En effet, par deux fois et, en mon absence et sans m’avoir entendu, j’ai été en tant que porte parole désavoué par le FDR:
‑ La première fois: pour avoir déclaré sur RFI qu’il appartenait au Président de la République de maintenir ou non le premier ministre Cheick Modibo Diarra à son poste, ce qui correspondait rigoureusement à la position du FDR, même si elle n’était pas partagée par les faucons qui exigeaient sa démission pure et simple.
‑ La deuxième fois: pour avoir, toujours sur RFI, fait le compte rendu de la rencontre du 13 août avec le Président de la République.
On me reproche d’avoir révélé la configuration du gouvernement d’union nationale, secret de polichinelle que le journaliste de RFI connaissait déjà, ce que montre bien, comme ceux qui ont écouté l’interview l’auront relevé, l’utilisation de l’adverbe confirmatif « effectivement » ouvrant mes propos sur les précisions de la configuration du Gouvernement d’Union Nationale que le journaliste, déjà informé par des responsables du Front présents à la rencontre, me demandait de confirmer officiellement en qualité de Porte-parole du FDR.
Le Président de la République lui-même n’avait ‑il pas, par un communiqué public, invité les groupes sociopolitiques qu’il avait reçus, y compris le CNRDRE, donc les militaires, déjà représentés dans le gouvernement actuel, à adresser 8 CV au Premier ministre?
Selon les usages républicains admis par tous, le Président de la République n’a‑t‑il pas droit à des ministères dits de souveraineté, et le Premier ministre à un certain nombre de ministères en tant que chef de gouvernement?
Dès lors, quel crime pouvait‑il y avoir à révéler les quotas que le Président a décidé d’attribuer à chacun dans un Gouvernement d’union nationale, qui ne peut par essence être autrement composé? A supposer qu’il y ait eu violation de « secret d’état », le communiqué ridicule du FDR n’est‑il pas plutôt de nature à l’amplifier?
Les professionnels du communiqué du FDR savaient bien l’objectif visé: démolir à tout prix ce Porte-parole encombrant, qui a toujours constitué un obstacle aux petits complots politiques.
En réalité, et il suffit de se reporter au journal Le Républicain du 16 août pour comprendre que ce que l’on me reproche, c’est d’avoir porté une parole « non validée et acceptée par tous », en annonçant aussitôt après la rencontre avec le Président que le « FDR allait accompagner ce gouvernement et lui apporter sa contribution pour la réussite de ses missions », alors que cette position, il est vrai, presque unanimement adoptée devant le Président, n’avait pas encore été formellement prise avec l’aval de ceux notamment qui s’étaient fendus d’un communiqué incendiaire la veille, qualifiant le maintien du Premier ministre comme étant la « victoire du camp des pros putschistes ».
Mais était‑il vraiment nécessaire de publier un communiqué de presse me désavouant, dès lors que le FDR, « fidèle à son engagement pour la République et la Démocratie » et « respectueux du rôle d’arbitre dévolu au Président de la République », a fait savoir par le même communiqué qu’il a « décidé de participer au Gouvernement d’union nationale ».
L’objectif visé, de toute évidence, n’est plus de rétablir une quelconque vérité, mais de décrédibiliser le Porte‑parole, intention malveillante qui apparaît clairement dans l’article du Républicain susvisé, qui tient amicalement à rappeler « qu’au beau milieu de la lutte pour la remise en place des institutions de la république, le même Kassoum Tapo s’était positionné pour occuper le poste de Président de l’Assemblée nationale, en lieu et place de son occupant actuel… À l’époque, sa propension à se positionner et à s’accrocher comme nouveau Président de l’Assemblée nationale avait fortement décrédibilisé son combat pour le retour à une vie constitutionnelle normale, laissant apparaître qu’il avait son agenda propre et que la conviction qu’on lui prêtait cachait une ambition toute personnelle ».
Quel rapport avec ma déclaration sur RFI? Surtout qu’il est connu que je n’ai jamais postulé pour aucun portefeuille ministériel. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose! Lorsque j’ai donné lecture sur RFI, le lendemain du coup d’état du 22 Mars, de la première déclaration que j’ai rédigée avec certains camarades de l’ADEMA (notamment les camarades Bill, Ousmane Sy, Abdoulaye Tapo, Tioulenta, Thiam, Sékou Diakité…) et qui m’a valu ma première interpellation, qui pouvait honnêtement soutenir que j’étais préoccupé par la présidence de l’Assemblée nationale, dont personne ne pouvait prévoir la vacance en ce moment là?
Cette déclaration de principe, claire et sans ambiguïté, appelant au retour à l’ordre constitutionnel normal, qui a servi de base à la proclamation du FDR, tranchait nettement avec les projets dont je détiens encore copie de déclarations opportunistes de compromission proposés par certains, les mêmes qui courent toujours, non pas derrière un retour à une vie constitutionnelle normale, mais plutôt au gouvernement et quel qu’en soit le prix.
Comment pourrais‑je me décrédibiliser en répondant à la sollicitation d’Honorables collègues députés, auxquels notre Auguste Assemblée doit sa survie, qui se sont retrouvés avec moi à la Bourse du travail, au moment où certains se cachaient soigneusement, pour exiger, au péril de nos vies et de notre liberté, le retour à l’ordre constitutionnel normal?
Je n’ai pas attendu les événements du 22 mars 2012 pour être candidat au Perchoir. Déjà, en 2002, ma candidature a été proposée par un certain Professeur Dioncounda Traoré et soutenue par son parti, l’Adema‑PASJ, dont je n’étais pas encore membre. En 2007, je me suis désisté de ma candidature au profit d’un certain Dioncounda Traoré. Alors, en Octobre prochain, Inchallah! Si la candidature est ouverte et si mes Honorables collègues me font confiance, je serai encore candidat, dussè-je perdre tout crédit aux yeux de ces lamentables manœuvriers qui n’ont pas hésité à s’introduire jusqu’au sein de l’Hémicycle pour me combattre, au nom d’une prétendue cohésion du FPR.
À tous ces envieux, opportunistes de tous bords, apprentis ministres, Premier ministrables déçus, politiciens en corbillards en mal de reconnaissance, de notoriété ou de respectabilité, chacun sachant parfaitement mesurer ce qu’il attend du FDR, je dis que ce dernier n’attend plus rien d’eux que le respect et la reconnaissance pour ceux qui ont consenti tous les sacrifices afin qu’ils puissent, aujourd’hui, proposer leurs C.V ou ceux de leurs copains pour des strapontins ministériels.
Pour ma part, ayant pris la pleine mesure de tout ce que le FDR pouvait attendre de moi, et de tout ce que je pourrais encore lui apporter, j’ai décidé de démissionner de mon poste de Porte-parole, pour leur faire moins d’ombrage et plus de place pour la réalisation de leurs légitimes ambitions, tout en restant, en tant que membre fondateur, disponible pour poursuivre le seul combat qui vaille, celui de la sauvegarde de la Démocratie et de la République.
Atlanta, le 16 août 2012
Me Kassoum Tapo
22 Septembre
23 Août 2012