Il n’est point évident, pour autant, que le 1er vice-président s’en sorte avec une quelconque mesure disciplinaire. L’appel lancé à Jeamille Bittar, par l’Union des Associations et Mouvements du Mali (UMAM), va certainement marquer un tournant décisif dans le parcours du PDES pourtant porté sur sa rampe de lance par un proces-sus d’implantation et de structuration à peine achevé. Las donc de subir l’attentisme et les hésitations calculatrices de sa famille politique, le 1er vice président de cette jeune formation politique a choisi de mettre un terme au suspense, en tranchant lui-même le nœud gordien de la question qui l’oppo-se aux autres co-fondateurs du parti pro-ATT. Lequel malentendu se résume à l’équation tragique suivante : avec quel porte-étendard briguer la magistrature suprême en 2012 ?
Pendant que certaines prétentions agitent prématurément le PDES, les figures les plus historiques et têtes pensantes du directoire semblent plutôt afficher une posture de réserve stratégique qui n’exclut point l’éventualité d’un renoncement à la candidature à la présidentielle. A leurs yeux, cette option est d’autant plus défendable et envisageable qu’au PDES, contrairement aux autres grandes formations du landerneau politique national, la conquête du pouvoir fait figure de dessein largement secondaire voire accessoire en comparaison avec l’objectif presqu’exclusif d’accompagner les actions du président de la République sortant. Comment, en définitive, privilégier un intérêt pour la succession d’ATT au détriment des nombreux et énormes défis à relever pour le reste de son deuxième et dernier quinquennat ? Cette considération quoique tenant plus d’une cohérence que d’une approche objective – est par ailleurs confortée par d’autres interrogations beaucoup moins subjectives : les chances et capacités réelles du PDES à s’illustrer par des résultats électoraux qui le hissent au rang des forces politiques qui comptent dans le jeu de 2012. C’est pourquoi, ils sont nombreux les adeptes du renoncement à une candidature au profit d’une stratégie de subsistance politique à travers l’adhésion à la plate-forme de grandes alliances politiques.
– Bittar 2012,une copie deBoubèye2007 ?
Le 1er vice-président ne l’entend point de cette oreille et affiche un attachement à la présidentielle tel que sa détermination suscite et attire pas mal de curiosités et d’interrogations sur ses motivations profondes. Sa position découle-t-il d’un optimisme naturel ou d’une intention d’instrumentaliser sa famille politique en vue de rentabiliser un carnet d’adresse enrichi par les responsabilités institutionnelles cumulées et susceptible de drainer des contributions financières conséquentes à sa campagne électorale ? Quoi qu’il en soit, le scénario ainsi créé par le président de la CCIM au sein du PDES, toutes proportions gardées, présente des similitudes avec l’équation jadis posée par Soumeylou B. Maïga à l’Adé-ma-PASJ, dans la foulée des élections générales de 2007. À l’image de l’actuel chef de la diplomatie malienne, la posi-tion de Jeamille Bittar ratisse au point d’occasionner un réel malaise au sein de sa famille politique, s’il faut en juger par la dimension de la mobilisation, lors du meeting d’appel à sa candidature par des adeptes de sa cause.
Comme pour le cas de Soumeylou B. Maïga à l’époque, le problème posé par le 1er vice-président est également l’objetd’une recherche active de solutions au PDES en vue de freiner les dérives y inhérente en termes de défis et de discrédit pour ce parti en quête de notoriété sur la scène politique nationale. Et, à en croire des sources bien introduites, le directoire du Parti pour le Développement Economique et Social n’exclut pas de réprimer l’attitude de son 1er vice-président par l’ultime sentence, en appli cation notamment des dispositions réglementaires en vigueur au sein de sa famille politique. Mais, selon la même source, ce n’est point de gaîté de cœur ou par simple clémence que la mesure n’a pas été systématique. Elle butte en effet contre un obstacle de taille : la légitimité des instances habilitées à se prononcer là-dessus. En clair, le mandat de l’actuel directoire provisoire ayant expiré depuis Juillet, l’intéressé semble leur opposer une illégalité de toute action disciplinaire à son encontre avant la prochaine convention. Celle-ci, annoncée pour la fin de la semaine, a été selon nos confidences ajournée sine die, de crainte peut-être que la vague Bittar ne débouche sur des bouleversements incontrôlables ou précipitée tout au moins un éclatement très imminent du PDES.
A. Keïta
Aurore 31/10/2011