Du 12 au 14 mai, le ministère de la Culture a organisé à Sikasso la 3ème édition des journées nationales du patrimoine culture. Pendant trois jours, il a été mis en exergue le riche patrimoine culturel du Mali, à travers des activités pédagogiques, notamment les manifestations culturelles sur le thème de la paix et de la cohésion sociale, les jeux-concours sur la connaissance du patrimoine culturel du Kénédougou, le vernissage d’expositions et l’inauguration des monuments dédiés à Tiéba et Babemba.
La cérémonie d’ouverture a été présidée, le 12 mai dans la salle Lamissa Bengaly, par le ministre de la Culture, N’Diaye Ramatoulaye Diallo, en présence de ses homologues de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, du maire de la commune urbaine de Sikasso, Kalfa Sanogo. Le thème de cette édition portait sur «patrimoine culturel et changements climatiques : enjeux, impacts, stratégies de conservation et de gestion des biens culturels et naturels».
Ces journées nationales du patrimoine culturel ont été marquées par plusieurs autres activités, notamment les manifestations culturelles sur le thème de la paix et de la cohésion sociale, les jeux-concours sur la connaissance du patrimoine culturel du Kénédougou sur les radios de proximité, les conférences-débats et les visites de sites. Elles ont également été marquées par un fait majeur qui fait écho à la promesse faite aux populations de Sikasso par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita : l’inauguration des monuments construits en hommage à Tiéba Traoré, Roi du Kénédougou, et à son frère Babemba Traoré, grandes figures de la résistance anticoloniale. En plus de la Maison du Tata. Ces infrastructures ont été inaugurées le lundi après-midi par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, en présence de ses homologues du Burkina Faso Paul Kaba Thieba et de la Côte d’Ivoire, Amadou Gon Coulibaly.
«Nous sommes ici réunis pour ensemble fortifier et célébrer les liens qui nous ont unis hier, les liens qui nous unissent aujourd’hui, les liens qui demain nous uniront encore : ce cordon ombilical, c’est notre patrimoine culturel, matériel et immatériel, à travers lequel nos peuples se définissent et se reconnaissent, qu’ils soient du Mali, du Burkina Faso ou de la Côte d’Ivoire. Peuple du Kénédougou d’ici et d’ailleurs, de quelque côté des frontières que l’histoire vous ait placés, le Mali, par ma voix, vous salue et le Mali par ma voix salue votre fidélité à notre héritage commun et votre attachement à notre identité culturelle commune, que ni le temps, ni les péripéties de l’histoire n’ont réussi à corroder», a déclaré le ministre de la Culture, N’Diaye Ramatoulaye Diallo.
Avant de poursuivre : «c’est bien cette fidélité à notre passé commun et davantage la foi en l’avenir que nous voulons partager, qui nous valent l’honneur de recevoir ici au Kénédougou mes homologues du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire, que je tiens particulièrement à remercier, du fond du cœur, pour la générosité d’avoir répondu à cette invitation fraternelle, malgré leurs affaires courantes que je sais pressantes. Partis de chez vous, vous êtes arrivés chez vous, et le Mali vous dit merci de l’honneur de votre auguste séjour qui rehausse grandement l’éclat de cette historique cité du Kénédougou».
Le ministre de la Culture a en outre salué et remercié les autorités politiques et administratives, les collectivités territoriales et les autorités coutumières de Sikasso pour l’enthousiasme, la créativité et la générosité dans l’effort pour la réussite de ces journées nationales du patrimoine culturel. Notre époque, consent-elle, est marquée par des conflits multiples, multiformes et complexes qui ont pour dénominateur commun une certaine crise des valeurs née de l’émergence de courants de pensées fanatiques et obscurantistes, comme en témoigne l’actualité récente de nos pays. Pour N’Diaye Ramatoulaye Diallo, l’une des réponses à ces menaces, parfois endogènes, est le recours à notre patrimoine culturel. Et Sikasso, l’un des plus hauts lieux de l’histoire du Mali, selon elle, a légué des vestiges matériels et immatériels d’une richesse et d’une diversité peu commune.
Elle a cité le tata, la célèbre muraille défensive de Sikasso, les sites associés tels que la fosse commune, le Mamelon, la tombe du Lieutenant Loury, le site du Palais de Tiéba Traoré et les nombreux sites archéologiques qui ont traversé l’histoire du Kénédougou et qui nous livrent aujourd’hui de somptueux trésors culturels tant matériels qu’immatériels, et qui sont le fruit du génie créateur des communautés du Kénédougou qui ont su faire montre, depuis des siècles, d’une capacité extraordinaire à vivre ensemble, à tolérer leurs différences et parfois leurs divergences culturelles et cultuelles.
Le ministre de la Culture a également indiqué que face à la peur et à la terreur -que tentent de semer les fanatiques- il y a, dans ce syncrétisme culturel des populations du Kénédougou, une grande leçon de tolérance et une immense source d’inspiration et de résistance.
Plusieurs vestiges historiques de Kénédougou reconnus patrimoine culturel immatériel de l’Unesco
N’Diaye Ramatoulaye Diallo a rappelé qu’au regard de leur intérêt à la fois historique, architectural, culturel et spirituel, nombre de ces vestiges historiques, pratiques et traditions culturelles du Kénédougou ont été inscrits à l’inventaire, classés dans le patrimoine culturel national et reconnus patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Comme la société secrète des Kôrèdougaw, rite de sagesse au Mali, plus dominante dans les cercles de Bougouni, Sikasso, Kadiolo et Yorosso.
Pour N’Diaye Ramatoulaye Diallo, l’arbre ne doit pas cacher la forêt et il faut admettre qu’à côté de ces valeurs immatérielles en perte de vitesse, les biens culturels et naturels restent fortement menacés par la destruction, le vol, le pillage, les fouilles clandestines, le trafic illicite, les incendies, la pression du développement urbain, le déficit d’entretien, l’abandon de certaines valeurs fondamentales et surtout, l’impact des changements climatiques, en l’occurrence les sécheresses récurrentes, les inondations, les glissements de terrain, les séismes sous d’autres cieux, etc. Selon elle, c’est la claire conscience de la gravité de ces menaces et de l’impératif d’agir qui ont justifié le choix du thème de cette édition 2018 des journées nationales du patrimoine culturel.
Enfin, Mme le ministre de la Culture a souligné que la bonne gestion, la conservation durable et la mise en valeur du patrimoine culturel relève de l’implication de toutes les parties prenantes, à savoir, autorités politiques et administratives, collectivités territoriales, autorités coutumières et organisations de la Société civile.
Le maire de la commune urbaine de Sikasso a remercié Mme le ministre de la Culture d’avoir choisi sa ville pour abriter ces journées nationales du patrimoine culturel. Avant de souligner que ces journées sont un rendez-vous du donner et du recevoir et un lieu de brassage culturel.
Diango COULIBALY