Iyad Ag Aghaly est-il devenu fou ? Il réclame un Cadi auprès de chaque juge

A en croire nos informateurs, il a posé, entre autres conditions pour quitter le maquis, le repli des militaires de toute la région de Kidal, l’arrêt immédiat de la construction des casernes  et la mise en place d’un Cadi auprès de chaque juge. En un mot, il réclame l’instauration d’un Etat islamique. Alors que sa première revendication était qu’«ATT n’a jamais respecté ses nombreuses promesses». Ensuite, il dira «ATT est en train de militariser la région de Kidal, avec les réalisations d’infrastructures sécuritaires et militaires en cours, contrairement au Pacte national d’avril 1991, qui parle de la démilitarisation de la zone». Puis, il y eut le «non respect de l’Accord d’Alger, qui prévoit la réinsertion socio-économique de milliers de jeunes, non encore effective».

La nouvelle donne, c’est bien la Charia à laquelle il fait référence. Souvenez-vous, chers lecteurs, de l’article que nous avions rédigé en juin 2010: «Pour collusion avec  des milieux islamistes douteux, l’ex-chef rebelle, Iyad Ag Aghaly, Conseiller consulaire, expulsé de l’Arabie Saoudite». Vous comprendrez ainsi la situation actuelle d’Iyad Ag Aghaly.

Replay: il y a à peine deux ans, le président de la République, Amadou Toumani Touré, dans sa grande générosité, a cru bon de nommer Iyad Ag Aghaly, un ancien rebelle, comme conseiller consulaire à Djeddah. Tout le monde  a positivement apprécié cette promotion, bien que l’intéressé n’ait pas les compétences requises. Tout le monde mettait cette élévation au compte d’une gestion politique de la situation sécuritaire dans la région de Kidal. Puisqu’Iyad Ag Aghaly est peint comme étant le grand manitou des bandits armés de Kidal. Il jouait à l’entre-deux chaises. En effet, cet indomptable de l’Adrar des Ifoghas poussait les Bahanga, Fagaga, Oumar Bah et autres Hamada Ag Bibi à s’attaquer aux symboles de l’Etat, à tuer les militaires, à couper les routes, en dévalisant les paisibles citoyens de leurs biens et tentait, en même temps  de s’imposer à Koulouba comme le médiateur d’une crise qu’il avait lui-même enfantée. Il prenait le beurre et l’argent du beurre.

Face à cette pratique, ATT l’a donc envoyé à Djeddah, pour l’éloigner de sa base et travailler, par la même occasion, à une résolution pacifique de l’insécurité qu’il avait engendrée. Mais c’était sans compter avec les allures islamistes qu’Iyad avait épousées, en s’intéressant à une secte qu’on appelle la «Daawa», exportée à Kidal par le Pakistanais surnommé Peshawar. Depuis, lyad est devenu un homme très bizarre. Il mène une vie discrète et ne sort presque jamais des mosquées. C’est ce personnage qu’ATT a envoyé à Djeddah, dans la représentation consulaire du Mali, en qualité de Conseiller.

Malencontreusement, Iyad n’a pas changé et a poursuivi ses bizarreries dans la ville sainte de Djiedah. Les services de renseignement du Royaume l’ont filé durant une bonne période et ont conclu qu’il était en collusion avec des milieux islamistes douteux. Avant de le déclarer «persona non grata» et de l’expulser vers Paris. Là également, Iyad se promenait, semble t-il, dans les différentes mosquées. Aux dernières nouvelles, il est rentré à Bamako la semaine dernière.

Rappelons qu’Iyad Ag Aghaly est le père de la rébellion des années 1990. En effet, en 1988, un groupe appelé Mouvement pour la libération de l’Azawad (MPLA) voit le jour. Son Secrétaire général, Iyad Ag Aghaly, déclenchera une rébellion dans la nuit du 28 juin 1990. Deux attaques furent lancées par un groupe de 50 hommes armés. Cette opération se solda par la mort de quatre personnes à Tidermène et de 14 autres à Ménaka, dont 4 soldats maliens. Après les accords de Tamanrasset du 6 janvier 1991, le MPLA se scinda en plusieurs groupes: le Front Populaire de l’Azawad (FPLA), l’Armée révolutionnaire de Libération de l’Azawad (l’ARLA) et le Mouvement Populaire de l’Azawad (MPA) d’Iyad Ag Aghaly. Il est le premier à avoir déposé les armes et inscrit ses actions dans le cadre d’une négociation pacifique. La suite est connue, jusqu’à la reprise des hostilités, le 23 mai 2006 et le repli des bandits armés dans le maquis de Teghagharet, suivis de négociations en Algérie, conclues par l’Accord d’Alger du 4 juillet  de la même année. A suivre.

Chahana Takiou

22 Septembre 12/01/2012