Kabila réélu en RDC mais Tshisekedi se proclame président.

« Je considère ces résultats comme une véritable provocation pour le peuple congolais. En conséquence, je me considère, à partir de ce jour, comme le président élu de la République démocratique du Congo », a déclaré Tshisekedi sur RFI.

Le président de la Commission électorale centrale indépendante (Ceni), Daniel Ngoy Mulunda, avait auparavant annoncé la victoire du président sortant.

« La commission électorale constate que le candidat Joseph Kabila a remporté une majorité avec 8.880.944 voix, soit 48,97% des suffrages exprimés », avait-il dit.

« Ce n’est pas une raison pour dresser la population contre l’ordre établi pour contester ces résultats ou régler des comptes », avait-il prévenu.

Selon la Ceni, Etienne Tshisekedi a recueilli un peu plus de 32% des voix.

Après l’annonce des résultats, des heurts ont opposé manifestants et forces de sécurité dans la capitale, quadrillée par des convois de camions de police.

Des coups de feu ont également retenti à Mbuji Mayi, dans le sud du pays, selon un représentant de la société civile locale.

Face au risque de violences, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon a lancé vendredi soir un appel au calme, invitant « tous les candidats à faire preuve de retenue et à s’abstenir de tout acte de violence, de provocation et d’incitation à la violence ».

La communauté internationale redoute de voir le pays retomber dans une crise qui pourrait dégénérer en une guerre civile semblable à celle que connut la RDC entre 1998 et 2003.

ENTOURAGE DE KABILA « COMBLÉ »

Le ministre de la Communication, Lambert Mende, a qualifié la déclaration de Tshisekedi « d’absurde et d’illégale » et a mis en garde contre une éruption de violences dans le pays.

« Nous appelons M. Tshisekedi à revenir dans la légalité et à ne pas menacer la paix du pays juste parce que les électeurs ne l’ont pas choisi », a-t-il dit à Reuters par téléphone.

Dans l’entourage du chef de l’Etat, on se dit « comblé » par la victoire de Joseph Kabila et fier du processus électoral.

« Nous avons montré au monde que nous étions capables de financer et d’organiser des élections », a déclaré à Reuters Kikaya Bin Karubi, ambassadeur de la RDC à Londres. « Nous sommes très heureux et prêts à poursuivre la reconstruction du pays ».

Avant même l’annonce des résultats définitifs, Kabila et Tshisekedi avaient tous deux revendiqué la victoire.

L’opposition avait annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas une victoire de Kabila, jugeant frauduleux les chiffres provisoires annoncés.

Les observateurs internationaux ont noté que le scrutin avait été marqué par des irrégularités et mal organisé, mais ils n’ont pas appelé à son annulation.

Selon le site internet de la Ceni, le taux de participation avoisine les 100% dans certains secteurs de la province du Katanga et Kabila récolte la quasi-totalité des voix.

A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a souligné que le scrutin avait été « marqué par de nombreuses et sérieuses défaillances et irrégularités » :

« La France appelle tous les acteurs politiques congolais à faire preuve de retenue et d’esprit de responsabilité. Elle invite les candidats qui souhaiteraient contester les résultats provisoires à le faire en utilisant les voies de recours légales. Elle condamnera toute incitation à la violence. »

Selon l’ONG Human Rights Watch, au moins 18 personnes ont été tuées dans les violences électorales. Le camp Kabila a prévenu que le gouvernement serait obligé de mobiliser l’armée si les manifestations devenaient « trop chaotiques ».

Le scrutin, le premier organisé par Kinshasa depuis la guerre civile qui a fait cinq millions de morts, était initialement destiné à ramener la stabilité dans le pays.

Des diplomates avaient proposé une médiation dans le cas où les résultats seraient contestés, mais l’entourage du candidat sortant l’a refusée, arguant qu’il n’y avait aucun conflit.

Gregory Schwartz; Jean-Loup Fiévet et Marine Pennetier pour le service français 10/10/2011