Sur place, le jeudi 8 septembre 2011, vers 15 heures, quand nous arrivions au bord de ce futur forage, Ali Guindo, l’un des travailleurs, qui se trouve au fond du puits, appelle son collègue et homonyme, Ali Togo, afin qu’il lui fasse parvenir de l’eau. Ali Togo nous explique que «cette eau sert à enlever la sueur qui coule abondamment et empêche de travailler correctement». Mine de rien, et centimètre par centimètre, lui et ses collègues avancent bien. Et ils espèrent atteindre la nappe phréatique au bout de 45 mètres de forage.
Au moment où nous nous entretenions avec Ali Togo, les «durs», au fond, étaient à 38 mètres en dessous du niveau de la mer. «C’est de l’argile que nous extrayons actuellement. Nous croyons qu’après 45 mètres, ce sera fait!» nous a-t-il lancé, avec un léger sourire. Un sourire que l’on retrouve chez Mariama Walet Mahamadine, une habitante du hameau. D’ailleurs, elle n’a pas manqué d’exprimer ce qu’elle ressentait: «tout comme les autres femmes, j’attends avec impatience ce forage. Il viendra alléger nos corvées d’eau et permettra à nos enfants d’aller correctement à l’école coranique». Comme si cette dame avait soif de dire ce qu’elle avait au fond du cœur, elle continuera sur un ton plus soutenu: «nous, les femmes, devions attendre souvent 72 heures pour avoir de l’eau propre à la consommation. Ce qui nous obligeait à nous lever très tôt et à transformer nos enfants en sentinelles. Nous remercions toutes les autorités du Mali et notre bienfaiteur, Abdalahi, pour cet ouvrage, qui est d’une valeur inestimable».
Le maire de la commune ira plus loin en affirmant que: «ce forage, c’est comme Dieu qui est venu à notre secours, car, au mois de mars, ce sont les bêtes et, partant, les hommes, qui étaient en détresse. Nous mourions de soif et je crois qu’avec cet ouvrage, cette hantise ne sera plus qu’un souvenir». Il tiendra à nous faire savoir que «de telles infrastructures sont gérées par des comités mis en place par les populations elles-mêmes». En somme, une gestion consensuelle.
Il faut savoir qu’avant la construction de ce forage, en plus de l’éloignement des anciens points d’eau, les populations devaient avoir les bras assez costauds ou des animaux bien portants pour extraire la précieuse matière liquide, à environ 70 mètres de profondeur. Techniquement, il faut aussi savoir que le nouveau forage produira 35 mètres cube d’eau par seconde, contre 2 pour les anciens puits. Trop peu pour les six fractions qui habitent cette aire géographique.
Dans le Karwassa, il est très difficile de s’y rendre et d’échapper aux plats traditionnels, tous à base de viande. Le ministre de l’Agriculture, Aghatam Ag Alhassane, et la forte délégation qu’il conduisait s’en sont rendu compte. Non sans savourer aussi les musiques et danses traditionnelles.
Paul Mben, Envoyé spécial
Barrage – seuil de Djenné
Le 22 Septembre
12/09/2011