«Si rien n’est fait avant le 30 juin, ceux qui sont venus nous aider risquent de quitter le Mali »
Pour l’une des rares fois, le président de l’Assemblée nationale du Mali, l’honorable Issaka Sidibé aborde en public le sujet de la prorogation du mandat des députés. Lors de la 6ème conférence de la Fédération régionale du Rassemblement pour le Mali (RPM) de Koulikoro tenue, le dimanche 16 juin 2019, à la Chambre de commerce et d’industrie de Koulikoro, le président de l’Hémicycle a été on ne peut plus clair. « Si rien n’est fait avant le 30 juin, ceux qui sont venus nous aider, que ça soit les soldats étrangers ou n’importe quel autre partenaires techniques et financiers, risquent de quitter le Mali, parce qu’en ce moment ils ne sauront plus à quoi s’en tenir… Les députés ne sont pas là pour eux-mêmes mais pour le Mali», a-t-il martelé.
La décision prise par le gouvernement malien lors du conseil des ministres extraordinaire du 7 juin 2019 de proroger le mandat des députés jusqu’au 2 mai 2020 suscite des controverses au sein de la classe politique. Tandis que la majorité et une partie de la société civile approuve la décision, l’opposition politique s’y oppose.
Le sujet a été abordé lors de la 6ème conférence du RPM de Koulikoro tenue le week-end dernier dans la ville de Koulikoro. «Comme il a été question de la prorogation du mandat des députés, je ne peux quitter cette salle sans dire un mot là-dessus. Si rien n’est fait avant le 30 juin (Ndlr, date de la fin de la 1ère prorogation du mandat des députés), ceux qui sont venus nous aider, que ça soit les soldats étrangers ou n’importe quels autres partenaires techniques et financiers, il se peut qu’ils quittent le Mali parce qu’en ce moment ils ne sauront plus à quoi s’en tenir. Et s’ils partent, vous-mêmes, vous connaissez le reste », a lancé l’honorable Issaka Sidibé en Bambara à l’endroit des membres militants, sympathisants, délégués du RPM.
Avant d’inviter les uns et les autres à aimer le Mali. « Les gens doivent comprendre qu’il est important d’aimer son pays. En tout cas, j’aime mon pays. Et on doit laisser ou abandonner tout ce qui peut amener le pays vers l’abîme. Parce qu’en cas de problème, personne n’échappera aux conséquences. Les députés ne sont pas là pour eux-mêmes mais pour le Mali. Si l’Etat nous dit de quitter aujourd’hui l’Assemblée, nous partirons. Encore une fois, nous ne sommes pas à l’Assemblée pour nous-mêmes mais pour le Mali. A la date du 30 juin, s’il n’y a pas de députés à l’Assemblée et que rien n’est fait, s’en est fini », a-t-il insisté.
Réviser la Constitution pour avoir une Cour des comptes
Selon le président de l’Assemblée nationale du Mali, la révision constitutionnelle s’impose comme une obligation ne serait- ce que pour la mise en place de la Cour des comptes. A l’en croire, la Cour des comptes existe dans les huit pays de l’espace Uemoa (Union économique monétaire ouest africaine) sauf le Mali.
Il a fait savoir que la création de la Cour des comptes est une obligation pour pouvoir bénéficier certains financements. « Même si c’est à cause de la création de la Cour des comptes, la révision constitutionnelle est nécessaire. Tous les accords que vous voyez ne peuvent pas être bien appliqués sans la révision constitutionnelle. Et pour éviter le vote (referendum) à chaque révision constitutionnelle, il est bien de mettre en place une constitution qui peut être modifiée sans le vote (referendum). Et c’est ce qui en est cours d’élaboration. Ce n’est pas une tâche facile. Car la Constitution est un instrument qu’on ne peut pas changer chaque jour. Les précédentes tentatives de révision constitutionnelles ont échoué. Si on arrive à réviser la constitution, c’est notre chance », a-t-il dit. Enfin, il a invité les membres du parti RPM à se rassembler pour hisser le pays plus haut.
Aguibou Sogodogo