Selon le Professeur Sozinho Francisco Matsinhe, Secrétaire exécutif de l’Académie africaine des Langues (Acalan), « les conflits armés ou pas sont l’un des principaux obstacles au développement en Afrique comme dans d’autres endroits du monde. La paix est un préalable au développement du continent ». L’idée de la célébration d’une journée de la paix est née le 31 août 2009, lorsque les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine (UA), réunis à Tripoli, à l’occasion de la session spéciale sur l’examen et le règlement des conflits en Afrique, ont décidé de proclamer 2010, année de la paix et de la sécurité sur le continent.
En vue de mettre en œuvre cette décision sur l’ensemble du continent, la Commission de l’Union africaine a instruit à tous les bureaux régionaux, en relation avec les autorités du pays hôte d’organiser une journée de célébration de la paix le 21 septembre, date correspondant à la journée mondiale pour la paix décrétée par les Nations Unies depuis 1982. Mais les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine ont souhaité que l’année de la paix et de la sécurité en Afrique ne se limite pas à une journée. Il s’agit de mobiliser toutes les parties prenantes pour qu’elles s’engagent dans les actions qui rendront la paix possible. « Au Mali, la date du 21 septembre correspond à la veille de la date anniversaire de l’indépendance du pays, en cette année du cinquantenaire. C’est pourquoi en accord avec les autorités du pays, cette journée du vendredi 21 Janvier 2011, au lendemain de la fête nationale de l’Armée nationale a été retenue », a expliqué le Professeur Sozinho Francisco Matsinhe. C’est dans ce cadre que l’Académie africaine des Langues (Acalan), Institution spécialisée de l’Union africaine dont le siège se trouve au Mali, a co-organisé, avec le ministère des affaires étrangères et de la Coopération internationale, cette journée.
L’organisation d’une journée dédiée à la paix en vaut la peine pour les pays africains quand on sait que « pas moins de 26 conflits armés ont éclaté en Afrique entre 1963 et 1998, affectant 474 millions de personnes, soit 61 %de la population du continent. Au niveau sous-régional, 64 % de la population ont été touchés en Afrique occidentale », a égrené le Général Souleymane Yacouba Sidibé, Directeur Général de l’Ecole de Maintien de la Paix, Alioune Blondin Bèye. Le continent africain est ainsi déchiré depuis plus de 40 ans par des conflits interétatiques, intra-étatiques, ethniques, religieux, économiques. L’Afrique est ainsi le terrain privilégié des opérations de maintien de la paix de l’ONU, dont 2/3 se déroulent sur le continent, selon Souleymane Yacouba Sidibé.
Pour le Représentant résidant du système des Nations Unis au Mali, « la paix est un bien commun qui se construit tous les jours et qui se construit ensemble ».
Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Moctar Ouane, a souligné l’ardente nécessité, pour les Etats d’Afrique, d’accorder un ordre de priorité élevé à la prévention des conflits par le biais notamment de la diplomatie préventive. Il a rappelé que « la plupart des crises et conflits en Afrique découlent souvent des situations comme des changements anticonstitutionnels de gouvernement, la fragilité des processus de transition démocratique, les rebellions, les velléités sécessionnistes et les différends frontaliers. Il importe donc d’anticiper afin d’éviter que la situation dégénère en crise ou conflit ouvert ». A cet égard, indique-t-il, les systèmes d’alerte précoce mis en place dans le cadre de l’Union africaine et des Communautés régionales telles que la Cedeao permettent d’évaluer la situation et d’agir conséquemment.
Le ministre a évoqué plus explicitement des menaces comme le terrorisme, la gestion et règlement des conflits en Afrique, la participation africaine aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, à travers l’envoi de contingents militaires ou d’unités de police.
La célébration de la paix a été marquée par une séquence de « lâcher des colombes ». Le thème « Le rôle de la paix et de la sécurité dans le développement et l’intégration de l’Afrique », a été exposé par un expert en la matière, l’ancien ministre Zeïny Moulaye, auteur de plusieurs publications dans ce domaine.
B. Daou 25/01/2011