Malgré des initiatives politiques comme la mise en place du Programme
national d’investissement dans le secteur agricole (PNISA/2015-2025),
l’Agriculture souffre au Mali de soutien politique et financier à la hauteur du
potentiel existant et de l’ambition exprimée dans les discours politiques. Le
PNISA est un document sectoriel du Mali à portée nationale qui a pour objectif
principal de faire du secteur rural le moteur de l’économie nationale, assurant
la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations urbaines et rurales et
générant des emplois et des revenus significatifs dans une logique de
développement durable.
Il a été doté d’un Programme détaillé de développement de l’agriculture
africaine (PDDAA) axé sur la promotion de cinq chaînes de valeur prioritaires
que sont le riz, le maïs, le millet et sorgho, les pêches en eau douce et les
produits de l’élevage. Le PNISA est structuré autour des axes stratégiques
comme, entre autres, le renforcement des capacités des acteurs (publics,
privés et organisations de la société civile participant à des activités de
développement agricole) ; les investissements, notamment dans des systèmes
fonciers plus sûrs, la gestion des ressources naturelles, l’irrigation et des
systèmes de gestion des eaux ; les mesures visant à promouvoir la production
et la compétitivité des secteurs agro-silvo-pastoraux et halieutiques ; la
formation et la recherche à l’appui aux systèmes de production ; l’amélioration
de la protection sociale pour répondre au problème de l’insécurité alimentaire
et de la nutrition.
Il faut rappeler que le Mali consacre officiellement près de 15 % de son budget
au développement agricole et rural. Et en plus des fonds publics, d’importants
flux financiers sont mobilisés par les différents acteurs du secteur agricole.
Mais, malgré le vaste potentiel agricole dont dispose le Mali et le volume de
financement dédié à l’agriculture, la faim et la malnutrition persistent dans
notre pays où, dans les centres urbains, manger à sa faim est une équation de
plus en plus difficile à résoudre.
A quoi servent alors tant d’investissements ? Quels sont les goulots
d’étranglement ? Comment judicieusement investir dans l’agriculture pour que
ce secteur soit le tremplin de l’émergence socio-économique du pays ? Des
réponses à ces questions dépendent la concrétisation du rêve de faire du Mali
une puissance agricole, autosuffisante et exportatrice de produits agricoles
transformés.Des contraintes à lever pour consolider les acquis et optimiser les
perspectives
Selon une étude défendue par des chercheurs maliens, il y a quelques
années, il faut lever certaines contraintes majeures pour booster le secteur
agricole au Mali. Ils ont par exemple recommandé d’investir dans les
programmes de formation des techniciens de mécanisation. Ce qui peut se
faire grâce à un dynamique partenariat public-privé. En effet, l’Etat en
collaboration avec le secteur privé peut s’investir dans la formation des jeunes
dans les centres d’apprentissage et de formation ruraux.
Ces formations aideront à créer un pool de jeunes qui seront de bons
mécaniciens sachant utiliser et maintenir les différents équipements, y compris
des équipements motorisés. Ces programmes de formation peuvent être aussi
couplés à une composante «crédit» pour permettre aux jeunes sortants de
s’installer à leur propre compte comme mécaniciens dans les zones où il y a
une demande solvable pour leurs services.
La seconde recommandation porte sur le développement des modèles
innovants de crédit à moyen terme avec les experts de la finance agricole
(comme les baux d’équipements), de vulgarisation et de recherche pour
permettre un meilleur accès aux équipements. Nos chercheurs ont aussi
recommandé le développement des services de prestation de services de
mécanisation rentables (custom hier services en anglais) qui offriront un accès
aux services de mécanisation (le labour par exemple) pour ceux qui n’ont pas
les moyens d’acheter des équipements pour eux-mêmes et où la disponibilité
de la terre est un facteur limitant.
Renforcer l’appui aux services vétérinaires (privés et publics) dans les zones
où la culture attelée est importante, couplé à un programme de
conditionnement (complémentation alimentaire) des animaux de trait pour
l’accès aux aliments bétail avant le début de la période de labour ; promouvoir
des programmes de vulgarisation (privé publique) afin de mieux rentabiliser le
parc des tracteurs sont aussi, entre autres recommandations formulées dans
leur étude.
Pour le rentabiliser, le parc des tracteurs peut être utilisé pour des activités
autres que le labour et le transport. Par exemple aux Etats Unis dans la
période de «l’essor des tracteurs», rappelle-t-on, les producteurs ont tiré profit
de la force du tracteur («Power take off shift» en anglais) pour tourner
beaucoup d’équipements, y compris les groupes électrogènes, comme le Mali
l’a connu avec des plateformes multifonctionnelles
Moussa BOLLY
source:diasporaction.fr