Samedi 7 mai 2016, la communauté internationale a célébré la Journée Internationale des Drones. A Infosept, nous profitons de cette occasion pour vous présenter dans ce dossier cet outil qui est devenu presqu’incontournable dans le domaine de la Défense militaire. Au Mali, les forces de la MINUSMA l’utilisent souvent pour les renseignements. Conduit par le contingent suédois, ces drones de la MINUSMA sont supers équipés pour faire le travail de jour comme de nuit. Les drones ont été à plusieurs reprises dans l’actualité de ces derniers mois, comme, par exemple, lorsqu’ils survolaient des centrales nucléaires. Le but de cette journée internationale, dont la première édition s’est tenue en 2015, est de présenter le Drone sous son aspect positif et utile. De l’anglais, le mot drone désigne un aéronef sans pilote à bord qui peut avoir un usage civil ou militaire.
Faut-il le souligner, dans le domaine de la défense aérienne, les drones jouent un rôle de plus en plus important dans la planification de la sécurité. Les drones permettent d’améliorer la compréhension générale de la situation par une collecte d’informations, traités en renseignements pour que le commandement prenne les décisions appropriées et réagisse de façon adéquate et à temps. Ces systèmes autonomes offrent un potentiel significatif pour épargner des vies, non seulement en raison de l’absence de pilote à bord, mais aussi parce qu’ils contribuent à la protection des forces au sol. On peut affirmer que les systèmes de drone ont déjà sauvé des vies. Sa taille et sa masse, de quelques grammes à plusieurs tonnes, dépendent des types d’informations recherchées. Le pilotage automatique ou à partir du sol permet des vols longs de plusieurs dizaines d’heures. Certains missiles non balistiques, en particulier les missiles de croisière, ont l’apparence aérodynamique de drones, mais ne sont cependant pas réutilisables, car détruits en fin de mission, contrairement au drone qui est ramené à sa base.
Les Nations Unies ont choisi la société française Thales pour la MINUSMA
Au Mali, selon nos sources, l’entreprise Thales aurait été sélectionnée par les Nations Unies pour la fourniture de drones d’observation pour le compte de la Minusma. Et, cela sur la base d’un contrat juteux pour la France d’un montant de 62 millions de dollars, soit environ 31 milliards de FCFA pour quatre ans. Thales est un leader et un partenaire clé, au plan international, dans le développement de nouveaux programmes dans l’industrie du Drone qui est en pleine croissance. L’entreprise dispose de plus de 40 années d’expérience dans les systèmes de surveillance aéroportés avec pilote ou télé opérés et, comme tel, bénéficie d’un positionnement idéal pour conduire et mener à bien le développement des programmes de drones de surveillance actuels et futurs.
Thales est maître d’œuvre du programme Watchkeeper, le programme de drones le plus ambitieux jamais lancé en Europe. Il s’agit en effet du système tactique ISTAR l’un des plus sophistiqués au monde et le principal programme de drones en Europe. Thales assure la maîtrise d’œuvre et l’intégration de Watchkeeper. Thales a conçu une gamme complète d’avioniques et de capteurs, de liaisons de données et de systèmes de mission pour les drones. Il est également un partenaire clé dans le cadre de plusieurs projets internationaux de premier plan destinés à promouvoir l’autonomie de l’Europe dans ce secteur.
Le Watchkeeper est un drone tactique de nouvelle génération qui donne aux forces terrestres une capacité de surveillance, de reconnaissance et de renseignement indispensables dans leurs missions sur les théâtres d’opérations en réduisant significativement les risques encourus par les militaires au sol. Les drones aériens offrent aussi l’avantage de pouvoir fournir, avec une grande souplesse, des capacités à long terme et d’excellentes performances.
Aussi, lors de sa visite au Mali le 4 avril 2016, le ministre allemand de la Défense, Ursula Von Der Leyen, a, après avoir réaffirmé le soutien militaire de son pays dans la lutte contre le terrorisme, annoncé que Berlin allait gonfler ses effectifs jusqu’à 650 soldats et déployer deux à trois drones « Héron1 ». Selon nos sources, ces drones doivent arriver cette année et serviront essentiellement à surveiller les routes reliant les villes du Nord.
En somme, souhaitons un jour que notre pays puisse se doter de cet outil si précieux qui est utilisé au profit des forces armées ou de sécurité comme la police et la douane. Par anticipation, les autorités maliennes devraient envisager la possibilité de négocier le rachat de tous les équipements militaires et civils utilisés par la MINUSMA au Mali, le jour où sa mission arriverait à termes. Ce serait une façon simple et intelligente de contourner l’embargo qui nous est imposé pour mieux équiper notre Armée et assurer notre Défense par nous-mêmes. A défaut d’une entente directe avec la MINUSMA à ce sujet, le Mali ne devrait pas exclure la possibilité d’une confiscation ou d’une «nationalisation» de ces équipements.
Encadré: Histoire des Drones à travers le monde
Le concept des drones naît pendant et après la Première Guerre mondiale. Des prototypes d’avions sans pilote radiocommandés ont ainsi vu le jour, avec des tentatives de « torpilles aériennes », telles le Kettering Bug, télécommandées par télégraphie sans fil et embarquant un gyroscope. Mais ce type d’avions n’a jamais été opérationnel sur le terrain. En 1916, au Royaume-Uni, fut conçu l’Aerial Target, un projet d’avion-cible, par l’ingénieur Archibald Low. En 1917, aux États-Unis, le projet Hewitt-Sperry automatic airplane des ingénieurs Elmer Ambrose Sperry, Lawrence Sperry et Peter Cooper Hewitt se développe.
En France, le 2 juillet 1917 le pilote Max Boucher, fait voler un avion Voisin «sans l’intervention de l’homme» sur 1 km. Au début de l’année 1918, Georges Clemenceau, président de la Commission sénatoriale de l’Armée, lance un projet d’«avions sans pilotes». Le capitaine Boucher améliore son système de pilotage automatique et le 14 septembre, il fait voler pendant 51 min sur un parcours de 100 km un avion Voisin BN3.
Le premier drone français stricto sensu a été conçu, réalisé et expérimenté dès 1923 à Étampes par l’ingénieur Maurice Percheron et le capitaine Max Boucher. Mais l’armée française ne trouva pas encore d’intérêt à cette nouvelle technologie.
En Angleterre, le mot «drone» désigne le faux-bourdon, mâle de l’abeille. Le nom a été donné par dérision dans les années 1930 au Royaume-Uni à des DH.82 Queen Bee, la version automatisée pour servir d’avions-cibles du De Havilland DH.82 Tiger Moth. Leur vol lent et bruyant ressemblait plus à celui du bourdon à la vie éphémère qu’à celui d’une reine abeille, Queen Bee. Ce nom fut repris par l’armée américaine dès 1941.
Le grand essor des drones date de la guerre de Corée et de celle du Viêt Nam. À cette époque de la guerre froide, le drone a été développé de façon confidentielle par les États-Unis d’Amérique comme un moyen de supériorité stratégique et de rupture capacitaire devant permettre la surveillance et l’intervention militaire chez l’ennemi sans encourir les risques humains que l’opinion ne supportait pas. Il est notamment utilisé pour larguer des tracts dans le cadre de la guerre psychologique. Cette supériorité a été acquise au travers de l’innovation technologique, surtout dans les domaines de l’automatique et des transmissions.
Les transferts vers Israël de certains systèmes ont permis à ce pays de développer de façon pragmatique une collection de drones à vocation tactique à courte et moyenne portées et à transmissions directes de données. Les programmes de recherche et de fabrication de drones s’intensifient pendant la guerre froide, l’incident de l’U-2 révélant la nécessité de développer des avions sans pilotes. Pour limiter les coûts de tests en soufflerie et d’essais en vol, de nombreux projets s’appuient sur les progrès de la modélisation aérodynamique poussée, mais l’absence de pilote à bord pose de nouveaux problèmes lors les essais en vol.
Dans les années 1990, la doctrine de la guerre « zéro mort » conduit à développer les projets de drones armés à travers le monde mais la toute première utilisation de ceux-ci a lieu durant la guerre Iran-Irak où l’Iran a déployé un drone armé de six RPG-7.
Dans les années 2000, le drone est de tous les conflits et opérations de maintien de la paix, dont au Kosovo ou au Tchad, lors des attaques aériennes américaines au Pakistan ou contre la piraterie maritime, par les Américains qui l’ont introduit en 2009.
En juin 2014, les États-Unis autorisent le premier vol d’un drone à usage commercial, avec l’envoi d’un appareil en Alaska. Le marché du drone est actuellement en pleine expansion, son chiffre d’affaires étant passé de 62 millions d’euros en 2012 à une estimation de 288 millions d’euros en 2015. En 2016, les autorités néerlandaises annoncent avoir dressé des aigles et les avoir postés aux alentours de sites sensibles comme les installations militaires, les centrales nucléaires pour que ces derniers attrapent des drones voulant voler au-dessus du périmètre interdit et les ramènent au sol. Par ailleurs, l’université technique d’Eindhoven a annoncé avoir développé un drone domestique capable d’amener des boissons aux terrasses de cafés, le projet étant en cours de test dans des conditions réelles.
Dieudonné Tembely
Source: infosept.