243.721. Quelque 31.000 Afghans sont aussi arrivés le mois dernier, doublant quasiment le total de ces ressortissants depuis le début de l’année qui s’établit 67.191.
En revanche, les pays des Balkans n’entrent plus dans le top-5 des pays d’origine des migrants, alors que les autorités allemandes ont multiplié les campagnes et les mesures pour juguler les arrivées de ressortissants albanais, kosovars ou serbes.
Malgré ces arrivées massives qui vont durablement transformer l’Allemagne, Berlin est en mesure de faire face à ce défi pour ses finances publiques, a assuré le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a salué jeudi la contribution énorme de l’Allemagne à l’effort européen sur la crise migratoire, lors d’un colloque bancaire à Francfort (ouest).
Berlin tente en vain depuis des mois de répartir entre les membres de l’Union européenne la charge de l’accueil des réfugiés.
alf-bt-yap-cfe/gg
(©AFP / 05 novembre 2015 20h25)