Photo d’une manifestation contre la corruption et le gouvernement régional du Kurdistan irakien, le 18 décembre 2017 à Souleimaniyeh / © AFP / SHWAN MOHAMMED
De nouvelles manifestations ont eu lieu mardi matin au Kurdistan irakien, notamment dans la province de Souleimaniyeh, pour protester contre la corruption et exiger la démission du gouvernement régional, au lendemain de violents incidents.
Dans la ville même de Souleimaniyeh, les forces de sécurité ont tiré en l’air quand les manifestants se sont dirigés vers la place du Sérail, a constaté un correspondant de l’AFP.
« Ce matin, les forces de sécurité ont encerclé les manifestants qui se rassemblaient au centre de Souleimaniyeh puis ont tiré en l’air pour les disperser », a raconté à l’AFP Nazar Mohammmad, un militant à l’initiative des manifestations.
Ces forces de sécurité ont établi des barrages sur les axes principaux et près des sièges des partis politiques.
Des manifestations ont également eu lieu à Rania et Kifri, dans la province de Souleimaniyeh, ainsi qu’à Halabja et Koysinjaq, dans celle d’Erbil.
A Koysinjaq, les manifestants ont, selon des témoins, mis le feu au bureau du maire ainsi qu’au siège du Parti démocratique du Kurdistan (PDK de Massoud Barzani). A Kifri, des centaines de manifestants ont pris le contrôle du siège du même parti après avoir jeté des pierres sur le bâtiment.
« Vous êtes des incapables. Incapables de défendre les régions disputées et incapable d’administrer la région du Kurdistan », a déclaré un des manifestants.
A Halabja, des centaines de manifestants sont allés jusqu’au siège du parti de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK fondée par Jalal Talabani) et ont affronté les membres des forces des sécurité.
Exaspérés par la détérioration de la situation économique après le référendum d’indépendance du 25 septembre initié par l’ancien président régional Massoud Barzani, les protestataires avaient incendié la veille les permanences du PDK, de l’UPK, du parti Goran, de l’Union islamique et du Groupe islamique à Piramagroun, à 30 km de Souleimaniyeh.
Massoud Barzani avait organisé ce référendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien le 25 septembre malgré la ferme opposition du pouvoir central.
Le « oui » à l’indépendance l’avait largement emporté, mais Bagdad n’a jamais reconnu ce résultat ni le scrutin lui-même.
Après le référendum, les forces gouvernementales ont fait mouvement en direction du Kurdistan irakien et se sont emparées de territoires que Bagdad et Erbil se disputaient, notamment la riche province pétrolière de Kirkouk, portant un coup sévère aux rêves d’indépendance économique des Kurdes d’Irak.
Le Kurdistan irakien connaissait déjà une situation économique difficile avant le référendum en raison de la baisse des cours du pétrole, sa principale ressource.
(©AFP / 19 décembre 2017 10h24)