Japon: face au scandale, le Premier ministre diffuse des courriels

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe au Parlement, le 24 mars 2017 à Tokyo / © AFP / KAZUHIRO NOGI
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a rendu publics vendredi des courriels pour étayer sa défense, alors qu’il est accusé d’avoir versé un don au directeur d’une école nationaliste au centre d’un scandale qui captive le Japon.

Yasunori Kagoike a affirmé jeudi sous serment que l’épouse de M. Abe, Akie, lui avait remis en 2015 au nom du Premier ministre un million de yens (8.300 euros) en liquide, en l’absence de témoins.

Ce témoignage devant le Parlement venait s’ajouter à des informations de presse selon lesquelles cet homme aurait pu acheter dans des conditions troubles, et à un prix défiant toute concurrence, un terrain appartenant à l’Etat, pour la construction d’une école élémentaire.

Vendredi, M. Abe a diffusé des courriers électroniques entre son épouse et celle de M. Kagoike. « Aucune transaction d’un million de yens n’est mentionnée dans des échanges », a-t-il déclaré au Parlement.

« J’ai diffusé tous les courriels pour mettre fin à tout malentendu », a-t-il ajouté, accusant M. Kagoike de n’avoir révélé « qu’une partie de l’information » au cours de son audition devant le Parlement.

M. Abe, dont le taux de popularité, élevé, a été sérieusement ébréché, a nié à plusieurs reprises avoir versé de l’argent à M. Kagoike et s’est engagé aussi à démissionner, s’il était avéré qu’il est impliqué dans la transaction immobilière.

Yasunori Kagoike, directeur d’une école nationaliste et au centre d’un scandale impliquant le Premier ministre, salue le Parlement avant de déposer, le 20 mars 2017 / © AFP/Archives / Toshifumi KITAMURA
Selon des analystes, il n’y a a priori rien d’illégal dans un tel don mais, s’il était confirmé, la crédibilité du Premier ministre pourrait être atteinte en raison de ses démentis.

M. Kagoike administre à Osaka, dans l’ouest du Japon, un jardin d’enfants qui inculque des valeurs nationalistes ainsi que celles du culte japonais Shinto. Son établissement a diffusé des propos insultants à l’égard des Chinois et des Coréens.

Ce personnage a éveillé la curiosité du grand public par l’excentricité des enseignements de son école maternelle, similaires à ceux que recevaient les jeunes Japonais jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale. Les élèves doivent par exemple mémoriser un décret impérial de 1890 sur l’éducation considéré comme ayant servi à inculquer aux jeunes d’avant-guerre l’idée qu’ils devaient être prêts à mourir pour l’empereur.

Ils doivent aussi chanter des messages de soutien au Premier ministre nationaliste et à ses politiques, dont une loi controversée destinée à accroître les prérogatives des forces japonaises.

(©AFP / 24 mars 2017 11h08)