Couvrant un tiers de la surface terrestre de notre planète, les forêts sont nécessaires au sens philosophique du terme, et incontournables dans la régulation de la vie d’1,6 milliard d’êtres humains.
Au-delà de la nécessité vitale, les forêts nous inspirent pour la création. « Elles sont aussi au cœur de notre imagination et de notre identité. Bouddha vécut dans la forêt. Martin Buber parlait de la rencontre de l’arbre comme d’un « tu » vivant. Pour Pablo Neruda, sa poésie était née de la forêt. Notre relation avec les forêts est fondamentale, essentielle et primordiale », selon la Directrice générale de l’UNESCO. Pourtant les forêts sont partout en péril. « La déforestation, en particulier, est une menace croissante. Nous devons faire plus pour protéger les forêts de multiples dangers, extraction non durable de ressources, fragmentation des habitats, introduction d’espèces non indigènes, et déplacement des communautés locales ».
Qui mieux que les habitants au sud du Sahara doivent percevoir ce message et l’apprécier à sa juste portée ? Particulièrement, à qui mieux que nous Maliens ce message s’adresse ? Dans notre pays, la déforestation a atteint 500 000 ha par an. Nous devons être sûrs de faire plus pour le reboisement et la sauvegarde de cette richesse. La campagne de reboisement est une réalité qui nous interpelle tous. Mais l’Etat malien doit encore faire mieux pour aider dans l’entretien de ces arbres plantés un peu partout au Mali. Mais l’Etat malien s’implique-t-il suffisamment auprès des populations dans l’entretien des arbres ?
C’est bien de fournir des plants, mais aussi faut-il que le suivi prenne en compte une assistance technique pour l’entretien des arbres. En aidant par exemple à la mise en place de partenariat entre planteurs et responsables de sociétés comme l’office du Niger pourvoyeur d’eau dans certaines zones dans la région de Ségou. Autant de pistes pour faire des campagnes de reboisement une réussite à plus de 80 %.
Avec ses partenaires des Nations Unies, l’UNESCO s’attache à protéger les écosystèmes forestiers dans les trois plus grandes régions mondiales de forêt tropicale humide – en Amazonie, dans le bassin du Congo et en Asie du Sud-Est, selon la Directrice générale.
« Notre Convention du patrimoine mondial contribue à la protection, dans le monde, des forêts de « valeur universelle exceptionnelle ». Le souci des forêts est au cœur même de nos contributions à la Convention sur la biodiversité et à la Convention sur le climat, et de la préparation de la Conférence 2012 des Nations Unies sur le développement durable », affirme-t-elle.
« Nous avons entamé un inventaire d’instruments éthiques pour la biodiversité et le changement climatique. Nous travaillons à protéger la biodiversité contre la biopiraterie. Nous soutenons l’éducation aux principes de l’éthique environnementale et la préservation des savoirs indigènes. En République démocratique du Congo, notre École régionale postuniversitaire d’aménagement et de gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux s’applique à former une nouvelle génération de scientifiques forestiers et de politiques africains. Ce modèle est une réussite et devrait être transposé dans d’autres parties du monde », poursuit-elle.
Le poète Charles Baudelaire a écrit : « La nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles. L’homme y passe à travers des forêts de symboles, qui l’observent avec des regards familiers ». La forêt, c’est le monde. Durant cette Année internationale des forêts 2011, et après, nous devons faire tout notre possible pour les protéger. Tel est le conseil de Mme Irina Bokova qui ne doit pas tomber dans les oreilles de sourds.
Boukary Daou
Le Républicain 06/06/2011