Japon-Afrique : rendez-vous manqué à Tunis ?

L’empereur japonais Naruhito, l’impératrice Masako et des membres de la famille royale lors d’une cérémonie du thé avec des chefs d’État africains ayant participé à la Ticad 7, le 30 août 2019, au palais impérial de Tokyo. © Pool for Yomiuri/AP/SIPA.

La huitième édition de la Conférence de Tokyo sur le développement en Afrique (Ticad 8), les 27 et 28 août, aurait pu être l’occasion pour l’archipel et le continent de resserrer leurs liens. Mais l’absence du Premier ministre Fumio Kishida, testé positif au Covid, risque de pousser plusieurs chefs d’État africains à annuler leur venue. 

Le Japon retrouve l’Afrique. Après une septième édition organisée en 2019 dans la ville portuaire de Yokohama, la Conférence de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad) est de retour sur le continent. Après le Kenya en 2016, c’est au tour de la Tunisie d’accueillir les 27 et 28 août prochains le principal événement bilatéral, créé au début des années 1990 par Tokyo « pour promouvoir le dialogue politique avec les responsables africains », tel que défini dans la charte originelle de la conférence.

Il est peu de dire que la nature même des échanges entre le continent et l’archipel a été sérieusement bousculée par un contexte international aujourd’hui très différent de ce qu’il était il y a trois ans. « La pandémie de Covid-19 a grippé les relations entre les deux partenaires », estime Sayoko Uesu, chercheuse au National Graduate Institute for Policy Studies (GRIPS) de Tokyo. Et le virus promet déjà de perturber la conférence elle-même, puisque le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, officiellement testé positif le 21 août, ne peut se rendre à Tunis. Contraint de participer depuis Tokyo, il a chargé le ministre des Affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi, de représenter son gouvernement et de conduire la délégation japonaise restreinte qui fera le déplacement en Tunisie.

À charge pour ce dernier de profiter de l’évènement pour relancer des relations qui semblent aujourd’hui presque moribondes entre l’archipel et le continent. C’est que, depuis le départ en septembre 2020 de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe, assassiné le 8 juillet dans son pays, ni son successeur immédiat, Yoshihide Suga, pas plus que l’actuel chef de gouvernement, en poste depuis septembre 2021, n’ont su faire preuve du même volontarisme en matière de politique africaine que leur prédécesseur pendant les presque huit années que celui-ci a passées à la primature.

Des investissements et des aides en net recul

L’élan qui caractérisait les relations du Japon avec l’Afrique et qui semble avoir culminé avec la Ticad 6 de Nairobi, apparaît depuis en perte de vitesse.

Olivier Caslin 
Source: Jeuneafrique