Après son recrutement pour faire partie de la première promotion des femmes-gendarmes, Kadi a poursuivi ses études à la faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP). D’où elle sort avec une maîtrise en droit des affaires. Pour devenir gendarme, il a fallu que sa mère Fanta Diallo lui rappelle ses propos quand elle était encore jeune. «Kadi ne cessait de dire qu’elle ne sera pas policière mais gendarme». C’est ainsi qu’elle fit le concours d’entrée à la gendarmerie.
«Depuis tout-petit, j’avais l’intention de devenir gendarme. Et ma mère n’a fait que me rappeler cela. Comme le dit l’autre, le rêve d’enfant est devenu une réalité. Je sais aussi que cela plaît beaucoup à ma mère, elle me soutient énormément dans ce métier. Voilà comment je me suis engagée», raconte-t-elle. Kadi s’est distinguée des autres filles de sa promotion. De fait, elle ne s’est jamais prévalue de son statut de femme pour espérer un quelconque traitement de faveur. D’autant que, estime-t-elle, dans l’armée, il n’y aucune différence entre la femme et l’homme ; ils sont tous traités de la même façon. «On ne doit pas se laisser influencer par les autres ; on ne doit pas se dire que nous sommes des femmes et s’attendre à des facilités. On doit faire nos preuves et montrer que nous sommes capables au même titre que les autres. Mais tout cela dépend de nous-mêmes. On doit accepter de faire ce que les hommes font, faire la garde, être chef de poste et autre», clame-t-elle.
Et elle a fait ses preuves. En effet, Kadi a successivement été chef de poste à la primature, au Centre international de conférence de Bamako, à la direction générale de la gendarmerie, à l’ambassade d’Arabie Saoudite et au Camp I de la gendarmerie. En ces temps, cette chance n’était pas donnée à toutes les femmes dans l’armée malienne. En vérité, elle est la première femme dans l’histoire de la gendarmerie nationale du Mali à assumer ce genre de responsabilité. Malgré son poste de secrétaire à la direction administrative et financière, Kadi ne s’est pour autant pas «bureaucratisée». Lors de la présidentielle et des élections législatives de 2013, elle était de garde dans certains centres de vote à Bamako et à Ouenzindougou.
Bourreau de travail, Kadiadia Traoré compte davantage travailler pour devenir officier supérieur, voire la première femme directrice générale de la gendarmerie nationale du Mali. Elle sait le chemin loin et sinueux, mais comme le dit le proverbe : «à cœur vaillant, rien d’impossible». En d’autres termes, grâce à son courage, Kadi compte outrepasser des difficultés a priori insurmontables. Oui, elle est faite de cette étoffe. C’est pourquoi elle n’hésite guère à suivre des sessions de renforcement de capacités pour répondre aux attentes de sa hiérarchie.
Déjà, au niveau au service administratif et financier : «j’ai fait deux formations et obtenu deux diplômes (certificats d’aptitude technique numéro2 en administration et en gestion de courrier)», nous confie-t-elle. Elle a également servi à l’aéroport international Bamako-Sénou (pendant 3 ans), pendant qu’elle faisait dans le même temps une formation sur la mallette pédagogique normalisée 123 Base de la sûreté de l’Aviation civile, qui a été sanctionnée par un diplôme international.
Côté hobbies, Kadi est une passionnée de basket-ball. «J’aimerais exhorter le personnel féminin à continuer à faire du sport pour maintenir sa forme, parce qu’elles ont tendance à abandonner le sport juste après le centre d’instruction», invite-t-elle ainsi ses collègues-femmes. Kadidia Traoré a débuté sa carrière de basketteuse à la Renaissance de Ségou, puis au Djoliba AC et à l’USFAS. Mordue du sport, elle passe ses week-ends à regarder les championnats européens de football. Ses équipes préférées sont entre autres Réal Madrid, Manchester United, PSG. Elle est aussi fan du Djoliba AC.
Par ailleurs, Kadi aime la littérature et s’essaie à cet exercice en écrivant des poèmes et sa propre histoire. Côté musique, c’est l’artiste américain Akon qui est son idole. Et c’est toute une histoire : «après les séances d’exercices physiques au centre d’instruction, tout le monde essayait de se reposer. Mais, moi, j’empruntais le téléphone d’une grande sœur pour écouter Akon. C’est pour cela qu’au centre d’instruction, à Marakala, tout le monde m’appelait Akon. C’est mon chanteur préféré».
Kassim TRAORE
Source: Le Reporter 2014-11-03 01:18:14